Tunisie : Ennahdha fait durer le suspense, l’incertitude est à son comble !

Publié le Mercredi 20 Février 2013 à 17:12
Ghannouchi et d'autres dirigeans d'Ennahdha chez Moncef Marzouki (Photo Présidence)La crise politique en Tunisie a atteint mardi 19 février 2013 son point culminant avec la démission de Hamadi Jebali de la présidence du gouvernement, suite à l’échec de son initiative de formation d’un gouvernement de compétences apolitiques. Aujourd’hui, le rôle de l’actuel gouvernement se limite à expédier les affaires courantes, et à parer au vide politique et institutionnel en attendant la formation d’une nouvelle équipe gouvernementale censée conduire la Tunisie aux prochaines échéances électorales.

La grande question que la classe politico-médiatique pose avec insistance depuis hier est de savoir si Hamadi Jebali est le candidat d’Ennahdha à sa propre succession. Sur ce point, le mouvement islamiste fait durer le suspense, et s’en réfère à son incontournable majless al-choura (Conseil consultatif) qui soit entérinera la candidature du chef du gouvernement sortant, soit décidera de son remplacement. Depuis hier, le parti de la majorité pavoise, par la voix de plusieurs de ses dirigeants, d’être un vivier de compétences dont le talent vaut, sinon dépasse celui de son Secrétaire Général. L’hypothèse qu’il ne retire sa confiance au chef du gouvernement démissionnaire devient, pour ainsi dire, de plus en plus probable.

Reconduction sous conditions
Les leaders d’Ennahdha expliquent à l’envi dans les médias les principes du nouveau contrat entre le mouvement et son Secrétaire Général. "Hamadi Jebali serait notre candidat pour former le nouveau gouvernement à condition qu’il accepte de diriger une coalition politique. S’il le refuse, le mouvement désignera un successeur parmi les nombreux candidats à ce poste", disent-ils. Parmi les prétendants, les noms de Noureddine Bhiri, Ali Laârayedh, Abdellatif Mekki, et bien d’autres circulent.

De son côté, le chef du gouvernement démissionnaire a assorti sa reconduction à son poste, à  la condition que "le futur gouvernement soit véritablement au service du peuple, et qu’il se consacre véritablement à l’exécution d’un programme clair, loin des tiraillements". Hamadi Jebali a exigé une feuille de route comportant un calendrier de la rédaction de la constitution, et de la tenue des élections et réclamé un dialogue national sans exclusion, en se disant toujours persuadé de la pertinence de son initiative avortée. Le tout est de faire concorder les exigences d’Ennahdha, avec celles de son Secrétaire Général, chose qui ne semble pas aussi évidente, au point où en sont les positions d’un côté, comme de l’autre.

Au moment où Ennahdha marque ses distances avec Hamadi Jebali, ce dernier est tenu en haute estime par les partis d’opposition à l’instar d’al-Joumhouri et d’al-Massar, soutenu par les partenaires sociaux, et sa cote de popularité est en progression. Le chef du gouvernement sortant est perçu, aux yeux d’une majorité des Tunisiens, comme une personnalité politique consensuelle, fédératrice et sincère. Des atouts qu’il a su confirmer lors de sa sortie du mercredi 6 février, où il a réussi à s’affranchir des pesanteurs partisans, pour enfiler la stature d’un homme d’Etat. Il a annoncé ce jour-là une initiative à même de désamorcer un tant soit peu l’état de choc dans lequel était plongée la Tunisie, après le meurtre odieux du défunt Chokri Belaïd.

Mais, une hirondelle ne fait pas le printemps. Hamadi Jebali aurait compris à ses dépens que sa détermination de privilégier l’intérêt suprême du pays, ne pouvait pas avoir raison de son puissant parti qui n’accepte pas qu’on lui marche sur les pieds. Même si l’appréciation d’Ennahdha et son niet catégorique à un cabinet de compétences indépendantes des partis peuvent-être compris selon un angle partisan et électoraliste, ce qui ne peut pas l’être, est sa propension à faire valoir l’intérêt du parti sur l’intérêt du pays. On a, en effet, comme l’impression que le crédo du parti au pouvoir est Ennahdha d’abord, la Tunisie ensuite. Sinon comment expliquer que le mouvement refuse de consentir des sacrifices pour le bien du pays, et pour servir le vrai consensus, dont il n’arrête pas de chanter les louanges.

Quoiqu’il en soit, la Tunisie est actuellement devant une épreuve difficile, l’impératif est d’aboutir à une sortie honorable qui permettra de recoller les morceaux, et de s’acheminer vers les prochaines élections sans grands soubresauts. Les dirigeants d’Ennahdha et leurs alliés ont beau minimiser de la gravité de la situation en soutenant que les choses continuent à fonctionner normalement, que le pays se porte bien et que le soleil se lève chaque jour sur nos contrées, la Tunisie est bel et bien aux prises avec une crise et son image dans le monde est profondément écornée. Depuis l’assassinat de Chokri Belaïd, notre pays est à la une de tous les médias étrangers écrits et audiovisuels qui évoquent la crise, l’imbroglio, l’impasse, l’échec, le blocage…ce qui n’est pas de nature à faire revenir touristes et investisseurs, et nous attirera encore plus les foudres des agences de notation. Standard & Poor's n’a pas hésité mardi à dégrader de nouveau la note souveraine du pays qui a vu le déclenchement de la première étincelle du printemps arabe.

Seule la formation d’un gouvernement consensuel, bénéficiant d’un large soutien politique, est en mesure de réinstaurer la stabilité et d’envoyer les signaux positifs à l’intérieur et à l’extérieur. A défaut, notre pays risque gros. Quant à ceux qui pensent que la crise actuelle est ordinaire en démocratie, invoquant les exemples de la Belgique qui est restée longtemps sans gouvernement stable, de l’Italie qui enchaîne les crises politiques, ou encore de la Grèce...on leur dit simplement que ces pays se prévalent d'une démocratie ancienne et ancrée, qui plus est sont appuyés par la puissante Union européenne. La Tunisie, elle, vit une transition démocratique chancelante dont le devenir est de plus en plus incertain. La différence est de taille, y a pas photo.
H.J.


 

Commentaires 

 
-1 #7 pourrons-nous faire mieux
Ecrit par souilah     21-02-2013 12:06
la question qui se pose
est ce que les PDP, massar, jabha et autres pourront faire mieux a part mettre les bâtons dans roues et le matraquage médiatique du gouvernement on a rien vu. nous sommes des tunisiens et on se connait très bien tout le monde et on connait les capacités et les moyens de chacun d'entre nous on n'est pas dupe à ce point. la scène politique en Tunisie est à l'image de la réalité de notre société ( trop de magouilles, malhonnêteté, hypocrisie et du trafic....). bref il faut des Hommes pour sauver ce pays et non des charlots.
 
 
+2 #6 RE: Tunisie : Ennahdha fait durer le suspense, l’incertitude est à son comble !
Ecrit par Montygolikely     21-02-2013 11:56
Quand on est incapable, il n'y a rien à faire, on reste incapable...
 
 
+2 #5 Nahtha out.
Ecrit par tounes elhora     21-02-2013 00:24
Degage elnahtha.
 
 
+2 #4 Criminels
Ecrit par mokh     20-02-2013 19:33
Une bande des crimils, ils ne regadent que leurs interrets personnels ( Les chaises )le pays a un dieu qui le potege.
 
 
+1 #3 un butin ne se partage pas
Ecrit par Royaliste     20-02-2013 19:23
nahdha a été maltraité par BenAli (a cause des attentats) aujourdhui ils prennent une revanche sur la Tunisie et les tunisiens.

le seul projet qu'ils ont présenté et celui du hold up de 700 Milliards pour 'dédomager' leur équipe, ensuite ils se sont partagés les postes comme un butin.

il faut savoir que l'avenir de la Tunisie leur importe peut, ils ont tous la double nationalité , ils ont des entreprises en Europe, leurs enfants, leurs familles sont en Europe, ils n'ont meme pas changé leurs adresses.

bien naif celui qui pense que nahdha veut démocratiser la Tunisie
 
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