Tunisie : Gare à une mauvaise gestion de la dette en ces temps de disette

Publié le Vendredi 31 Janvier 2014 à 16:40
La dette doit être dirigée vers l'investissement. La Tunisie a enfin renoué avec l’espérance, avec le dénouement heureux de la crise politique qui l’a profondément secouée pendant de longs mois. Les nouvelles réconfortantes se sont enchaînées : installation de l’instance électorale, adoption et promulgation de la constitution, et intronisation et entrée en fonction du nouveau gouvernement de compétences apolitiques, qui conduira le pays aux prochaines élections.

La passation s’est déroulée dans une ambiance cordiale, avec la confiance des sortants d’avoir remis les clefs entre de bonnes mains, et la détermination des nouveaux de servir l’intérêt de la patrie et d’être à la hauteur de la confiance placée en eux. Passées l’effusion et l’émotion, l’heure est maintenant aux choses sérieuses.  

La nouvelle équipe a d’emblée placé son court mandat sous le credo de l’action. Le nouveau chef du gouvernement a annoncé des actions urgentes pour redresser l’économie, arrêter la dégradation économique et financière, et relancer les projets à l’arrêt, selon le principe de Quick win (le gain rapide). Une simple promesse qui ne vaut que par sa concrétisation, mais c’est ce dont la Tunisie et les Tunisiens ont actuellement besoin ; soit d’un passage à l’acte à même de produire des résultats sur le court terme. Les programmes et stratégies qui gagneraient à être mis en œuvre dans les domaines prioritaires -sécuritaire et économique principalement- méritent néanmoins des fonds, que nos ressources propres, éreintées par l’augmentation fulgurante des dépenses publiques, ne permettent pas de couvrir. La générosité de nos partenaires étrangers et des bailleurs de fonds sera la bienvenue, pour qu’ils nous viennent à la rescousse, dans ces temps de vaches maigres.

L’annonce faite mercredi par le Fonds monétaire international (FMI) d’avoir débloqué 506 millions de dollars de prêts en faveur de la Tunisie, après un long retard dû à l’impasse politique, a mis du baume au cœur à plus d’un. D’autres gestes analogues suivront certainement ; les institutions financières et autres bailleurs de fonds ont conditionné leur assistance à la Tunisie au règlement de la crise politique. Ce flux financier attendu, s’ajoutant aux dettes que les successifs gouvernements tunisiens ont contractées depuis le lendemain de la révolution, est de nature à alourdir l’endettement, à creuser les déficits et à affecter davantage les grands équilibres budgétaires.

Autant elle est nécessaire, voire incontournable, la mobilisation des ressources extérieures doit-être, impérativement, accompagnée d’un plan drastique quant à l’affectation des fonds, en l’occurrence dans les investissements et la création des richesses. Aujourd’hui, la Tunisie ne peut plus s’offrir le luxe de perpétuer cette spirale perdante, celle qui consiste à s’endetter, pour augmenter les salaires, combler le trou de la caisse de compensation, et débloquer des aides urgentes aux entreprises publiques lourdement déficitaires. Il n’est plus permis à notre pays de dépenser à fonds perdus, de mener un train de vie dispendieux, nettement supérieur à ses moyens, une telle politique est lourde de conséquences et fait craindre un scénario à la grecque. Chose qui sera encore plus grave en Tunisie, n’ayant pas un soutien comparable à celui assuré par l’Union européenne à la Grèce, qui a bénéficié de tant de plans de sauvetage européens.  

Certes, le nouveau gouvernement est tenu de désamorcer les tensions sociales, de maîtriser la tendance inflationniste, et d’améliorer le pouvoir d’achat des Tunisiens. Les efforts à consentir sur ce registre doivent passer plutôt par la lutte contre les pratiques spéculatives et la contrebande, en vue d’une meilleure maîtrise des prix, que par des majorations salariales.

Une vision à laquelle le gouvernement et les partenaires sociaux doivent adhérer. Cela ne semble pas être le cas.  Des voix s’élèvent d’ores et déjà au milieu de l’UGTT pour appeler le gouvernement Jomaâ à un nouveau round de négociations sociales, arguant que la centrale syndicale n’est plus en mesure de maîtriser les revendications de ses bases éreintées par l’ascension effrénée des prix et la cherté de la vie. Une demande inopportune en ces temps de disette, nonobstant les efforts supplémentaires qui doivent être déployés en faveur des couches défavorisées, pour leur assurer un minimum de dignité.

L’économie tunisienne est confrontée à des défis énormes, et le début de détente constaté à travers une amélioration des indicateurs, gagnerait à se confirmer, à travers une optimisation de cet élan positif pour lui permettre de remonter la pente. La réalité connue de tous est que nos ressources propres ne cessent de s’amenuiser comme peau de chagrin. Ces ressources ne peuvent-être fructifiées que par l’investissement, l’amélioration de production et la création des richesses. Cela suppose que l’endettement soit dirigé vers le circuit de production et non vers celui de la consommation. La dette n’est pas une manne qui vient du ciel, c’est une charge supplémentaire pour la collectivité nationale qui a un coût exorbitant. Sa bonne gestion sera bénéfique pour la Tunisie et son peuple. Sa mauvaise gestion sera, en revanche, désastreuse.
H.J.


 

Commentaires 

 
-1 #4 Hmoumes
Ecrit par Tahya Tounes     02-02-2014 16:48
Brasse Ommkoum (...)! si c'était à refaire, referiez-vous cette maudite thawra?
J'espère au moins qu'elle vous aura appris à remercier Dieu pour les acquis et à arrêter votre Sokht et votre manque de Hamd. Et surtout votre Hoqd et votre Hosd qui n'a en rien altéré ceux que vous jalousez et qui a énormément altéré votre bourse.
"Iyha Dékhalta Ifriqya, fé-imma an tounéfiq, wa imma an touyéfiq, wa imma an touhéjir".
Ibn Khaldoun (bande d'hypocrites!).
 
 
+2 #3 Emprunt
Ecrit par khammous     01-02-2014 18:17
Réduire tous les frais de la présidence du gvt de l'ANC cette assemblée PRÉDATRICE..Mettre un terme aux dépenses publiques indirectes ( voitures de foncion, essence , etc... )
Après cela et seulement après cela demander aux citoyens qui en ont les moyens de prêter de l'argent au gvt sur une période de 5 ans...
Les produite ainsi mobilisés serviront a opérer à une augmentation des salaires oui une augmentation des salaires qui permettra de booster la demande et relancer la croissance..
Les augmentations seront taxés d’impôts justes..
Ainsi l phosphate reprendra, le tourisme aussi ; ls petits agriculteurs auront les moyens de cultiver leurs terres Tout le circuit économique sera mis en branle..
Quand la bonne volonté sera affichée la lutte contre les commerces parallèles et les trafics de toutes sorte sera aisée car la masse ouvrière sera solidaires a ces mesures
 
 
+1 #2 RE: Tunisie : Gare à une mauvaise gestion de la dette en ces temps de disette
Ecrit par Mounir GUELLATY     01-02-2014 13:09
Gare à une mauvaise gestion tout court, gare au laxisme et gare au favoritisme, parce que cette fois ci, ça risque de coûter très cher...
 
 
-1 #1 un coup de balais
Ecrit par Royaliste     01-02-2014 10:33
il est temps de réduire les dépenses de l'Etat.
il faut réduire le nombre de fonctionnaires et augmenter leur productivité.

augmenter la rentabilité des entreprises publiques,en générant des bénéfices elles pourront venir soutenir le budget de l'Etat.

mais un gouvernement provisoire ne pourra pas engager de tels reformes.

expl: en coupant le poste inutile de président, la Tunisie peut économiser 200 Millions de Dinars en 5ans.
c'est simple et ca ne touche pas le pouvoir d'achat du citoyen
 
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