Tunisie : Gouvernement de salut, "tentative de putsch inaboutie", problème de trésorerie ? |
Publié le Mardi 12 Juin 2018 à 10:40 |
Les différentes parties campent sur leurs positions, Nidaa et l’UGTT exigent le départ de Youssef Chahed et son gouvernement, Ennahdha s’y accroche. La discorde reprend sur fond de nouvelles accusations contre l’ex-ministre de l’Intérieur et à l’heure où le pays est en mal de liquidités, face à un grave problème de trésorerie… Le porte-parole de Nidaa Tounes, Mongi Harbaoui, a annoncé que son parti avait entamé des concertations avec nombre de partis et de personnalités nationales en vue d’une "large coalition nationale de Salut", signalant que la situation dans le pays est désormais intenable. Dans un post publié hier lundi sur sa page facebook, Harbaoui a ajouté que le gouvernement Chahed était devenu officiellement "le gouvernement d’Ennahdha", mettant en garde contre l’acheminement de la situation socio-économique vers l’effondrement. Il a fait état de nominations abondantes à des postes sensibles de l’Etat et dans l’administration effectuées par le gouvernement, au profit d’Ennahdha, contre son soutien au gouvernement. "Un large front de salut est devenu plus qu’un devoir national et plus qu’une nécessité", conclut-il. Cette nouvelle charge de Nidaa contre Youssef Chahed et son gouvernement intervient à l’heure où on annonce la reprise des négociations entre les parties prenantes, en vue de surmonter la crise politique qui secoue le pays depuis le lundi 28 Mai. Le président de la république avait décidé ce jour là de suspendre sine die le document de Carthage, faute de compromis entre ses protagonistes sur le 64ème point, portant sur le changement du gouvernement, s’il doit toucher ou non Youssef Chahed. Le naufrage de Kerkennah, avec son bilan effrayant, a redirigé le débat vers le drame de la jeunesse tunisienne, et la responsabilité du gouvernement et de la classe politique de son abattement et sa désespérance, reléguant au second plan, la discorde autour du point 64. Laquelle a vite ressurgi avec la révocation du ministre de l’Intérieur, Lotfi Brahem, pour, manifestement, des défaillances sécuritaires sur l’Île. La décision de Youssef Chahed de se séparer de son ministre de l’Intérieur lui a valu de larges critiques, et a alimenté toute sorte de surenchères, les réseaux sociaux en ont fait leurs choux gras. L’article publié hier par le journaliste français, Nicolas Beau, sur son site Mondafrique, a remis l’ex-ministre de l’Intérieur au cœur de l’actualité, pour avoir planifié avec le soutien des Emirats "des changements à la tête de l’Etat". Une information largement relayée, notamment par Al-Jazeera, qui évoquait, hier dans la soirée, en premier titre de son principal JT, "une tentative de putsch avortée, avec planification émiratie". L’article peu argumenté, au regard de l’extrême gravité du sujet évoqué, reprend ce qui se disait sur le compte du ministre démis de ses fonctions, et sa proximité supposée de certains milieux du Golfe, notamment après sa visite il y a quelques mois en Arabie Saoudite, où il a fait l’objet de tous les honneurs. Cette histoire est de nature à aiguiser le conflit politique, qui reprend de plus belle avec l’approche de la reprise du dialogue, où les différentes parties semblent camper sur leurs positions. "Le changement du gouvernement est devenu une histoire de vie ou de mort, et tout retard va pousser le pays vers le précipice", a déclaré ce mardi 12 juin, le Secrétaire Général adjoint de l’UGTT, Sami Tahri, au journal Acharaâ al-Magharibi. "Le sauvetage ne se fera pas en maintenant les choses en l’état, mais à travers un changement radical du gouvernement, des programmes et des objectifs. L’attentisme que vit le pays conduira à une grande catastrophe", souligne-t-il. Dans l’autre camp, Ennahdha s’accroche à sa position pour la stabilité politique et le maintien de Youssef Chahed, tout en réitérant son appel à la reprise du dialogue. Les pourparlers reprendront face à une scène politique toujours divisée, ce qui éloigne la perspective d’une sortie de crise rapide, à moins que de nouveaux éléments, et de nouvelles informations viennent discréditer les uns, et conforter les autres. Entre-temps, le pays va de plus en plus mal, et manque atrocement de liquidités pour acheter des médicaments. Les besoins vitaux des Tunisiens sont désormais menacés ; l’issue de ce problème persistant de trésorerie est incertaine. Gnet |
Commentaires
Ecrit par Léon 12-06-2018 16:22
Je pense avoir un siècle d'avance sur mes détracteurs.
D'ailleurs, souvenez-vous lorsque je vous disais que dans une petite décennies TOUS les tunisiens réciteront par coeur le
VERSET 112 de la SOURATE des ABEILLES.
Léon, Min Joundi Tounis Al Awfiya.