Tunisie : Face à ses interlocuteurs US, Chahed doit convaincre !

Publié le Lundi 10 Juillet 2017 à 14:09
Youssef Chahed. Aux Etats-Unis, où il est en visite de trois jours -du lundi 10 au mercredi 12 juillet- le locataire de la Kasbah doit faire le point, sur la situation en Tunisie ; où en est-elle en matière de processus de transition, avec ses deux défis majeurs économique et sécuritaire.  Il  mettra en avant son bilan positif, quoique insuffisant, et insistera sur le côté bon élève du pays qui fait des résultats encourageants, malgré les difficultés et le peu de moyens.

Ce premier déplacement d’un responsable d’un si haut rang de l’exécutif tunisien au pays de l’oncle Sam, depuis l’accession aux commandes de l’administration Trump, permettra, au-delà de son caractère prise de contact, de définir la nature des relations bilatérales entre les deux pays, notamment après l’annonce américaine de baisser l’aide militaire accordée à la Tunisie ; une déception pour la partie tunisienne qui compte énormément sur le soutien des puissances occidentales, notamment l’Europe, les Etats-Unis…, en vue d'appuyer son institution militaire, et en renforcer la promptitude en matière de lutte contre le terrorisme, et contre les dangers sécuritaires sur ses frontières Sud, avec la situation d’instabilité qui prévaut en Libye.  

Le chef du gouvernement est amené à faire montre d’un grand pouvoir de conviction face à ses interlocuteurs américains, soit le vice-président Mike Pence et autres personnalités clefs du pouvoir de Washington. Le but serait de les persuader de maintenir, sinon de renforcer le volume de l’assistance accordée à la Tunisie, pour en soutenir le modèle de transition démocratique, dont la réussite est profitable à toute la région, constitue une source d’inspiration, et contribue à sa pacification.

Il est tenu, de surcroît, de les séduire face à la réussite tunisienne dans un contexte trouble, et de l’immensité des efforts déployés depuis la révolution, ayant débouché sur une transition politique en douceur par l’entente et le dialogue, et la tenue d’élections libres et transparentes ayant rendu possible une alternance pacifique au pouvoir.

Il doit, également, afficher la détermination de son gouvernement de relever les défis économiques et sécuritaires. Au volet économique, Chahed évoquera les grandes réformes déjà entamées pour assainir les finances publiques, et les remettre à l’équilibre, réformer l’administration, les caisses sociales et les entreprises publiques. Il mettra en avant les premiers signes de relance économique qui méritent d’être confirmés et consolidés, et évoquera, bien entendu, l’une de ses principales forces, celle qui lui  vaut une large adhésion populaire, et une admiration au-delà des frontières que les Américains ont particulièrement exprimée, celle de la guerre contre la corruption.

Sur le plan sécuritaire, le chef du gouvernement évoquera les avancées menées par l’institution sécuritaire et militaire pour vaincre le terrorisme, et instaurer la sécurité sur l’ensemble du territoire, grâce à une approche anticipative, permettant de prévenir les dangers, et de les déjouer. Ce que le co-chef de l’exécutif dira aux Américains est que la Tunisie est en train de progresser, et de franchir pas après pas les obstacles, dans un contexte interne et externe extrêmement difficile.

Le premier est marqué par de fortes pressions sociales, avec l’obligation du gouvernement de répondre à des attentes populaires incommensurables en termes de développement et d’emploi particulièrement dans les régions défavorisées, et la seconde est cette conjoncture régionale et internationale difficile, marquée par les conflits et les crises.

Les Américains auront certainement des mots gentils et laudateurs envers le jeune chef du gouvernement, et la démocratie naissante en Tunisie ; mais consentiront-ils à lui faire une exception, et à ne pas réduire l’aide qui lui est destinée. Il s’agira, le cas échéant, de le faire dans le cadre d’un programme spécial, étant entendu que la baisse des aides militaires prévues par le projet de loi de finances, traduit un changement d’approche US du financement de  l’aide militaire pour tous les pays du monde, et illustre le slogan de campagne de Donald Trump : l’Amérique d’abord

Gnet