Tunisie : "J’ai choisi la voie la plus facile pour accélérer le processus" (Habib Essid)

Publié le Jeudi 21 Juillet 2016 à 13:34
Habib EssidLe chef du gouvernement, Habib Essid, a déclaré hier, mercredi 20 juillet, avoir choisi "la voie la plus facile," en se rendant au parlement pour demander de nouveau la confiance à son gouvernement, de manière à accélérer le processus pour qu’un nouveau gouvernement arrive et commence à travailler.

Il a indiqué dans une interview à la chaîne Atassia, que le gouvernement pourrait partir selon quatre hypothèses : La première est la démission, la deuxième est d’aller devant l’Assemblée pour demander de nouveau la confiance, la troisième, une motion de censure et la quatrième est celle où le président demande au parlement de revoir la confiance dans le gouvernement.

Habib Essid a opposé une fin de non-recevoir à toute demande de démission, faisant part des pressions qu’il avait subies à ce sujet. "Certaines personnes dans l’entourage du président de la république m’ont demandé de démissionner, et on te fera sortir par la grande porte. D’autres m’ont dit : "Si tu ne démissionnes pas, on te malmènera"كان ما تستقيلش نمرمدوك ", a-t-il révélé, ajoutant que ces menaces ont émané d’"intermédiaires", et non de la présidence ou des partis. "Ces personnes ont pensé que j’allais avoir peur, mais j’ai la conscience tranquille, et je n’ai pas de quoi avoir peur".

Il a exclu que le président lui ait demandé de démissionner. "Le président ne m’a jamais dit que l’intérêt du pays exige que tu démissionnes, et à mon tour, je lui ai dit que je ne démissionnerai pas".

Essid a imputé les problèmes rencontrés par la coalition au fait qu’on n'était pas habitué à la démocratie, estimant que ses ministres sont en train de faire "un travail colossal", à l’instar du ministre des Finances (Ndlr : Slim Chaker) qui est en train de préparer le projet du budget de 2017, ou le ministre du Développement et de la coopération internationale (Yassine Brahim) qui planche sur le code des investissements, afin qu’il soit adopté par l’Assemblée.

Interrogé sur le fait de voir les ministres de son gouvernement, à l’instar de ceux cités ci-dessus, reconduits dans le prochain cabinet, il a rétorqué que ces ministres font la politique. Ils sont venus au gouvernement car ils ont fait la politique et par la voie politique et y retourneront par la même voie.

Sur ses rapports avec Ridha Belhaj, dirigeant de Nidaa et ancien chef du cabinet présidentiel, il a souligné avoir connu Belhaj en 2011 et avoir travaillé ensemble dans le cabinet de l’actuel président de la république (alors Premier ministre). Il a dit entretenir une bonne relation avec Belhaj, qui s’est développée lorsqu’il est devenu chef du cabinet présidentiel.

La famille du président n'a pas été mise sur écoute
Il a exclu que les services sécuritaires aient mis la famille du président de la république sur écoute, signalant que les écoutes se faisaient désormais conformément à la loi.

Essid a encore indiqué que les attaques terroristes ont constitué les périodes les plus difficiles de son règne, dont celle de Sousse, ainsi que celles du Bardo et d’Habib Bourguiba, contre un bus de la garde présidentielle. 

Le chef du gouvernement s’est dit prêt "à mettre sa modeste expérience à la disposition de son successeur, quel qu’il soit, ce qui importe c’est l’intérêt du pays", a-t-il dit, affirmant que "la situation est difficile, très difficile".

Il a ajouté que son gouvernement se prévaut de réalisations importantes dans de nombreux domaines, notamment celui sécuritaire, où malgré les attaques et les dangers, la position du pays dans une région trouble, et sa proximité avec la Libye, la Tunisie est parvenue à des résultats positifs. "Il y a un grand travail à faire et les dangers persistent", a-t-il indiqué.

Il par ailleurs évoqué les secteurs vitaux qui interviennent grandement dans le développement de notre pays, notamment le phosphate et le tourisme. "Les dernières frappes ont eu des répercussions très négatives sur le tourisme. Quant au phosphate, il n’a pas reculé cette année ou l’année dernière. Le plus grand coup qu’il a subi remontait à 2011. En 2010, on produisait 8 millions de tonnes, on a chuté à 2,5 millions de tonnes en 2011", a-t-il indiqué, signalant que les gouvernements qui se sont succédé ont fait de leur mieux pour remédier à la situation.

Essid a dit connaitre parfaitement les spécificités du secteur du phosphate pour avoir vécu neuf ans entre Gafsa et Tozeur. "La solution n’est pas sécuritaire, et ne réside pas dans l’usage de la force, il y a bien d’autres solutions, comme le dialogue, a-t-il indiqué.  

Tout en affirmant qu’il reste à la disposition de son pays, et qu’il répondra à l’appel du devoir tant que sa santé le lui permet, il a dit ne pas penser à son avenir politique. "Lorsque j’ai quitté le gouvernement en 2002, je n’ai jamais pensé à mon avenir politique et je suis retourné à mon travail initial. Idem en 2011, lorsque j’ai quitté le ministère de l’intérieur".

Habib Essid s’est voulu optimiste quant au devenir du pays. "Malgré les problèmes, je demeure optimiste. Nous avons le génie tunisien, et trois mille ans d’histoire, qui ont fait qu’a chaque fois qu’on a un problème, on arrive à s’en sortir". 

Gnet

 

Commentaires 

 
+4 #1 j'aurais eu un meilleur bilan
Ecrit par Royaliste     22-07-2016 10:58
un gouvernement incapable d'appliquer le code de la route ne pourra pas réduire l'inflation et le terrorisme

un gouvernement nommé par les mafias pour servir leurs interets au dépend de ceux de la nation et des citoyens
 
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