Tunisie : Face à l’échec annoncé à l’ARP, Essid fait marche arrière

Publié le Lundi 26 Janvier 2015 à 17:35
Habib Essid Le gouvernement d’Habib Essid a fait l’objet d’une salve de critiques et d’une vague de refus d’une rarissime intensité. Et pour cause, la nouvelle équipe n’a pas été l’émanation du marathon des concertations qui s’est étalé sur les trois dernières semaines, mais avait l’air d’être parachuté, et totalement en déphasage avec les attentes des formations politiques, dans leurs différentes appartenances politiques et idéologiques.

Si Habib Essid a réussi un exploit, c’est qu’il a mis tous les partis à dos. Qu’ils soient amis, alliés, adversaires, proches ou loin de Nida Tounes ; qu’ils soient islamistes, nationalistes, destouriens, gauche, extrême gauche, libéraux…tous ont exprimé en chœur leur rejet de la composition gouvernementale et ont annoncé qu’ils ne lui accorderont pas la confiance au parlement.

En trois jours et avant même qu’il n’ose franchir le seuil de l’hémicycle, pour solliciter la confiance du parlement, la nouvelle équipe, apparemment mort-née,  cristallise tous les mécontentements, toutes les colères et tous les reproches  d’être sans âme, sans identité, et peu représentatif, de manquer de compétences et de vision, de n’être ni un gouvernement politique, ni de compétences, d’être faible, fragile et dans l’incapacité de mener les grandes réformes, d’être en porte-à-faux avec les exigences de la révolution et les attentes de la population, et pis encore de compter en son sein des personnes peu clean, objet de poursuites et sur lesquelles pèsent des soupçons de corruption.

A se demander, selon quelle logique, pour quels motifs et pour satisfaire quelles parties, ce gouvernement a-t-il été ainsi formé ? Pourquoi autant de précipitation pour présenter une telle équipe minoritaire, de laquelle les principales forces politiques ont été exclues, à l’heure où le pays a besoin d’un gouvernement fort et doté de la légitimité électorale et parlementaire, pour qu’il puisse agir, et sortir le pays de l’ornière.   

Des questions entourées de mystères, auxquelles personne n’apporte une réponse catégorique et tranchée, excepté des conjectures exprimées ça et là, sur une possible ingérence étrangère, ou sur le fait que la liste soit sortie tout droit de Carthage, et que Habib Essid s’est limité à en donner lecture.  

Quoiqu’il en soit, face à l’ampleur de l’hostilité, et à la difficulté de passage du nouveau gouvernement à l’Assemblée dans la mesure où il a été recalé avant même qu’il ne subisse l’épreuve du vote de confiance, Habib Essid fait marche arrière et revient à la table des négociations, en recevant ce jour même le président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi et le chef du Front populaire, Hamma Hammami.  

Le chef du gouvernement désigné sera appelé à réécouter et à se rouvrir sur les partis, à leur faire de nouvelles propositions, à introduire des changements substantiels au sein de la composition initiale, en remplaçant les membres contestés, et à en élargir la base de représentativité, afin qu’elle bénéficie d’un soutien politique large, lui permettant d’avoir la confiance du parlement, à une majorité confortable.

Il doit aussi fixer un cap clair à son gouvernement, en matière de priorités et de réformes à réaliser.

Le successeur désigné de Mehdi Jomaâ doit fortifier autant que faire son gouvernement, pour lui garantir une certaine pérennité, et éviter au pays une instabilité politique assurée, avec un gouvernement faible et peu représentatif, qui ne survivra au mieux que quelques mois. Ce qui sera catastrophique pour la Tunisie.
H.J.


 

Commentaires 

 
#2 Démocratie dites-vous?
Ecrit par Léon     27-01-2015 15:58
Voilà les résultats de l'expérience démocratique chez les gueux: Un pays aux portes de la banqueroute (si ce n'est déjà le cas depuis au moins deux années) et au bord de la vente aux enchères publiques internationales (nouvelle forme de colonisation).
Alors, braves tunes? "Dégage!" ou "pas dégage!".
Rira bien qui rira le dernier! Votre révolution est une exaltation éphémère bâtie sur la haine, la jalousie, la prétention, et le régionalisme. Elle constituera toutefois quelque chose de durable: Le désastre!
Les mauvais sentiments, mes chers compatriotes, çà se paie! Et comptant!
Léon.
VERSET 112 de la SOURATE des ABEILLES.
 
 
+3 #1 Le cirque
Ecrit par Montygolikely     26-01-2015 18:41
Ça va durer longtemps ce cirque ?
Ça tourne vraiment au ridicule, on doit maintenant en priorité satisfaire les prétentions de Tartempions au détriment des priorités de la nation, cela devient insupportable !
 
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