Tunisie : Ghannouchi met en garde contre la division et prône le consensus

Publié le Mercredi 17 Septembre 2014 à 12:48
Rached GhannouchiRached Ghannouchi a déclaré hier, mardi 16 septembre, dans un entretien avec Nesma, que son mouvement a tranché la question de la candidature à la présidentielle. Le fait qu’Ennahdha a choisi de ne pas présenter son propre candidat à la présidentielle, est "une grande décision prise à une quasi-unanimité par Majless al-Choura, au nom de la politique de consensus", a-t-il affirmé.

Il a souligné que son mouvement "ne veut pas faire courir le risque au pays". "Si Ennahdha participe aux législatives et à la présidentielle, et remporte les deux scrutins, que restera-t-il pour les autres ? Il ne leur restera qu’à se mobiliser et à  se masser dans un autre Front de salut, voire un front d’opposition voué à mettre les bâtons dans les roues", a-t-il indiqué en substance.

"Ennahdha croit au consensus, à l’unité nationale, et à la réussite du processus de transition en Tunisie, c’est plus important que d’avoir la présidence, le parlement et la Kasbah entre ses mains," a-t-il martelé, ajoutant que son parti n’a pas décidé qui va-t-il s soutenir à la présidentielle, mais "a convenu des conditions que ce candidat doit remplir, et le choix reste ouvert".

Selon ses dires, le futur président doit être en bonne santé, afin de ne pas reproduire l’expérience de Bourguiba, qui était un président malade, et cela s’applique à Béji Caïd Essebsi, comme aux autres candidats.

Il a mis en garde contre les appels à diviser les Tunisiens entre modernistes et islamistes, qui correspondent, à ses yeux, à des appels à la guerre civile. "On a vu ce qui s’est passé en Egypte, en Syrie et en Libye, à cause de la division de la société", a-t-il argumenté.  

Rached Ghannouchi a appelé Béji Caïd Essebsi à être "un facteur de consensus dans la société, et à ne pas répondre aux appels de division". Il l’a pressé de s’attacher à sa première initiative et à son appel au dialogue national, au consensus, et à la recherche de dénominateurs communs. "Il ne faut pas qu’il revienne sur cet appel en réponse à des voix extrémistes. Comme il m’a appelé au dialogue, je l’appelle à mon tour à ce qu’il soit un élément de consensus dans la société", a-t-il martelé, ajoutant que "les cheiks de Tunisie doivent être des éléments de consensus, d’unité, des voix de raison et de sagesse et non des voix de scission et de division, car cela donne lieu à une guerre civile. Notre pays a besoin d’unité nationale et de consensus national. Nous avons besoin d’un gouvernement non celui de Caïd Essebsi  ou de Ghannouchi, mais d’un gouvernement rassemblant les principales forces politiques car l’embarcation demeure encore menacée", a-t-il insisté, estimant que "les appels à la division ne servent pas le choix démocratique, mais servent les extrémistes qui ne croient pas à l’unité nationale".

Et de s’interroger : "Sur quelle base allons-nous nous diviser ? La division avait, auparavant, une justification, mais après la constitution, après que l’on s’est mis d’accord  sur le modèle de société, et qu’on a convenu que cette société a une identité déterminée, des libertés, des lois et des instances de régulation, il n’y a pas lieu à la division".   

Il a par ailleurs déclaré que sa visite en Algérie s’inscrivait dans la quête d’un apaisement en Libye. "Je me suis rendu en Algérie pour l’intérêt de la Tunisie et de la région. Il y a une menace qui guette la région en provenance de la Libye, où une guerre civile se déroule. La Libye s’est transformée en un lieu de règlements de comptes internationaux, et des batailles internationales sont livrées sur le sol libyen.  

L’Algérie, grand pays régional, sent une grande responsabilité envers la sécurité dans la région dans son ensemble. La Tunisie, comme l’Algérie, est menacée, le but était de voir comment peut-on parvenir à un consensus en Libye, à travers un dialogue national s’inspirant de l’expérience tunisienne.

Etant donné mes liens avec toutes les parties qu’elles soient celles appartenant au courant dit moderniste, où à celui dit islamiste, il est question de mettre à profit ces relations pour rassembler, avec les frères algériens, les protagonistes libyens autour d’une même table loin des armes et de la violence, tout en écartant les parties internationales de Libye, et en refusant l’intervention militaire", a-t-il affirmé, annonçant son intention de se rendre en Libye en temps opportun.
Gnet