Tunisie : Gouvernement Vs UGTT, ISIE Vs ex-RCD : Le concert des fâcheries !

Publié le Mercredi 28 Février 2018 à 17:20
Youssef Chahed et Noureddine Taboubi : Le désaccord. Les forces politiques et civiles continuent à s’affronter sur le ring politique, dans une quête permanente de tenter de part et d’autre de redessiner les rapports de force, et de marquer des points sur l’adversaire. Les tensions montent d’un cran à l’approche des municipales du 06 Mai prochain. L’instrumentalisation est à son comble, et le concert de fâcheries qui défile sous nos yeux, émane de la même logique des conflits artificiels, ayant jalonné le processus transitoire vieux de sept ans. 

Deux polémiques se télescopent, et ont ceci de commun, qu’elles mettent en opposition des entités politiques, et d’autres civiles.

La première est née il y a tout juste une semaine, avec le discours syndical de Sidi Bouzid. Intervenu le mercredi 21 février dans le berceau de la révolution, le Secrétaire Général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, a appelé à un remaniement ministériel, histoire d’injecter du sang neuf dans les veines de l’équipe gouvernementale. Le chef de la puissante organisation syndicale voudrait voir aux commandes des personnalités politiques capables d’apporter les alternatives et de sortir la Tunisie de l’ornière. La réponse est intervenue cinq jours après, dans une interview dominicale diffusée sur al-Wataniya. Youssef Chahed a opposé un niet catégorique à l'un des signataires de poids du document de Carthage, l’invitant poliment à ne pas piétiner sur ses plates-bandes. "Le remaniement relève des prérogatives du chef du gouvernement, et à ce jour, il n’y en aura pas", a-t-il asséné, affirmant le besoin pressant qu’a le pays pour une stabilité politique, sociale et sécuritaire.

Ce désaccord porté sur la place publique fait apparaitre, aux dires de certains, les prémisses d’une crise entre la Kasbah et la place Mohamed Ali. L’organisation de Hached qui ne cesse de se vanter de son rôle historique dans le mouvement national et la construction de l’Etat postindépendance, revendique un droit de regard sur la gestion des affaires, et les politiques économiques et sociales.

Une mission qu’elle a diversement accomplie après le 14 janvier, en épousant deux principales postures : La première est celle du médiateur impartial arbitrant un dialogue national, ayant sorti le pays de la crise en 2013, et la deuxième, prééminente, est d’être un contre-pouvoir, qui tout en s’engageant dans une approche consensuelle avec le gouvernement et les partis politiques, ne manque pas à contrecarrer les décisions qui lui semblent préjudiciables pour le pays, son peuple et le monde ouvrier, à l’exemple de sa démarche obstinée d’empêcher que les entreprises publiques atterrissent dans le giron du secteur privé. 

La dernière sortie de Noureddine Taboubi semble néanmoins quelque peu incongrue, comme s’il a voulu ajouter de la tension à la tension, à deux mois des municipales. Il n’est pas, en effet, dans les usages politiques qu’un remaniement précède une échéance électorale, qu’elle soit nationale ou locale.

Ce qui est à l’inverse communément admis dans les démocraties anciennes, est que les résultats électoraux peuvent conforter ou ôter la légitimité du gouvernement en place. Si les partis de la majorité essuient une défaite cuisante dans les urnes, l’actuelle coalition gouvernementale aura du mal à se maintenir. Dans le cas contraire, elle sera renforcée et légitimée. Ce différend n’a donc aucun lieu d’être, et il est dans l’intérêt de tous de fermer rapidement la parenthèse.

Le deuxième contentieux tout aussi artificiel est celui entre l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), et les anciens rcédeistes revendiquant l’appartenance à la famille destourienne. Qu’en est-il. L’instance électorale est critiqué pour avoir supposément exclu les anciens du RCD dissout de se porter candidats aux  bureaux de vote. Or, c’est un faux procès fait à l’instance électorale dont le seul tort est d’avoir appliqué la loi sur les élections et référendums, laquelle n'autorise pas les rcédeistes d’être membres ou présidents des bureaux de vote. Ce n’est pas à l’ISIE que les anciens du Rassemblement doivent s’en prendre, mais au législateur, soit à l’Assemblée des représentants du peuple qui a voté cette loi.

Indépendamment du fait que cette histoire est une bonne ou mauvaise cause, c’est son incohérence qui dérange. La levée de boucliers des symboles de l’ancien régime, et la position prise dans la foulée par Nidaa Tounes qui prend faits et causes pour les destouriens et rcédéistes, n’ont aucun sens. Nidaa aurait dû admonester ses députés qui ont voté une loi sanctionnant les frères biologiques. Dans un Etat de droit, la loi doit être appliquée au pied de la lettre, l’ISIE l’a compris, cela ne parait pas être le cas de ses détracteurs sur cette affaire.

L’assimilation démocratique n’est pas aussi simple qu’elle n’en a l’air.
Gnet

 

Commentaires 

 
-1 #1 Merci pour les deux.
Ecrit par Tunisien     01-03-2018 12:02
Merci pour les deux, si le retour joue bien à notre chère Tunisie.
 
Ces commentaires n'engagent que leurs auteurs, la rédaction n'en est, en aucun cas, responsable du contenu.