Tunisie : Essid entame des concertations dont l’issue est hypothétique

Publié le Lundi 25 Janvier 2016 à 17:07
Habib Essid s'entretient avec une délégation du Front populaire. Le mouvement contestataire ayant secoué récemment le pays, indépendamment de l’instrumentalisation qu’on a voulu en faire, et de sa dégénérescence par endroits à cause de l’intrusion des pilleurs, et des casseurs, vient rappeler à qui veut l’oublier que cinq ans après, les régions défavorisées et les populations marginalisées ne sont pas encore arrivées au bout de leurs peines, en termes de développement, d’emploi et de justice sociale.

Leur crise endémique s’était même aggravée par les effets de la conjoncture. A travers leur soulèvement, nos concitoyens lancent un cri de détresse aux politiques, pour dire que leur patience pour le développement, l’emploi et la justice, n’a fait que trop durer ; que les années s’égrènent et la jeunesse s’étiole sans qu’ils ne voient une quelconque lueur d’espoir sur une possible amélioration de leurs conditions.

A entendre les politiques, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition, tous sont unanimement conscients de la souffrance de nos compatriotes de l’intérieur et admettent la légitimité de leurs revendications. Avec une tonalité différente au niveau du discours. Ceux qui gouvernent mettent en avant la difficulté de la conjoncture ayant freiné l’élan des actions et des réalisations, et ceux qui sont dans l’opposition pointent l’échec de la coalition et son incapacité à proposer des solutions et à gérer la situation. Ici et là, on appelle à se remettre autour de la table de dialogue pour se concerter autour des actions à mettre en œuvre et répondre aux attentes des populations.

En guise de commencement, le chef du gouvernement entame ce lundi 25 janvier des concertations avec les partis politiques, pour voir la suite à donner à la contestation populaire. Il s’agit de discuter des moyens permettant non seulement d’apaiser la colère populaire, mais aussi, d’en supprimer les raisons.

Ce procédé est désormais bien rôdé dans le pays, à chaque fois qu’une crise pointe à l’horizon, on a recours au dialogue et à la concertation. C’est ainsi que la Tunisie est parvenue à régler ses problèmes politiques, et à préserver le caractère pacifique de sa transition, comme on a de cesse de le répéter. 

Réformes structurelles

La magie du dialogue ne semble pas néanmoins opérer sur le champ socio-économique, tellement ses résultats sont jusque-là peu significatifs, voire vains. Cela tient au fait qu’il n’a pas évoqué les problèmes dans leur profondeur et leur complexité, pour pouvoir esquisser un début de solutions. Le déficit de développement dans les régions défavorisées, le chômage qui y sévit et le déséquilibre régional, sont autant de maux structurels, remontant à plusieurs décennies et dont les remèdes provisoires et le rafistolage adoptés depuis le début de la révolution, ne parviennent pas à venir à bout. L’équation est de répondre à des attentes pressantes, alors que la situation requiert une action de longue haleine.

Les problèmes structurels appellent des réformes structurelles et un changement radical d’approche de développement, vers une lutte plus énergique contre la corruption, une impulsion de l’initiative privée de manière à libérer l’élan de la jeunesse, un allégement de la bureaucratie, une allocation des fonds plutôt aux projets d’infrastructure, à  l’investissement et à la création de richesses, qu’à la consommation, etc. Or, c’est tout le contraire qui a été fait, tout au long des cinq dernières années, on a même aggravé notre cas, à travers un endettement ayant atteint un seuil record, ce qui a rendu abyssal le déséquilibre des  finances publiques, vidé les caisses de l’Etat et plongé celui-ci dans l’impuissance et l’incapacité à accéder aux revendications populaires. 

Des années difficiles attendent la Tunisie, qui, plus est tenue par des engagements contraignants envers ses créanciers et bailleurs de fonds. On en est au point de non-retour, il n’y a guère d’alternative que de mener des réformes profondes et courageuses, qui imposeraient davantage de sacrifices sur le court terme, mais qui permettraient au pays de remonter la pente, sur le moyen et long terme. Une telle démarche nécessite un climat politique sain, et une paix civile, mais ni l’un, ni l’autre n’est, à l’heure qu’il est de mise.

Une crise politique aigue continue à secouer le parti au pouvoir, avec une majorité de plus en plus affaiblie. Quant à la tension sociale, elle couve encore, malgré un apparent retour au calme.
H.J.

 

Commentaires 

 
#1 Sortez de vos bureaux
Ecrit par Royaliste     25-01-2016 18:34
c'est toujours facile de blamer les politiciens, sortez de vos bureaux allez sur le terrain demandez aux entrepreuneurs qui essayent de travailler dans ces zones, quels sont leurs préoccupation? ecoutez les problémes réels, ce n'est pas en restant a Tunis et taper sur les ministres (certes déconnectés) que vous allez ajouter quelque chose de crédible au débat.

PS: cette crise illustre parfaitement l'arrogance et le mépris centenaires de 'Tunis' qui spolie les régions et nous renvoie les miettes,en effet qui s'est déplacé dans les zones troubles pour montrer que l'Etat est présent?
 
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