Tunisie : Essid, un homme seul victime des volte-face de la coalition

Publié le Vendredi 06 Mai 2016 à 17:20
Habib EssidHabib Essid a renouvelé hier, jeudi 05 Mai, son acte d’allégeance envers Nidaa Tounes. Réuni avec le bloc parlementaire du parti, il a affirmé que le programme de son gouvernement s’appuie principalement sur celui de Nidaa Tounes, le parti qui l’a porté candidat à la Kasbah. A la tête d’une coalition quadripartite, ce grand commis de l’Etat, sans étiquette politique apparente, semble avoir été astreint à faire cette mise au point.

Essid dont le gouvernement est  critiqué de l’intérieur, comme de l’extérieur de la coalition, et qui n’échappe pas lui-même aux attaques ad hominem au point de se sentir, par moments, comme un homme seul, au milieu des contraintes et difficultés de la conjoncture, a plus que jamais besoin d’être fortement et clairement soutenu, ne serait-ce que par Nidaa Tounes, un parti affaibli, après avoir sacrifié sa majorité sur l’autel des dissensions internes, à la faveur du mouvement islamiste.

L’homme est aussi victime des travers de la mise en application du régime politique, qui s’écarte de l’esprit et de la lettre de ce qui est inscrit dans la constitution du 26 janvier 2014. La loi fondamentale parle d’un régime politique mixte, à mi-chemin entre le régime présidentiel et celui parlementaire, en vertu duquel, le parlement constitue l’épicentre du pouvoir, et le chef du gouvernement, choisi et désigné par le parti de la majorité, demeure l’homme fort qui applique la politique générale dans le pays. Le président de la république serait, lui, en théorie, moins influent, tout en étant doté de vraies prérogatives, dans le cadre d’un rééquilibrage des pouvoirs au sein de l’exécutif.

Mais, entre le texte et le contexte, il y a un hiatus. Dans les faits, c’est Béji Caïd Essebsi qui tire les ficelles et qui dispose du pouvoir décisionnaire suprême, tout en prenant garde, comme il ne cesse de le rappeler, à ne pas dépasser ses prérogatives constitutionnelles.

Une majorité qui change de camp passant de Nidaa à Ennahdha, une coalition incohérente et désunie et un régime politique flou et inadapté à la réalité tunisienne et aux contraintes de la transition, sont autant de facteurs qui sont à l’origine du blocage que vit le pays, et au peu de résultats donnés par l’action du gouvernement, une année et trois mois après son investiture.

Cette situation mécontente tout le monde, et fait pousser des cris d’orfraie à l’UGTT qui met en garde ce vendredi 06 mai contre la détérioration de la situation socio-économique et l’affaiblissement de la stabilité dans le pays. Les choses sont d’autant plus inquiétantes, qu’aucune amorce de déblocage ne se dessine à l’horizon.

Des suggestions et des idées sont, néanmoins, posées, comme le fait d’appeler à amender la constitution pour donner plus de prérogatives au président de la république pour qu’il ait les coudées franches dans la gestion des affaires. D’autres se demandent si le choix d’un chef du gouvernement partisan n’était pas plus judicieux, dans la mesure où il agirait, le cas échéant,  tout en ayant à l’esprit les prochaines échéances électorales, chose dont un indépendant ne se soucie guère. Une idée exprimée au milieu de cette semaine par Samir Dilou, dirigeant d’Ennahdha, sur Mosaïque, dans une critique à peine voilée contre Habib Essid.

D’aucuns trouvent que la solution serait de créer une force centriste, et son corollaire un bloc parlementaire centriste et républicain, à même de rééquilibrer le paysage parlementaire, et de donner de l’impulsion à l’action du gouvernement, comme le préconise Afek. 

Habib Essid prêterait l’oreille à toute cette rhétorique ; il se serait certainement aperçu qu’il évolue dans un climat d’une vulnérabilité croissante, et qu’il est de plus en plus abandonné par sa propre coalition. C’est pourquoi, il appelle Nidaa à la rescousse, dans une tentative d’imposer le tempo des grandes réformes qui urgent et de mener sa politique prévue par le plan quinquennal de développement.

H.J.

 

Commentaires 

 
+2 #1 Peuple manipulé
Ecrit par Royaliste     06-05-2016 20:52
Je le dis depuis 2011: quand j'ai un problème medicale je consulte un médecin, donc un spécialiste

Quand je veux une nouvelle constitution, je consulte un specialiste :PAS UN CHAUFFEUR DE TAXI

Mais bon, le contribuable tunisien a payé des millards pour se retrouver avec une constitution qui montre déjà ses limites... continuez a croire et suivre votre bien aimé ghannouchi, il nous méne droit au mur...
 
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