Tunisie/ Immigration : Le gouvernement appelé à clarifier sa politique

Publié le Samedi 19 Décembre 2015 à 11:15
Vue du colloque
A l'occasion de la journée internationale des migrants célébrée le 18 Décembre, le Forum Tunisien des Droits Economiques et Sociaux (FTDES) et la fondation Rosa Luxemburg ont organisé, ce vendredi à l’Hôtel Majestic à Tunis, un colloque international sur le thème : L'immigration et les enjeux politiques dans le bassin central de la Méditerranée. Mot d’ordre : Contribuer à la construction d’une politique d’immigration juste, respectant les droits de l’homme.

Les récentes vagues d’immigration via la Turquie et les derniers attentats de Paris ont augmenté les appels à modifier les politiques européennes d’immigration vers davantage de fermeture et de fermeté avec les migrants, ce qui donne aux organisations de la société civile une double responsabilité, dans la défense de la liberté de circulation et le respect des traités internationaux des droits de l’homme.  D’où la tenue de ce colloque qui a analysé les changements politiques en cours en Méditerranée, politiquement, économiquement et socialement, et leurs impacts dans les politiques migratoires européennes.

La Méditerranee un cimetière marin
Les participants à ce colloque; des experts et organisations de la société civile, estiment que l’Europe est responsable de la tragédie des migrants, l’accusant d’avoir transformé la Méditerranée en "un cimetière".

"Au moins 3500 migrants sur 4500 (la totale des migrants clandestins morts dans toutes les mers du monde) ont perdu la vie dans la Méditerranée, qui devient un grand cimetière marin", dixit, Messaoud Romdhani, membre du Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux, ajoutant que "plus de 500 immigrés clandestins tunisiens sont portés disparus entre fin 2010 et fin 2012".

Il trouve inacceptable que l'Europe refuse d'accueillir les réfugiés, précisant que malgré toutes les mesures adoptées et les murs érigés pour endiguer les flux de migrants, l’Europe ne pourra jamais empêcher ces gens de venir. Au contraire, a-t-il poursuivi, "cette immigration va augmenter de plus en plus, et les gouvernements européens assumeront leurs responsabilités envers ces gens qui meurent en pleine mer ".
 
Pour lui, l’immigration ne représente pas un risque pour l’Europe : "Par exemple, les réfugiés syriens ne représentent que 0.05% de la population européenne. C’est négligeable, leur acceptation est donc une tache facile, tous ces instruments utilisés pour les opérations de défense sont inutiles", a-t-il jugé.  
 
Evoquant le cas de la Libye, Marwen Tachani, de l’association libyenne des magistrats, a indiqué à Gnet que la situation était devenue très critique dans ce pays: "Il y a un énorme flux de bateaux qui partent illégalement vers l'Europe avec seulement 20% de chance de s'en sortir vivant. En l’absence d’une loi européenne claire, seule la société civile est en mesure d'imposer le respect des droits de l’homme, notamment le droit de circulation".
 
 "L’Europe devrait comprendre tous ces gens qui fuient leur pays. L'immigration est bien souvent un sacrifice, elle n’est jamais volontaire, contrairement à ce que pensent les pays européens", indique Alima Boumedine Thiery, ancienne parlementaire européenne, soulignant que l’immigration est aussi une chance : "Si la population européenne continue à croitre, c’est grâce aux migrants", a-t-elle ajouté.  
 
La politique tunisienne pointée du doigt ? 
Kassem Afeya, Secrétaire Général de l’UGTT, dénonce l'instabilité des pays du Sud. Il déplore le manque de solutions au problème de l'emploi, qui serait la principale cause du départ massif des jeunes vers l'Europe.
 
De son côté, Belhassen Hamdoun, de Rosa Luxembourg, déclare qu’il n’existe aucune loi en Tunisie qui protège ces migrants : "La situation économique et sociale ne leur permet pas déjà de rester en Tunisie, nous les exportons dans le Nord ou dans le Moyen-Orient". Il a évoqué, dans ce sens, la situation des réfugiés de Choucha en Tunisie : "des conditions inhumaines, et de mauvaises pratiques, prouvant que la Tunisie n’a pas pris ses responsabilités et n’a pas usé des tous ses pouvoirs pour parvenir à une solution satisfaisante".

"Depuis la chute du régime de Kadhafi, les Libyens s’enfuient vers la Tunisie, l'Egypte et la Jordanie, à la recherche d'une certaine stabilité politique et sécuritaire. Ils espéraient aussi éduquer leurs enfants, et pourtant en Tunisie on compte seulement 4 écoles libyennes", déplore Marwen Tachani. Et d’ajouter : "La Tunisie n'a rien fait pour améliorer la situation des réfugiés libyens. Aucune convention n’a été conclue à cet effet, sans oublier la passivité des autorités libyennes qui n’essayaient  pas de trouver un terrain d’entente avec la Tunisie".
 
C’est pour cette raison que les participants de ce colloque exhortent le gouvernement tunisien à éclaircir sa politique en termes d’immigration et à réviser à cet effet les lois. Ils ont également appelé les autorités à leur fournir des chiffres et établir un état de lieux.

C.B.
 
 

Commentaires 

 
#1 Hors jeu
Ecrit par Royaliste     20-12-2015 16:40
ce gouvernement ne semble avoir AUCUNE politique, il navigue a vue d'oeil et au bon vouloir des alliances politique.

Ce gouvernement trés faible, aussi nul en communication qu'action ne doit sa survie qu'a la bénédiction des vieux loups de la politique.

certes le contexte est extemenet délicat mais Mr Essid n'a claierement aucun pouvoir ni vouloir de faire bouger les choses.... la preuve, la Tunisie n'a pas de ministre de la justice depuis Octobre
 
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