Tunisie : Ennahdha ne sortira pas indemne de la crise actuelle ! |
Publié le Vendredi 15 Février 2013 à 17:44 |
Les clivages classiques qui ont caractérisé la scène politique depuis le 14 janvier, et qui se résument grosso modo en une polarisation entre Islamistes conservateurs et modernistes progressistes, se sont estompés depuis le mercredi 06 février pour donner lieu à une nouvelle dichotomie, inédite en Tunisie, entre partisans de l’initiative de Hamadi Jebali dont la quasi-majorité compte parmi ses adversaires politiques, et ses détracteurs issus de son propre mouvement et des partis alliés. La politique est connue pour être un milieu impitoyable, où la cruauté, l’opportunisme et la perfidie sont monnaie courante, mais à écouter les frères d’hier devenir les ennemis d’aujourd’hui, dans un parti qui se prévaut de son unité et sa discipline, il y a de quoi être déboussolé . Cette crise ouverte au sein d’Ennahdha entre un clan minoritaire, celui de Hamadi Jebali, et le camp majoritaire, incarné par de nombreux de ses caciques à l’instar de Rached Ghannouchi, Sahbi Atig, Abdelllatif Mekki, Amer Laârayedh et bien d’autres…va incontestablement affecter le mouvement islamiste, quelque soit l’issue de l’initiative de son Secrétaire Général. Ennahdha, une formation hétéroclite, traversé par plusieurs courants de pensée, est présenté par les siens comme un mouvement démocratique, où les différends sont réglés au sein des instances dirigeantes dont le conseil de la Choura, son instance suprême. C’est la première fois, depuis sa sortie de la clandestinité, et sa légalisation le 1er mars 2011, qu’une entorse est faite à cette règle. Le mouvement islamiste étale, ces dix derniers jours, ses litiges sur la place publique, et ses leaders s’en prennent à leur Secrétaire Général par médias interposés ; un fait qui a atteint son paroxysme le jeudi 14 février à l’Assemblée nationale constituante. Sahbi Atig et Habib Kedher ont adressé des critiques virulentes au "frère" Hamadi Jebali, et ont opposé une fin de non-recevoir, en la vilipendant, à son initiative de formation d’un gouvernement de technocrates. Il est vrai qu’Ennahdha est resté soudé pendant les années de braise. Samir Dilou, l’une de ses figures de proue, l’a affirmé ce vendredi sur Radio Kalima. Le ministre des droits de l’Homme et de la Justice transitionnelle a déclaré que son mouvement ne connaîtra pas de scission, rappelant qu’il ne s’est pas divisé pendant les années de plomb, les longues années du militantisme et à l’époque du régime Ben Ali. Hamadi Jebali a lui-même dit qu’il ne sera jamais à l’origine d’une scission à Ennahdha. Dans une interview parue le 11 février au Monde, il a déclaré : "Je ne partirai jamais avec un clan pour former un autre parti. Je reste le secrétaire général d'Ennahda, je ne compte pas le quitter, et si je le fais, ce sera pour d'autres raisons. J'ai 62 ans, et il y a des moments où il faut savoir dire stop". En dépit de ces déclarations, et sans avoir à jouer les cassandres, le mouvement Ennahdha ne sortira pas indemne de la discorde actuelle, qui intervient après un peu plus d’une année de son exercice du pouvoir. La clandestinité et les luttes militantes l’ont uni, alors qu’il était confronté à une répression féroce, car la priorité était la résistance à l’ancien régime et la préservation du mouvement à travers l’entraide entre ses membres. Le passage de la clandestinité à la légalité puis au pouvoir, s’est fait rapidement tant et si bien que le mouvement était en gestation, en reconstitution et en restructuration, au moment même où il était confronté à l’épreuve du pouvoir. Ce qui a, en effet, le plus manqué au mouvement islamiste lors de son règne au lendemain des élections, c’est un fil d’Ariane, une ligne conductrice de sa stratégie au pouvoir, de son projet politique, socioéconomique, culturel et sociétal. A l’inverse, Ennahdha montrait une certaine immaturité, s’enlisait dans les incohérences et donnait l’impression qu’il se souciait d’étendre sa mainmise sur les rouages de l’Etat, à travers des nominations basées plutôt sur l’allégeance que sur la compétence et le mérite ; comme s’il voulait prendre sa revanche d’un passé où il était littéralement mis au ban de la société. Une démarche qui s’est soldée par un échec, dont les raisons n'incombent certes pas à lui seul, mais aussi à la complexité de la conjoncture, à l’expérience de coalition, au rôle de l’opposition, et à plusieurs autres facteurs endogènes et exogènes. Depuis l'arrivée du gouvernement actuel, les choses n’ont cessé de s’aggraver, et la Tunisie a été confrontée à une succession d’écueils souvent dramatiques. Les choses ont dangereusement basculé le mercredi 06 février avec le meurtre du martyr Chokri Belaid, qui a plongé le pays entier dans un profond émoi, dont il ne sera pas remis d’aussitôt. Cet assassinat s’est greffé sur une crise politique aigüe, source de désespérance et de démoralisation ambiante. C’est là où l’annonce du chef du gouvernement pour la formation d’un gouvernement de compétences apolitiques a représenté une petite lueur d’espoir pour une sortie de crise. Personne n’est dupe. Les Tunisiens savent pertinemment que ce gouvernement ne va pas faire des miracles, mais ils attendent à ce qu’il puisse rassurer, mettre un terme aux tiraillements partisans fortement préjudiciables pour le pays, et apaiser un tant soit peu le climat général pour préparer les élections dans des conditions sereines. Mais, voilà qu’Ennahdha, dont la position compte le plus pour l’aboutissement ou non de cette initiative, la réfute catégoriquement. Sa réaction montre qu’il redoute les conséquences d’une telle démarche sur son image aux yeux de sa base et de ses électeurs potentiels. Ennahdha ne veut pas donner l’impression d’abdiquer et de sortir sur un échec. Il appréhende une défaite aux prochaines élections, alors qu’il s’est toujours persuadé que son règne s’inscrira dans la durée. Le mouvement fait des calculs partisans et électoralistes, et ne semble pas prêt à faire des sacrifices, ou à donner raison à l’opposition, qui trouve clairement son bonheur dans l’initiative du chef du gouvernement. On est là en plein jeu politique, qui ne concorde guère avec l’intérêt suprême du pays. Au stade où en sont les choses, tous les signes montrent que l’initiative de Hamadi Jebali pour un gouvernement de compétences apolitiques sera étouffée dans l'œuf. Des bruits évoquent un possible compromis entre Ennahdha et son Secrétaire Général, pour un gouvernement de coalition composé de figures politiques et de technocrates. Espérons que ce sera le cas, et qu’on arrivera demain à connaître un début d’épilogue à ce triste feuilleton dont la Tunisie pâtit lourdement. H.J.
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Commentaires
Ecrit par mokh 17-02-2013 18:52
Ghannouchi ne rever jamais du pouvoir, donc il ne peut jamais maintenant le ceder . Ghannouchi a une emission de larabie et de Qatar il doit wahabisier la Tunisie, si non sa tete sautera.il a peur des etrangers et pas de Tunisiens, il aura le meme sort que BEN ALI.
wait and see
Ecrit par Montygolikely 17-02-2013 11:40
Ecrit par ahla.com 17-02-2013 10:51
ni l'opposition ni cet ennehdha soit disant islamiste.
chacun veut faire de cette tunisie son territoir de pouvoir .
pour quoi ??? la raison est simple ...c'est un peuple qui n'a jamis connu la famine , la pauvreté et la guerre .
alors pensez vous tous le monde croit qu'il ya des richesse cachés et qu'il y aura toujours de quoi se remplir les poche ..
soyant passient ...
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la fin est pour bientot ........tous les partis vont se trouver nez a nez face a la misére .
en ce moment la ....l'interret supreme de la tunisie sera visiblement bien clair.
Ecrit par khammous 15-02-2013 22:53
ILS NE QUITTERONT JAMAIS LE POUVOIR
Ecrit par Royaliste 15-02-2013 19:13
la preuve est la devant nous.