Tunisie : Hantés par le chômage, les jeunes désertent la vie politique

Publié le Vendredi 12 Décembre 2014 à 17:36
Vue de la conférenceLe pôle civil pour le Développement et les droits de l’Homme a organisé aujourd’hui une conférence sur les moyens de renforcer la participation des jeunes à la vie politique.
Représentants de la société civile, spécialistes en sciences sociales, et responsables gouvernementaux sont revenus surtout sur les raisons d’un manque d’engagement des jeunes dans la vie politique.

Ibrahim Amri, chercheur en sciences politiques, a parlé de la place des jeunes dans la nouvelle constitution et à quel point il serait possible de concrétiser la législation en rapport avec les jeunes.

« La Jeunesse est un genre, au même titre que les séniors, et les femmes. La constitution stipule que les jeunes sont une force active dans la construction de la patrie. C'est-à-dire une force positive. Mais sur le terrain, l’application est totalement différente de ce qu’énonce le texte législatif. Il y a un hiatus entre les jeunes qui représentent la force vive de la société, et les personnes âgées qui sont dans les postes clés de l’Etat. Ce qu’il faudrait, c’est préciser un taux de participation minimum des jeunes dans les postes clés, comme cela a été le cas  pour les femmes lors des élections», a-t-il indiqué.

Il a regretté, que les textes ne correspondent pas à la réalité, « notamment lorsqu’on voit la défection des jeunes lors des élections précédentes », a-t-il précisé, déplorant leur faible participation dans la vie politique, et les appelant à se mobiliser davantage afin de se familiariser avec l’activisme et le travail de terrain.
« Si nos politiciens d’aujourd’hui font des erreurs à répétition, c’est aussi parce qu’ils n’ont pas été habitués au travail politique depuis leur jeune âge », a-t-il dit.

Il a évoqué également les obligations des jeunes, « qui doivent se montrer sociables et non reclus. Ils doivent participer et aller vers les activités politiques, car s’ils ne s’exercent pas à un âge jeune, quand est-ce qu’il le feront ! » s’est-t-il exclamé. Le jour où un jeune reprendra le flambeau, il faut qu’il y soit habitué, qu’il soit au courant des problèmes socio-économiques et des défis qu’ils imposent », a-t-il dit.

La constitution qui représente la loi suprême du pays, devran selon Ibrahim Amri, imposer l’adoption de lois favorables aux jeunes.
Mayssa Hamidi, chercheuse en sciences sociales, est revenue sur l’intérêt de la participation à la chose publique : « La participation est importante du moment qu’elle implique les jeunes dans la prise de décisions qui les concernent en premier lieu, et leur permet de proposer des solutions qui conviennent le mieux à leurs problèmes. Leur participation à la vie politique leur permet de partager leurs expériences respectives, leurs définitions, et leurs cultures. Les jeunes s’exercent au travail de groupe, et gagnent en maturité et en expérience », a-t-elle dit.

Si les jeunes évitent ou ne s’intéressent pas à la vie politique, c’est dû, selon la sociologue, au système éducatif qui n’inculque pas ce genre de valeurs à l’école. 
« D’autre part, ce sont le souci d’entrer dans la vie active et les besoins économiques qui animent les jeunes dès qu’ils quittent l’enseignement. Mais aussi le manque de couverture médiatique des activités politiques qui concernent les jeunes, favorise aussi leur défection. Les jeunes préfèrent généralement aller vers les activités sociales, plutôt que vers la politique », a expliqué la sociologue.

Fawzi ben Helal, cadre du ministère de la Jeunesse et des Sports, estime pour sa part que la Tunisie d’après la révolution serait en train de donner plus de chance aux jeunes en les faisant participer à la prise de décisions. « La jeunesse doit avoir confiance en ses institutions sociales. Il est important que les jeunes aient accès à l’information. Par ailleurs, il faut un partenariat concret entre les jeunes et toutes les composantes de la société civile et les institutions étatiques », a-t-il dit.

Les jeunes sont confrontés, d’après lui à un nombre d’obstacle les empêchant de faire de la politique. Le premier souci est d’ordre économique :
«Les chiffres révèlent un nombre important de jeunes qui interrompent leur études ou leur formation par manque de moyens ou pour chercher du travail. Il faut lutter contre le chômage et donner aux jeunes l’opportunité de travailler, pour leur garantir la dignité…Il faut aussi revoir les programmes scolaires, car la culture du travail et du militantisme devrait être transmise au sein de l’école », a-t-il terminé.
Chiraz Kefi

 

Commentaires 

 
+2 #1 RE: Tunisie : Hantés par le chômage, les jeunes désertent la vie politique
Ecrit par Royaliste     13-12-2014 10:03
que font-ils pour se préparer contre le chômage?

Mme kefi, s'il vous plait, en 2015, contactez 3 responsables de RH dans des secteurs différents et assistez a des entrevus ... vous allez comprendre.
 
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