Ennahdha penche vers le soutien d’un démocrate à la présidentielle

Publié le Lundi 03 Novembre 2014 à 18:00
Ennahdha se prononcera dans la semaine sur son candidat à la présidentielle. Ennahdha ne s’est pas prononcé clairement en faveur d’un candidat à la présidentielle, mais sa position exprimée ce lundi à l’issue de Majless al-Choura penche plutôt vers un candidat du camp démocrate. Le mouvement islamiste semble soucieux, à travers le communiqué de son instance suprême,  d’éviter l’hégémonie, le retour du parti unique et la monopolisation du pouvoir, cela sous-tend qu’il n’a pas l’intention d’appuyer Béji Caïd Essebsi à la présidentielle.

Ce dernier lui a fait pourtant les yeux doux, et lui a tendu la main pendant sa dernière sortie médiatique, évoquant l’éventualité que les Nahdhaouis fassent partie du prochain gouvernement, que son mouvement aura à former et à en désigner le chef.

Les résultats des législatives ont redistribué les cartes et fait émerger de nouveaux rapports de force, obligeant Ennahdha de revoir ses calculs, et peut-être de regretter certaines de ses décisions. Le mouvement islamiste était confiant que la victoire aux législatives était dans la poche, et la première place acquise. Si certains de ses dirigeants étaient plutôt réalistes laissant entrevoir toutes les hypothèses, une avancée, comme un recul, d’autres étaient partisans de la méthode Coué, et convaincus de leur suprématie électorale.

Les urnes ayant livré leur secret, Ennahdha a obtenu la deuxième place, devancé par son rival, Nida Tounes, et sans candidat à la présidentielle. Les regrets auraient certainement traversé sa direction, comme sa base, d’avoir déclaré forfait à la présidentielle. Si le mouvement avait un candidat à Carthage parmi ses caciques, les choses auraient été plus simples, et il ne se serait pas retrouvé dans une telle situation embarrassante.

Les choses sont ce qu’elles sont, Ennahdha a semblé depuis la proclamation des résultats des élections tergiversé, en entretenant le mystère. La déclaration de son numéro un, Rached Ghannouchi, que son mouvement n’oppose de veto contre aucun candidat a semé le doute dans les esprits.

Et pour cause, le mouvement s’est retrouvé devant un dilemme, voire entre le marteau de Nida Tounes, et l’enclume des démocrates. Les deux camps lui mettent fortement la pression.  Nida Tounes a parlé d’emblée, par la voix de ses dirigeants, d’un package. Le mouvement victorieux aux législatives assortit toute entrée au gouvernement d’Ennahdha à un soutien de Béji Caïd Essebsi à la présidentielle. Inimaginable et difficile pour le parti islamiste d’accorder sa bénédiction à BCE, et de donner des consignes de vote en sa faveur, il aurait ainsi contrarié ses sympathisants  et se serait mis sa base sur le dos.

Même si le mouvement était tenté par une participation au futur gouvernement, ce serait un gage que le vent ne tourne pas à son détriment, outre le fait qu’il semble avoir à cœur de  participer à la gouvernance de la période postélectorale qui est celle de la construction, de la consolidation des institutions démocratiques et de la mise en œuvre des grandes réformes socio-économiques.  

Les démocrates lui mettent aussi la pression, même s’ils le font jusque-là en rangs dispersés, le mettant en garde contre une erreur de calcul, qui ferait qu’il les lâche, en favorisant la victoire du candidat de Nida Tounes, qui aura ainsi tous les pouvoirs  entre les mains, à savoir le parlement et les deux têtes de l’exécutif à la Kasbah et à Carthage.

Le retour du parti unique, du monolithisme, du despotisme…cela donne des cauchemars aux démocrates, et à de larges strates de la société tunisienne, nonobstant les assurances données par le parti vainqueur au scrutin du 26 octobre quant à son ouverture sur ses rivaux politiques et son attachement au consensus et au dialogue dans la gestion de la future étape. Mais, le discours de campagne en est un, et le discours d’un parti aux commandes assis sur tous les fauteuils, c’en est un autre.

Maintenant, Ennahdha renvoie la balle dans le camp des démocrates, en remettant au goût du jour son initiative de candidat de consensus. Il appelle les rivaux politiques à s’entendre sur un candidat répondant aux exigences de l’étape, tout en exprimant son souci d’empêcher le retour de l’hégémonie et du parti unique. Un hic, néanmoins. L’initiative de Mustapha Ben Jaâfar lancée en pleine campagne électorale n’a pas l’air de fédérer autour d’elle, et de donner lieu à un candidat consensuel.

Les choses sont claires, s’il y un candidat unique qui devrait être désigné, ce serait parmi le trio Mustapha Ben Jaâfar, Moncef Marzouki et Néjib Chebbi. Le premier a exprimé ses dispositions à se désister, ce n’est pas le cas du président sortant et du candidat d’al-Joumhouri qui ne semblent pas prêts  à lui emboiter le pas. Le problème est que le temps presse, et la campagne suit son petit bonhomme de chemin. Ennahdha dit qu’il va continuer les consultations et annoncera son candidat à la présidentielle dans la semaine lors d’une réunion de Majless a-Choura.   
H.J.

 

Commentaires 

 
+1 #6 sont majeurs
Ecrit par Tounsi     04-11-2014 16:22
Réveille toi cher ami, le peuple Tunisien est toujours présent; il est l'unique responsable de son futur. Je me demande pourquoi on cherche a compliquer les choses. Il faut être droit et admettre la formule et la règle =====> C'est le peuple qui décide. autrement dit c'est le résultat du vote qui donne; point final.
 
 
+4 #5 falsifier
Ecrit par sportif     04-11-2014 13:25
La democratie n est autre que la falsification des votes entre autre selon les dires de M BCS lui meme non!
 
 
#4 Fini l'hégémonisme désuet!
Ecrit par Volvert     04-11-2014 12:51
Tous ces calculs et tergiversations ne sont que des tactiques mesquines pour se garder d'avoir à rendre des comptes sur leur collusion avec la terreur qu'ils ont encouragée de la bouche mème du gourou.
A force d'avoir tous les fers au feu, ils finissent par s' y bruler. Il est loin le temps où les islamistes se prenaient pour la légitimité révolutionnaire, ils se révèlent de piètres calculateurs tout juste préoccupés par leur propre sort. Par bonheur, quels que soient la majorité de demain et le président de la république, ils ne pourront plus imposer leur hégémonisme conservateur et leur moralisme désuet.
 
 
#3 analyse simpliste
Ecrit par Royaliste     03-11-2014 23:18
selon vous il y a 3 groupes:
nahdha, Nida et les démocrates ce qui sous entend que nida et nahdha ne sont pas démocrates...le 1er et le 2eme partie politique de la Tunisie ne sont pas démocrate!

le retour du partie unique? êtes vous sérieux? nida n'a même pas une majorité au parlement!

arrêtez d'être le relais de la propagande du CPR
 
 
+2 #2 MARZOUGUI
Ecrit par sportif     03-11-2014 19:52
Qui vote MARZOUGUI vote l equilibre entre les trois compartiments du pouvoir evite le retour de l’hégémonie et du parti unique...377370
 
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