Tunisie : Ils veulent tous être "maitre de Carthage", mais pour quoi faire ?

Publié le Mercredi 02 Juillet 2014 à 13:15
Le futur président doit mettre la Tunisie sur une trajectoire de réforme. Les candidats se bousculent au portillon. Ils veulent tous être hissés au pinacle présidentiel. Un engouement qui ne se dément pas de jour en jour, au regard d’une liste des présidentiables qui s’allonge, où les leaders des partis politiques côtoient les indépendants. La compétition s’annonce âpre, notamment au premier tour. L’appel au consensus du mouvement islamiste ne semble pas avoir des chances d’aboutir, au vu des réticences, voire du rejet exprimé à son sujet. Les arrangements électoraux restent fort envisageables au deuxième tour, où la carte présidentielle sera utilisée pour un meilleur positionnement au sein du parlement.

La prochaine présidentielle constituera certes un tournant dans l’histoire de la Tunisie contemporaine. C’est pour la première fois, que les Tunisiens vont choisir leur futur président au suffrage universel direct, dans des élections censées être libres, démocratiques et au dessus de tout soupçon. Cela ne s’est jamais produit, ni sous Bourguiba, réélu d’office depuis son accession à la tête de la Tunisie indépendante, avec la proclamation de la République le 25 juillet 1957, et dont le règne s’est perpétué jusqu’à 1987 à travers l’instauration en 1975 de la présidence à vie, ni sous Ben Ali reconduit, 23 ans durant, lors de simulacres de scrutins.

La présidentielle du 23 novembre 2014 marquera une totale rupture avec le passé, d’autant plus qu’elle sera organisée sous la nouvelle constitution, posant un nouveau jalon sur la voie de l’avènement de la deuxième république. Les candidats en lice auront chacun son style, ses projets et ses promesses pour convaincre les électeurs. Les candidats les plus en vue, les ténors de la scène politique, ont pour la plupart une stature nationale et internationale, sont peu ou prou charismatiques, et se prévalent de qualités de tribun, indispensables pour toute personnalité aspirant occuper une responsabilité au sommet de l’Etat.

Que proposeront-ils aux Tunisiens ? La même chose ou presque, moyennant des différences au niveau des approches et des projets. Autrement dit, l’objectif poursuivi par les candidats, dont ils s’efforceront de persuader les Tunisiens de l’opportunité et du caractère impératif, est le même, le moyen d’y parvenir est en revanche différent, selon les orientations idéologiques et politiques de chacun.

Les postulants à la magistrature suprême vont s’engager devant les électeurs à œuvrer pour la concrétisation des objectifs de la révolution en termes de lutte contre le chômage, d’éradication de la pauvreté et de la misère, de réduction des disparités entre les régions, d’instauration de la justice sociale et de l’égalité des chances…et feront des propositions concrètes sur la manière dont ils comptent traduire dans les faits leur programme électoral.

Tout cela est bien beau, mais la situation en Tunisie ne requiert-elle pas, dans l’urgence, les mêmes solutions, indépendamment du candidat qui tiendra les rênes de Carthage.

Le prochain quinquennat doit être placé sous le signe de la réforme et de l’action, si l’on veut éviter que les problèmes n’empirent davantage et que la situation n’implose. Tout doit être revu et corrigé. Tous les secteurs sont minés par les dysfonctionnements, les anachronismes et la mauvaise gestion, face à un Etat impuissant, paralysé par une disette financière, et qui n’a fait depuis la révolution que colmater les brèches et faire des réformettes, sans réel impact.

La nouvelle classe dirigeante d’après les élections est attendue sur plusieurs fronts : l’éducation, l’enseignement, la formation professionnelle, la santé…Elle doit revoir le modèle économique qui n’a produit qu’inégalités et marasme, en bornant une économie intrinsèquement riche et diversifiée, à deux ou trois secteurs aléatoires. Elle doit œuvrer à s’affranchir de l’emprise des bailleurs de fonds à l’instar du FMI et de la banque mondiale…qui auront toujours voix au chapitre après les élections, tant que la Tunisie reste tributaire de leur soutien financier, et tant qu’elle ne réduise pas son taux d’endettement, ou du moins ne réaffecte sa dette vers les secteurs de production, et non de consommation, comme c’est le cas aujourd’hui.

Mise à part l’émotion qui va marquer le scrutin, censé doter la Tunisie du Premier président élu démocratiquement par le peuple souverain, notre vœu collectif est que l’heureux élu parvienne à rasséréner le pays, à favoriser la concorde nationale, et à faire la paix avec la majorité parlementaire, quelle qu’en soit la couleur, pour mettre le pays sur la trajectoire de la reconstruction et lui éviter les pires scénarios, analogues à ceux survenus ailleurs.
H.J.


 

Commentaires 

 
#4 Bonne question :-)
Ecrit par Batman     05-07-2014 02:24
Bonne question :lol:
 
 
#3 C'est une histoire de ouilles
Ecrit par Léon     02-07-2014 23:24
En effet, ils convoitent tous Carthage. La raison est bien simple:
- C'est pour superviser les fouilles,
- en mangeant de la crevette avec des nouilles,
- en oubliant les factures des lampes à douilles,
- (...)
- Alors que le peuple souffre, Ouille ouille ouille!
- jusqu'à ce que le pays rouille,
- et qu'une vraie révolution leur foute la trouille.
Léon.
 
 
+2 #2 Place ? ou rôle ?
Ecrit par Tounsi     02-07-2014 22:57
Les candidats se bousculent au portillon. Ils veulent tous être hissés au pinacle présidentiel.
Si c'est pour résoudre les problèmes. Merci au candidats et si c'est pour dépenser plus, on est déjà sous conditions crédits.
Espérant qui va prendre la responsabilité soit conscient de nos conditions.
Bon courage a celui qui sera élu, la route n'est pas facile.
 
 
+6 #1 une arnaque cette election
Ecrit par riri     02-07-2014 13:42
La campagne présidnetielle va être ridicule pour une raison claire : tous les candidats vont faire des promesses d'ordre économique ou sociale (l'emploi, les salaires, etc etc).
Or, le futur présidnet n'aura aucun pouvoir dans ces domaine, ce sera le premier ministre.
Donc les electeurs vont au devant de grosses désilusion.
 
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