Tunisie : Ennaceur va-t-il tenter de faire retourner Chahed dans le giron de BCE ?

Publié le Mercredi 12 Septembre 2018 à 16:40
Un tête-à-tête est attendu demain, jeudi 13 septembre, entre le président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), et le chef du gouvernement,Youssef Chahed. Il tournerait, vraisemblablement, autour du dossier Hakl El Menzel, et des révocations au sein du ministère de l’Energie dissous, au sujet desquels le premier avait demandé des explications au second, mais ce n’est pas tout, les deux hommes aborderaient la crise politique la manière dont ils perçoivent l’issue, et les intentions des uns et des autres. Et là, c’est l’incertitude la plus totale qui règne ; un fuseau d’indices montre que tout le monde est en train de naviguer à vue, et que l’irrésolution touche le sommet de l’Etat.

Face aux rapports de plus en plus crispés entre les deux têtes de l’exécutif, Mohamed Ennaceur serait en train de jouer le conciliateur, et s’il est nécessaire le réconciliateur, a fortiori que les trois présidents sont issus du même parti politique. Le chef du perchoir est proche du président de la république. Les deux vieux routiers de la politique, et deux anciens ministres de Bourguiba entretiennent de bons rapports. Mohamed Ennaceur doit son retour en politique et sa propulsion aux plus hautes fonctions de l’Etat à BCE, et lui témoigne, pour ce faire, gratitude et loyauté.

Dans le conflit qui oppose les deux chefs de l’exécutif, Ennaceur prend clairement position pour BCE, mais semble entretenir des rapports cordiaux avec Youssef Chahed. Son rôle, naturel, serait de désamorcer la tension entre les deux hommes, et peut-être tentera-t-il de freiner les ambitions du jeune chef du gouvernement et de l’inciter à revenir au giron du président de la république.  

Devant, lui aussi, son ascension politique au chef de l’Etat, qui lui a fait confiance et à donné à travers lui, sa chance à la jeunesse, comme le reconnait lui-même, Youssef Chahed semble avoir atteint un stade où il ne peut plus faire marche arrière. Une abdication face au locataire de Carthage, signifierait une capitulation face à son fils, chose qui serait inadmissible, pour les raisons connues de tous. 

Le chef du gouvernement qui s’est mis sur le dos une majeure partie du paysage politique, sur fond d’un climat préélectoral qui annonce le ton et la violence de la prochaine campagne, semble creuser ses sillons, et préparer son avenir politique à pas sûrs. Il tire sa force d’une certaine crédibilité auprès de l’opinion publique, qu’il a réussi à bâtir depuis qu’il a lancé sa guerre contre la corruption.

L’homme réussit aussi, manifestement sans faire beaucoup d’efforts, à fédérer des partisans et des soutiens au sein de sa famille politique. Hormis ses sympathisants au sein de Nidaa Tounes, il est parvenu à polariser des figures de proue de Machrou Tounes, et il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.

Sur ce point, Youssef Chahed serait en train de jouer à quelques différences près le jeu de Macron, celui qui est venu de nulle part pour devenir président de la France, et de changer les termes du débat politique, lui qui pense, comme il l’a souvent souligné, que les gens en ont assez des tiraillements et des querelles politiques, et réclament un débat de fond sur les questions qui les préoccupent et les réformes qui sont de nature à redresser le pays.

Là où Nidaa, Machrou… qui s’apprêtent à annoncer leur rapprochement parlementaire auront à focaliser leur campagne sur la polarisation idéologique, la laïcité, les questions identitaires…et à faire des prochaines élections un remake des précédentes, lui recentrait le débat sur le fond, soit les réformes économiques et sociales, la guerre contre la corruption, le pouvoir d’achat, le volet sécuritaire etc., sans oublier la thématique des libertés.

Le candidat Chahed jouera, comme il a tenté de le faire à l’inverse de ceux qui l’ont précédé, la carte du pragmatisme, et fera valoir la voie du centre, le nom de la petite formation politique avec laquelle il a fait timidement son entrée en politique an lendemain de 2011. Reste à savoir, dans quelle position mènera-t-il son éventuelle prochaine campagne, est-ce en étant dedans, ou en dehors de la Kasbah.

Gnet  

 

Commentaires 

 
#1 deception
Ecrit par hamada     13-09-2018 08:47
actuellement et au vue de ce qui s'est passe youssef echahed est entrain de se forger une belle armure politique
le jeune chef de gouvernement comme un petit garçon a qui on apprend comment marcher ne se contente de plus de marcher plus tôt il apprend a s'envoler
alors je vois très mal comment ce jeune chef s'en remettra a son vieux chef qui comme un vieux lion n'a plus la force de contrôler son clan
bonne continuation si youssef personnellement je suis séduit par ce jeune chef mal gres les fautes qu'il a commis
mais je considère que sa guerre contre les essebssi est synonyme de réussite
 
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