Tunisie : Issam Chebbi dévoile les résultats du dialogue de Dar Edhiafa

Publié le Mardi 14 Mai 2013 à 17:12
Issam Chebbi, porte-parole d'Al JoumhouriDans le cadre du dialogue national qui s’est poursuivi, hier, à Carthage et qui a réuni les partis de la Troika, Al Joumhouri, l’alliance démocratique, Al Amen et l’Initiative, ces derniers ont trouvé un terrain d’entente sur un nombre de sujets : « En ce qui concerne le régime politique , il y a eu consensus autour d’un régime semi-présidentiel où les pouvoirs seront partagés entre le chef du gouvernement et le président de la république », a déclaré Issam Chebbi, lors d’une conférence de presse organisée ce matin par Al Joumhouri. 

Le Chef de l’Etat décidera donc de la politique de Défense, des relations extérieures et de la sécurité nationale. Il désignera les hauts fonctionnaires du corps de l’armée et des missions diplomatiques, et il proposera ses nominations à une commission parlementaire spécialisée.  « Le chef du gouvernement, qui sera aussi président du conseil des ministres, devra en définir l'ordre du jour, et en, convoquera la tenue. Le chef de l’Etat présidera quant à lui le conseil des ministres quant il est question de sécurité nationale", a ajouté Issam Chebbi.

Il a déclaré par ailleurs que ce consensus, s’il est adopté lors du congrès national du dialogue  de l’UGTT, contribuera à l’accélération de l’achèvement de l’élaboration de la constitution, puisqu’il a longtemps été un point de discorde entre les partis politiques.

Concernant les autres points en suspens, notamment le préambule de la constitution et le chapitre des droits et libertés, il a été convenu «d’ôter toutes les barrières », a dit Chebbi. Dans le préambule, il a été décidé de remplacer « sur la base des constantes de l’Islam » par « sur la base des préceptes de l’islam et ses finalités, caractérisés par l’ouverture et la modération, et sur les valeurs humaines et les principes valeureux des droits de l’Homme »…en ce qui concerne l’article 5 de l’actuelle mouture de la constitution qui stipule que l’Etat parraine la religion et protège les lieux de culte, et garantit la liberté de culte et de conscience : «  On s’est mis d’accord pour que cet article cite clairement la liberté de culte et de conscience, et que l’Etat protège les lieux de culte contre l’instrumentalisation politique », a expliqué Issam Chebbi.

Par ailleurs, le droit syndical et le droit à la grève seront garantis sans entraves dans la nouvelle version de la constitution. Un article sera également ajouté dans le projet de constitution, accordant à l’opposition la présidence de la commission financière du prochain parlement, tel qu’il est d’usage dans les plus grandes démocraties. Un autre article sera aussi ajouté à la constitution, stipulant  que la loi garantit l’exercice des droits et libertés cités dans la constitution, sans qu’ils ne soient altérés, et que la justice veille à leur protection de toute violation.

Selon Issam Chebbi, d’autres points de discorde sont encore en suspens et font l’objet de longues discussions. Parmi eux, l’article 136 de la mouture de la constitution qui traite des amendements constitutionnels. L’Article indique que ces amendements ne peuvent toucher à certains points comme la religion de l’Etat, la langue arabe comme étant la langue du pays, le régime républicain, et les droits et libertés : « Les partis de l’opposition ont proposé que cet article soit raccourci, pour qu’il n’y ait aucune interprétation future de ses détails…Nous avons proposé que l’article dise qu’il n’est pas autorisé d’amender les articles 1 et 2 de la constitution et aussi les droits et libertés citées. Mais le mouvement Ennahdha tient à ce que l’on garde l’actuelle version », a dit le porte-parole d’Al Joumhouri.

L’autre point de discorde demeure la composition du Conseil Supérieur de Magistrature et du procédé de nomination de sa composition. La question sera débattue au sein de l’Assemblée constituante mais aussi lors du congrès du dialogue initié par l’UGTT.

Le dialogue national d’hier qui s'est achevé tard le soir à Dar Dhiaffa, a porté aussi sur la loi électorale. « Le but est que cette loi soit juste et pluraliste…Nous nous sommes mis d’accord pour conserver le même procédé que les précédentes élections à savoir la proportionnelle au plus fort reste…tout en débattant au sein de l’ANC pour mettre fin à la dispersion des listes électorales », a dit Issam Chebbi, ajoutant que tous les partis sont unanimes, pour que les élections soient tenues avant la fin de l’année en cours.

«Sans que l’on sache encore si les présidentielles et législatives auront lieu au même moment », a précisé le porte parole d’Al Jomhouri.

Interrogé au sujet de la loi de la fortification de la révolution, Issam Chebbi a déclaré que son parti est l’unique parti à avoir gardé la même position à ce sujet, à savoir le refus d’exclure quiconque de la vie politique, arguant que seule la justice y est habilitée.

Chiraz Kefi