Tunisie : Et le spectacle tragicomique de l’ANC continue ! |
Publié le Mardi 02 Juillet 2013 à 12:04 |
Fallait-il en rire ou en pleurer, en regardant le brouhaha ayant marqué hier, lundi 1er juillet, la plénière extraordinaire de l’Assemblée nationale constituante, consacrée au débat du projet de constitution. Après une patience qui n’a fait que trop durer, les Tunisiens ont eu droit à un énième spectacle désolant de ces élus qui se chamaillent, rouspètent, crient…lors d’une séance que l’on croyait solennelle, et à laquelle ont pris part les sages de la cité : les Ben Salah, Mestiri, Filali...et plusieurs invités à l’instar des professeurs de droit et des présidents des organisations nationales. La séance du matin a tourné court, avec le retrait collectif de l’hémicycle des invités amers, sur fond d’échanges d’accusations et d’invectives entre les élus du peuple. Une atmosphère délétère qui s’est poursuivie l’après-midi. Un démarrage qui n’augure rien de bon. Le comportement des députés dépasse tout entendement, jusqu’à quant vont-ils prendre en otage le destin du peuple ? On le savait dès le départ contesté. Dès sa signature et sa présentation devant les caméras, par le président de l’ANC, Mustapha Ben Jaâfar, le samedi 1er juin 2013, la dernière version du projet de constitution a été brocardée par une partie des députés, notamment ceux de l’opposition et du congrès pour la République, l’ex-parti du président Moncef Marzouki. Premier Motif de contestation : le projet de loi fondamentale n’introduit pas l’équilibre escompté au sein du pouvoir exécutif entre le président de la République et le chef du gouvernement. Il introduit un régime d’assemblée, qui surinvestit le locataire de la Kasbah de pouvoirs, au détriment du locataire de Carthage, qui se retrouve dépourvu de prérogatives. Le deuxième point litigieux a trait aux restrictions imposées aux droits et libertés. Le troisième est relatif aux mesures transitoires, qui prévoient une suspension des prérogatives de la Cour constitutionnelle en matière de contrôle de la constitutionnalité des lois pendant trois ans. Ces sujets de discorde ont suscité un chapelet de réactions et de commentaires. Des promesses et des intentions ont été exprimées ça et là, pour qu’ils soient aplanis dans le cadre des nombreuses structures de dialogue mises en place pour parvenir au consensus. La question est de savoir : pourquoi arrive-t-on un mois après la signature du projet de constitution, 1er juin - 1er juillet, avec un texte en l’état, comportant les mêmes points de désaccords que l’on a pourtant promis de surmonter, en apportant les modifications nécessaires au draft de la constitution, pour qu’il soit consensuel et représentatif de tous les Tunisiens. N’aurait-il pas fallu organiser une séance de concertation et de coordination entre députés des différents camps et groupes parlementaires, a fortiori qu'une commission ad hoc a été créée à cet effet, pour s’entendre sur un texte final, et venir à la séance d’hier avec un minimum d’accords, ce qui nous aurait épargné l’agitation consternante, ayant marqué un jour longuement attendu. L’attitude des députés devient de plus en plus affligeante, et suscite la répulsion des Tunisiens, qui avaient pourtant cru trouver la voie de salut à travers l’élection d’une assemblée constituante, qui devrait donner naissance à une nouvelle constitution, à même de rompre définitivement avec la dictature et de jeter des bases d’une démocratie solide et pérenne. Hélas, les supposés architectes de l’ère démocratique tunisienne sont eux-mêmes peu ou pas initiés aux traditions démocratiques. Le débat contradictoire, respectueux des libertés et de l’opinion de l’autre, est profondément mis à mal dans les dédales de l’ANC, pour être supplanté par un langage violent, agressif, et des comportements inadmissibles et indignes. Le peuple tunisien mérite mieux que cette élite politique qui ne représente qu’elle-même, qui ne reflète que ses égoïsmes, son amour démesuré du pouvoir et son attachement indécent à ses petits privilèges…à l’heure que le peuple attend dans la souffrance l’avènement de cette nouvelle constitution, sans laquelle des élections ne peuvent être organisées, l’économie ne pourra pas être relancée, et le pays continuera à faire du surplace et à perdre des points sur tous les plans. Les membres de l’ANC sont-ils si indifférents au temps précieux qu’ils font perdre à la Tunisie et aux Tunisiens ? Prennent-ils la mesure de l’impact de leur immaturité et leur désinvolture sur l’image du pays à l’intérieur et à l’extérieur ? Sont-ils conscients qu'ils sont derrière la dégradation de la note souveraine de la Tunisie par les agences de notation, la réticence des touristes et des investisseurs à venir dans notre pays, la baisse de nos réserves en devises, et les menaces qui pèsent sur les équilibres généraux de l'Etat ? Oui, ils sont les principaux coupables de tous ces problèmes et bien d’autres. Le peuple ne leur pardonnera pas d’avoir étouffé dans l’œuf ses espoirs, et l’histoire les jugera ; excepté les personnes patriotes et sincères, dont le regard était hier plein d’amertume, et qui demeurent notre seule chance pour l’accélération de la fin de ce triste feuilleton. H.J. |
Commentaires
Ecrit par zarzour 03-07-2013 16:04
Ecrit par Tunisien 03-07-2013 08:54
Une chose est sure, qu'il n'y a pas eu une révolution en Tunisie. C'est une mascarade.
La révolution pour bientôt.
Ecrit par Montygolikely 02-07-2013 13:01