Tunisie : Face à l’immobilisme, le ras-le-bol du Kef, de Tataouine…

Publié le Mardi 04 Avril 2017 à 18:13
Le Kef Le feuilleton des protestations sociales n’a pas l’air de s’arrêter de sitôt. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le Kef et Tataouine sont le théâtre ces jours-ci de mouvements contestataires réclamant emploi et développement. Pour apaiser la tension et écouter les doléances de nos compatriotes en colère, des délégations ministérielles se sont rendues ce mardi 04 avril sur les lieux. C’était l’occasion de tenir un conseil régional extraordinaire au Kef ; lequel a été boycotté par la société civile, les organisations nationales, et les partis politiques, comme l’a confié à Shems Kamel Sayeh, membre de l’union régionale du travail du Kef (URTK), pour promesses antérieures non-tenues.

Selon ses dires, l’URTK a signé un procès verbal le 30 avril 2016, au siège de la présidence du gouvernement, portant sur des décisions et projets au profit de la région, assorti d’un échéancier bien déterminé, mais une année après, il n’en est rien ; l’accord est resté lettre morte a-t-il dit en substance, d’où la décision des représentants associatifs régionaux de bouder la réunion tenue en présence du pouvoir central.

Comme le Kef, de nombreuses régions du pays, du Nord au Sud et d’Est en Ouest, frappées à des degrés divers par un déficit de développement chronique, s’impatientent de voir leurs revendications socio-économiques satisfaites, à travers des projets créateurs d’emploi et de richesses, susceptibles de les sortir de l’indigence et de les intégrer dans la dynamique économique régionale et nationale. Mais rien ne se passe.

Les jours se suivent et se ressemblent dans des contrées tristement abandonnées, dont la jeunesse n’a qu’un seul rêve quitter sa terre natale vers d’autres horizons qu’elle croit plus prospères. Cela fait plus de six ans que les choses sont en l’état, que l’exaspération monte et que la désespérance grandit. Sans qu’aucune réponse fiable et viable ne vient sortir ces régions de leur torpeur, secouer des esprits sclérosés, des âmes résignées, et leur redonner espoir en des lendemains meilleurs.

Disparités entre régions, développement régional, décentralisation, déconcentration…des mots qui sont revenus tel un leitmotiv dans le discours politique, mais qui sont  restés au stade de la rhétorique. Nos compatriotes dans les régions n’y croient plus, tellement leurs attentes étaient trahies, et leur aspiration à une condition sociale meilleure brisée.

La crise de confiance entre les autorités et la population ne fait qu’attiser les tensions et le désespoir, a fortiori avec le débat politique qui renoue avec les querelles politiciennes, et fait revenir le pays à la case départ, effaçant le petit bout de chemin effectué, dont les résultats restent insignifiants, par rapport aux défis posés. La montée du fléau de la corruption, le manque de transparence dans la gestion des affaires, et ce qui se dit sur l’influence des lobbies qui tirent les ficelles du jeu politique, ne font que rendre les Tunisiens encore plus perplexes quant à la capacité de ceux qui nous gouvernent de sortir le pays de l’ornière.
Gnet