Tunisie : Gracier des hommes d’affaires fautifs est envisageable (Abbou)

Publié le Mercredi 10 Octobre 2012 à 11:10
Mohamed Abbou mardi 9 octobre au centre Islam et Démocratie. Mohamed Abbou, secrétaire général du Congrès pour la République, a été l’invité mardi du centre d’études Islam et démocratie. Il a livré sa vision sur la manière de garantir la crédibilité des prochaines élections. Chose qui est tributaire, selon son analyse, de six points.

Instance indépendante des élections. Cette instance doit être indépendante de tous les partis. Il y a une conception consensuelle de cette instance au sein de la troïka. Mais le consensus à son sujet doit s’étendre aux autres partis, aux organisations la société civile, à l’UGTT, à la ligue tunisienne des droits de l’homme. Il y a un accord au sein de la troïka de créer une commission dont le rôle est d’arrêter la liste des candidats à l’instance électorale. Cette commission sera constituée d’une personne pour chaque groupe parlementaire. Une fois la liste des candidats définie, on passe au vote au sein de l’ANC. L’instance est élue pour six ans avec le renouvellement de la moitié de ses membres à l’issue de trois ans. Reste l’élection de son président, on peut préconiser qu’il soit proposé par le triumvirat, et puis entériné par le vote de l’ANC, a-t-il dit en substance.

Situation sécuritaire. Il faut garantir à tous les partis la possibilité de tenir leurs réunions, et bannir toute tolérance envers toute personne empêchant les autres de se réunir.

Impartialité de l’administration. Le SG du CPR a évoqué les traditions de partialité en Tunisie qui consistent en la proximité des citoyens du parti qui détient le pouvoir, étant donné que certains privilèges sont accordés sur la base de l’allégeance. "Nos bureaux locaux et régionaux nous font part de certains dysfonctionnements à ce sujet", a-t-il dit, appelant à garantir l’impartialité de l’administration.

Financement des partis. "Au CPR, la règle est qu’on n’accepte pas des financements des personnes qui figurent sur la liste de ceux qui ont des affaires de corruption. Ces personnes ne doivent pas non plus avoir un quelconque intérêt avec les ministres CPR", a-t-il indiqué. Pour Abbou, "les donations  conditionnées sont inacceptables pour tous les partis", admettant néanmoins que "des partis acceptent l’argent sans limites".
Le SG du CPR a évoqué des informations qui disent que certains dossiers d’hommes d’affaires sont traités "sous la table". "Les dossiers des hommes d’affaires doivent être traités devant tous les Tunisiens". En Egypte, le président Morsi a pris une décision de gracier les hommes d’affaires pour ne pas nuire à l’économie, cela reste envisageable en Tunisie, a-t-il souligné. "On peut les laisser travailler en contrepartie d’une somme d’argent (NDLR : payée à l'Etat) fixée par les experts et non par les hommes politiques, sinon cela posera des  problèmes en termes d’argent politique à même de financer les partis". L’achat des voix des électeurs est criminalisé par la loi, l’achat du mouton peut rentrer dans ce cadre, a-t-il dit, qualifiant les œuvres caritatives liées aux partis politiques en temps de campagne électorale, d’actions "immorales".

Impartialité des mosquées.
Le décret-loi n’o 115 interdit la propagande partisane au sein des mosquées, a-t-il souligné, ajoutant qu’un projet de loi prévoit la peine de prison au prêcheur qui cherche à orienter les fidèles dans les lieux de culte.   

Intégrité des médias. Il a plaidé pour la transparence en matière de financement des journaux. "Nous devons savoir qui finance les journaux, et qui en est derrière", a-t-il dit, évoquant la capacité des médias  à influencer l’opinion publique. Abbou a prôné l’activation du décret-loi 116  pour l’audiovisuel, signalant qu’il existe un accord au sein de la troïka sur ce sujet. Evoquant les médias alternatifs, le SG du CPR a considéré que le réseau social facebook a une plus grande influence que la presse écrite. Il existe des pages qui essaient d’influencer et d’orienter l’opinion publique, comme celles qui véhiculent qu’il n’y aura plus de légitimité après le 23 octobre, a-t-il dit en substance. "Ces personnes cherchent à semer l’anarchie en Tunisie, ceci constitue un crime contre cette démocratie naissante. La justice censée être indépendante doit pouvoir interdire certaines pages qui propagent des idées incitant  à l’anarchie. L’anarchie est contre la démocratie et la loi doit faire face à tout appel dans ce sens", a-t-il exhorté.

Mohamed Abbou a affirmé que tous les responsables cherchent à écourter cette période transitoire. A ses yeux, la responsabilité au gouvernement ne procure même plus de statut social privilégié, "bientôt on va entendre dire que certains responsables ont immigré clandestinement vers l’Italie", a-t-il ironisé.

Nominations diplomatiques
Intervenu au débat, Abdelwaheb Hani, chef du parti al-Majd a évoqué le risque que les nominations au sein du corps diplomatique soient effectuées selon des considérations d’appartenance partisane. "Certains partis sont en quête de CV pour pourvoir à des postes diplomatiques", a-t-il indiqué.

Le représentant du parti Ettahrir a estimé que pour son parti qui pose le califat comme mode de gouvernance, "le choix entre le régime parlementaire et le régime présidentiel revient à choisir entre le vin et le porc", déplorant que le débat se cantonne à ces options-là, "alors que le peuple a fait une révolution et a appelé à la chute du régime". Il a par ailleurs réfuté la séparation entre la religion et la politique, "une doctrine qui nous est étrangère", selon ses dires.

En réponse aux questions, Mohamed Abbou a estimé que son parti, le CPR, n’a jamais proposé des noms d’un gouverneur ou d’un ambassadeur. "Nous avons juste demandé de discuter des nominations décidées". Au sujet du frère de Moncef Marzouki, nommé dernièrement consul général, il a rétorqué que l"e frère du président fait partie du corps diplomatique depuis les années 80, et qu’il a été marginalisé par l’ancien régime. Sa nomination intervient de droit après 30 ans", a-t-il dit en substance, "si Marzouki voulait favoriser son frère, il l’aurait nommé ambassadeur", a-t-il ajouté.  

Le SG du CPR a reconnu le droit du parti Ettahrir de croire au califat. "Nous aussi, nous croyons à l’unité arabe, mais nous pensons que c’est la  génération qui va nous succéder qui va pouvoir la réaliser car l’unité ne peut être construite que sur des fondements démocratiques". Il a indiqué que son parti n’est pas pour la séparation entre la religion et l’Etat et considère que l’Etat doit superviser les mosquées, s’occuper de l’enseignement de la religion…"Nous sommes contre l’atteinte aux sentiments religieux, quelle que soit la religion", a-t-il ajouté.

H.J.


 

Commentaires 

 
#4 zero principe face aux $$$
Ecrit par Royaliste     11-10-2012 09:26
surtour s'ils financent le CPR et la Nahdha LOL
rien n'a été fait en Tunisie pour combattre la corruption. la corruption n'est pas liée a l RCD elle est encrée dans notre société il faut appliquer la loi chose que la troika évite pour ne pas faire fuire les $$$
 
 
#3 Non
Ecrit par Pseudo     11-10-2012 08:44
"Gracier des hommes d’affaires fautifs est envisageable" : NON, je ne suis pas d'accord et je ne suis certainement pas le seul. Au titre de quoi faudrait il les gracier ?
Merci à Globalnet de faire ce compte rendu sur cette réunion. Cela permet de savoir qu'il existe un "centre d'étude l'islam et de la démocratie". Pour moi, l'islam est personnelle et ne doit pas être politisée. Là encore, je ne suis pas le seul à le penser.
 
 
+1 #2 indépendant
Ecrit par untel     10-10-2012 16:38
la troika a lamentablement échoué sur tous les plans, tant pour la récupération à l'étranger des avoirs volés par ZABA ET CIE,que pour gouverner le pays et trouver les solutions, au chômage à l'appauvrissement du peuple, et remettre en marche l'économie nationale.
Et te voilà proposer des solutions très naives au sujet des hommes d'affaires. BASTA.....,
 
 
+1 #1 justice
Ecrit par cinq     10-10-2012 15:04
Et qu'en-est-il de l'indépendance de la justice Mr Abbou, vous aussi vous voulez d'une justice dépendante comme le cas de nahdha?
je suis déçu de votre position
 
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