Tunisie : Ennahdha a subi un lourd préjudice du terrorisme (Ghannouchi)

Publié le Jeudi 20 Février 2014 à 16:11
Rached Ghannouchi au micro d'Ahmed Mansour sur al-Jazeera. Le président d’Ennahdha a affirmé qu’il y a un danger terroriste en Tunisie, qui a attenté à la vie de dizaines de Tunisiens. "Certes la Tunisie n’est pas l’Afghanistan, ni l’Irak, mais il y a des leaders politiques qui ont été assassinés, ainsi que des officiers, des soldats et des agents sécuritaires". A ses yeux, "il ne faut ni minimiser, ni amplifier le terrorisme", mais l'affronter "en rangs resserrés". Il a déploré la volonté chez certains "d’instrumentaliser cette catastrophe", en soutenant qu’"Ennahdha a enfanté le terrorisme". Or, "il n’y a pas un parti qui en a subi un plus lourd préjudice qu’Ennahdha, le terrorisme a fait tomber ses deux gouvernements de Jebali et de Laâridh".

Rached Ghannouchi a affirmé que son parti a quitté le pouvoir pour faire réussir la transition démocratique en Tunisie. "Il n’est pas coutumier qu’un parti élu quitte le pouvoir, sauf après d’autres élections qui lui retirent la majorité". Dans le cas d’Ennahdha, "le pouvoir ne nous a pas été retiré ni par des élections, ni par une révolution, et encore moins par un putsch mais par notre prise de conscience que notre maintien au pouvoir veut dire que le choix démocratique ne réussira pas en Tunisie. Cela aurait donné une occasion au terrorisme, et à davantage de déchirement au sein de la population", a-t-il dit, ajoutant "nous avons peut-être perdu le pouvoir, mais nous avons gagné la Tunisie".

Il a récusé toute dissension au sein d’Ennahdha (suite à sa décision de quitter le gouvernement), "car les politiques sont jugées à l’aune des résultats". "Les Tunisiens sont aujourd’hui soulagés, et sont contents qu’Ennahdha ait fait des concessions pour la Tunisie. Si cela est considéré comme une perte pour Ennahdha, c’est un gain pour la Tunisie", a-t-il martelé.  "Les Tunisiens se félicitent d’avoir la meilleure constitution de leur histoire, d’être parvenus à un consensus national à travers le dialogue. Nous avons dialogué pendant six mois, et le dialogue était par moments au bord du précipice, mais on est parvenu, en fin de parcours, à des réussites importantes. Ce qui a été réalisé en Tunisie est exceptionnel dans le mode arabe, avec l’expérience du dialogue national, du consensus et de la démocratie participative", a-t-il affirmé.

"Toute conduite religieuse imposée par l’Etat n’a aucune valeur"

Sur les accusations adressées à son mouvement de s’être détaché de ses constantes islamiques, Ghannouchi a rétorqué qu’"il y a un courant modéré au sein du mouvement islamique qui n’est pas propre à Ennahdha. Sa modération tient au fait qu’il ne monopolise pas l’Islam, qu’il ne se considère pas comme étant porte-parole de l’Islam, qu’il refuse la violence comme moyen d’accéder au pouvoir et reconnait le pluralisme politique. Ennahdha constitue un fondateur principal de ce courant", a-t-il dit.

"Avant l’arrivée d’Ennahdha au pouvoir, la prière était un signe de discrimination. Celui qui fait la prière était accusé d’être Khouanji (appellation lancée naguère pour qualifier les islamistes)  intégriste au point que les fonctionnaires et hommes d’état cachaient leur religion. Ennahdha a assuré la liberté pour tous les Tunisiens", a-t-il déclaré, attestant que ce n’est pas du ressort de l’Etat d’imposer un quelconque modèle à la société. "Nous ne considérons pas que le rôle de l’Etat est d’imposer la religion, le rôle de l’Etat est de préserver l’ordre public, la justice, la liberté, et de rendre des services aux citoyens. Que les gens fassent la prière ou non, portent le voile ou non, boivent l’alcool ou non, cela relève de leur liberté. Ce qui est clair est qu’il n’y a pas de contrainte dans la religion", a-t-il expliqué, en citant deux hommes contemporains,  importants dans le mouvement islamique, en l’occurrence Saïd Qotb et Abu Ala Mawdudi, qui ont défini l’Islam comme étant "une révolution émancipatrice globale". "Toute conduite religieuse qui est imposée par l’Etat n’a aucune valeur, tout acte de foi qui n’émane pas de la liberté de l’homme n’a pas de valeur auprès de Dieu", a-t-il insisté.  

Interrogé sur le fait que le mouvement Ennadha soit un parti fermé et recroquevillé sur lui-même, Ghannouchi a reconnu qu’il y ait des traditions de l’action partisane au sein de son mouvement liées à la période de clandestinité. "Nous avons passé 30 ans dans l’action clandestine, et cela laisse des séquelles psychologiques chez ceux dont on a voulu infiltrer le parti par les appareils sécuritaires. C’est ce qui fait qu’ils se comportent avec les gens avec suspicion, alors que l’on devrait faire confiance aux gens et s’ouvrir sur eux", a-t-il dit en substance.

Rached Ghannouchi s’est défendu qu’Ennahdha soit un parti sclérosé. "Le mouvement a accepté depuis 1981 la démocratie, avec l’ensemble de ses mécanismes". Il a reconnu que son mouvement est traversé par plusieurs courants,  "celui qui pousse vers l’avant, celui qui tire vers l’arrière pour parvenir enfin à des solutions médianes".
Gnet

 

Commentaires 

 
+1 #4 Nos enfants ?
Ecrit par Tounsi en France     22-02-2014 16:33
Ce monsieur nie ses enfants avec qui il a discuté en cachette !
Il les a couverts en les laissant faire des activité sportives dans les montagnes !
Il n'est pas crédible , il cherche à ruiner le pays en imposant l'islam du 7ème siècle !
Le pays ira mieux après leur départ définitif des rouages de l'état !

Bourguiba et même Ben Ali avaient raison d'écarter ces voyous et menteurs de la politique !
 
 
#3 ALLAH YERHAMHOM
Ecrit par Tunisien     21-02-2014 19:52
Si on change du mauvais vers le bénéfique DIEU pardonne. Pour un Tunisien il dit toujours, (ALLAH YERHAM ELLI MATOU AZEZ A LA TOUNES) et puis on continue, l’essential aujourd’hui pour la Tunisie c’est de cheminer sur la bonne voie. Donc derrière et comme support, il faut avouer la réalité et être loin de processus qui mène a la mauvaise situation.
 
 
+2 #2 (...)
Ecrit par Royaliste     20-02-2014 20:57
la victimisation, c'est une tactique gagante. comme les sionistes, ils tuent et jouent a la victime.

sous Bourguiba, (...)s, preparent un coup d'Etat et quand ils se font prendre jouent aux victimes.
ensuite BenAli les libére et les utilise et quand ils essayent de le renverser ils leur paye des 'exils' dorés en Europe.

23 ans que le contribuable tunisien paye leur exils a Londres.

aprés, ils vident les prisons, installent des camps (...), nomment leurs proches aux postes clefs, arrose le pays en arme...ce sont nos enfants, ils me rappélent ma jeunesse...

ce ne sont pas les dizaines de tunisiens égorgés par leurs milices, pas les dizaines d'orphelains...non la victime c'est eux et ses poulains qui ont perdu leur emplois..

nahdha est victime de son incompétance et de sa violence.

(...)
 
 
+1 #1 Bonimenteur et manipulateur.
Ecrit par volvert     20-02-2014 20:53
Fieffé manipulateur, ce monsieur, qui prétend avoir laissé le pouvoir de bonne grace. La tactique des parrains du terrorisme consiste à s'en distinguer par la parole après l'avoir installé dans le pays.
Souvenez-vous, monsieur Ghannouchi, de vos encouragements et vos conseils prodigués aux activistes afin qu'ils essaiment partout...
Ils ont occupé mosquées, universités, et se sont installés durablement dans des quartiers populaires jouant de la misère et de la crédulité des pauvres. Au bout, ils en ont fait des bases de la terreur.
Mais, c'est vrai, la mémoire vous manque pour cela. Vous préférez le role de bonimenteur dans lequel vous excellez!
 
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