Tunisie : Ennahdha préférerait Ettakatol au CPR pour une alliance pérenne !

Publié le Mercredi 02 Janvier 2013 à 17:04
En Tunisie, les alliances se font et se défont. Le remaniement ministériel livrera ses secrets dans moins de deux semaines, soit le lundi 14 janvier, comme l’a déclaré ce mercredi, Lotfi Zitoun, ministre conseiller chargé des affaires politiques. Et là, deux éventualités sont à envisager : Soit il répondra aux demandes du CPR qui a conditionné son maintien au sein de la coalition gouvernementale, à l’accomplissement d’un tel changement en vue de réduire l’effectif des ministres, de fusionner certains ministères et de conférer plus d’efficience à l’action gouvernementale commune et concertée au sein de la troïka ; soit il gardera la même structure gouvernementale, en procédant à des changements légers, pouvant s’illustrer par l’élargissement de l’actuelle coalition à travers le ralliement de nouveaux partis. L’hypothèse pour que des partis d’opposition rejoignent le gouvernement n’est pas écartée, au regard notamment des déclarations des représentants d’Ennahdha qui se disent ouverts et soucieux du consensus le plus large possible.

Ce remaniement, le premier depuis la formation et l’entrée en fonction de l’actuel gouvernement, il y a un peu plus d’une année, est quelque peu tardif, a fortiori si le mois de juin 2013 est retenu comme date de l’organisation des prochaines élections en Tunisie. En six mois, on ne peut pas procéder à la restructuration et à la réorganisation administrative des ministères, et au chamboulement de l’action gouvernementale, comme l’a laissé entendre ce mercredi Ridha Bettaieb, ministre de l’Investissement et de la Coopération internationale sur Mosaïque.

Il est vrai qu’en un semestre, l’équipe gouvernementale remaniée ne pourra pas faire des miracles en matière de réalisation des objectifs de la révolution. Elle reste en mesure, en revanche, d’envoyer des signes forts pour redonner espoir aux Tunisiens, et apaiser la tension.

Le scénario d'un retrait du CPR du gouvernement n'est pas à exclure
Et si les tractations menées en guise du tout prochain remaniement, dont est chargé le chef du gouvernement, Hamadi Jebali, ne débouchent pas sur une équipe conforme aux souhaits, voire aux conditions du congrès pour la République. Ce dernier serait, en toute logique, amené à se retirer, en accord avec les engagements pris devant son conseil national, sa base et ses électeurs. Un tel scénario n’est pas exclure, au vu des frictions entre le parti d’origine du président de la république et Ennahdha, ainsi qu’entre le chef de l’Etat et le chef du gouvernement.  

On ne compte pas, en effet, le nombre d’affrontement et de brouilles entre le président de la République d’un côté, le chef du gouvernement et Ennahdha de l’autre. De l’affaire de l’extradition de Baghdadi al-Mahmoudi ; aux critiques des conseillers du président de l’action gouvernementale ; en passant par l’accusation lancée par Marzouki à l’ouverture du congrès du CPR quant à la tendance hégémonique d’Ennahdha ; à son aveu d’échec de l’action gouvernementale et son appel pour un gouvernement restreint de compétences, dans la foulée des événements de Siliana ;  jusqu’à l’évocation par Ennahdha de la possibilité de destitution du président, le rejet du budget de la présidence par l’ANC et les grincements de dents que cela a provoqué à la présidence…autant de sujets de discorde qui ont, à plusieurs reprises, jeté un froid dans les relations entre Carthage d’un côté, et la Kasbah et Montplaisir de l’autre, et qui risquent d’hypothéquer l’avenir proche et lointain de l’alliance entre le mouvement islamiste et le parti laïc de centre-gauche. L’origine de ces rapports houleux se trouve dans la loi portant organisation provisoire des pouvoirs publics, ou mini-constitution, qui a donné peu de prérogatives au président de la République, chose qui tranche avec la personnalité de Moncef Marzouki, connu pour son indépendance, sa liberté et son insoumission. Au point de s’interroger : l’intellectuel et ancien militant des droits de l’homme aurait-il vraiment du accepter dès le départ que l’institution de la présidence soit aussi dépouillée de ses attributions ?  
 
En attendant l’évaluation interne nécessaire qui sera menée au sein de chaque formation membre de la coalition régnante en Tunisie, l’expérience vécue tout au long de l’année écoulée, montre qu'à l’inverse de ses rapports peu amènes avec le  CPR, Ennahdha a eu des relations plutôt apaisées et sereines avec Ettakatol. Aucune crise significative entre Ben Jaâfar et Jebali n’est à signaler, hormis leur bisbille, par médias interposés, dans la foulée de la polémique suscitée par la question des indemnités des constituants. Le caractère posé et circonspect de Mustapha Ben Jaâfar, y aurait été pour beaucoup. En dépit des nombreuses démissions auxquelles il a été confronté, allant jusqu’à fragiliser son groupe parlementaire, Ettakatol est resté sur la même ligne de soutien d’Ennahdha dans le meilleur comme dans le pire. Le Président de l’ANC avait d’ailleurs déclaré en 2012 que son alliance avec le parti islamiste n’est pas de circonstance et a toutes les chances, de devenir stratégique. Dr Ben Jaâfar a-t-il été plus pragmatique et plus lucide que Dr Marzouki en tâchant de ne pas contrarier le grand allié, pour garantir une place au soleil pour une si longue période. L’avenir nous le dira. Mais puisque en politique, il ne faut jamais insulter l’avenir, le président Marzouki a des chances d’être réélu et il semble y croire. C’est là le sens de l’appel de son conseiller d’inverser le calendrier présenté par Hamadi Jebali d’organisation des prochaines élections, en commençant d’abord par les présidentielles, et ensuite par les législatives. Car, dans le cas contraire, ce sera le mouvement islamiste qui partira favori pour récupérer Carthage.

Et puis, il ne faut pas oublier une autre carte qui reste entre les mains d’Ennahdha, qui est celle de Nejib Chebbi, président du comité politique du parti El-Joumhouri. Même si Me Chebbi n’a pas été toujours docile envers Ennahdha et ses politiques, le parti islamiste a, à maintes occasions, exprimé son estime envers l’ancien opposant et allié de la coalition du 18 octobre. Des informations ont même circulé sur la possibilité qu’il soit son candidat  aux prochaines présidentielles. Une idée qui peut ressurgir, d’autant plus que le front électoral, prévu entre  Nida Tounes, al-Joumhouri, al-Massar, etc.,  semble compromis par les déclarations critiques de Béji Caïd Essebsi au Maghreb, à l’endroit de Nejib Chebbi, selon lesquelles ce dernier "n’a pas de pouvoir  sur son parti et al-Joumhouri n’est pas mûr". Des déclarations au sujet desquelles, Nejib Chebbi s’est dit surpris, les qualifiant ce mercredi sur shems de "tirs amis" qu’il œuvrera à circonscrire. Apparemment, ce début de 2013 ne sera pas avare en rebondissements…
H.J.


 

Commentaires 

 
#2 Personne ne réclame ce remaniement
Ecrit par khammous     05-01-2013 19:44
Ce remaniement ne sert à rien pour le citoyen Celui ci n 'a pas confiance que les prochaines élections seront honnêtes et transparentes. Car quand on fait un copié collé avec l'ancien régime on prend l'intégralité des caractères sans sélection...
 
 
+2 #1 RE: Tunisie : Ennahdha préférerait Ettakatol au CPR pour une alliance pérenne !
Ecrit par citoyen     02-01-2013 21:59
La chronologie de Ce remaniement est comme suit :
1)mi Janvier a fin janvier: Annonce et prise de fonction
2)Fevrier : Etat des lieux.
3)Mars : Etude des dossier prioritaires

Le ministre ne peut etre opérationel qu'en Avril!

De ce qui précede on ne peut que conclure
que :
1)soit ce remaniement ne sert que pour récompenser des leches bottes d'Ennahda et aucun resultat a escompter en 3 mois.

2)Soit que les élections sont repoussées au calandres grecs.

Merci de nous eclairer
 
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