Tunisie : Des mécanismes innovants pour réduire le chômage des jeunes |
Publié le Lundi 15 Janvier 2018 à 17:05 |
Au 7ème anniversaire de la révolution, la jeunesse est toujours au centre de l’équation, frappée qu’elle est par le chômage, la marginalisation et la misère. Ces facteurs mêmes qui l’ont incitée à se soulever il y a sept ans, pour réclamer emploi, dignité et justice sociale, sont toujours là, et se posent même avec une plus grande acuité. Principaux artisans de la révolution, les jeunes tunisiens ont réussi à faire tomber l’ancien régime, et ont été à l’origine d’un changement politique, social, et anthropologique fulgurant, sans pour autant parvenir à en recueillir les fruits et à transformer un vécu, de plus en plus difficile, incitant à la désespérance et à l’abattement. Du Nord au Sud, et d’Est en Ouest, avec un triste record dans les régions intérieures reculées, le syndrome du désœuvrement épargne peu les 25 – 45 ans, ceux qui sont au mieux de leur forme et de leur capacité à travailler, et à produire. Pendant la contestation sociale de ce début d'année, les jeunes se sont exprimés de nouveau pour dire leur désarroi devant une situation qui perdure, des années qui défilent, et une vie qui passe sans qu’ils n’entrevoient les signes d’un quelconque renouveau. La détresse est plus grande dans les régions défavorisées, celles de l’Intérieur, ou de la périphérie du Grand-Tunis et des grandes villes, où le minimum de commodités, de services publics ou de tissu économique fait défaut. Tel un arrêt sur image, la scène est identique d’un endroit à un autre, une jeunesse qui respire l’oisiveté, le besoin et l’amertume à pleins poumons, devenant une proie facile à toute forme de dérives. Selon les chiffres officiels, le pays compte plus de 620 mille chômeurs dont 40 % diplômés du supérieur. Un chômage aux causes structurelles dû à une inadéquation entre les profils des diplômés et les besoins du marché de l’emploi. Certaines universités tunisiennes sont hélas des usines à chômeurs, et leurs produits peinent à s’insérer dans la vie active. La conjoncture économique difficile, marquée par un ralentissement de l’activité, un repli de l’investissement et une faible croissance, n’est pas pour favoriser la création d’emplois, loin s’en faut. Avec plus de 600 mille fonctionnaires, la fonction publique est saturée et n’est plus en mesure d’accueillir de nouvelle recrues. 25 % de la population active, un actif sur quatre a pour employeur l’Etat, qui au cours de ces deux dernières années, a gelé les nouveaux recrutements dans la fonction publique, au nom de l'austérité dictée par la nécessaire compression des dépenses, préalable à l’assainissement des finances publiques, en situation de grave déséquilibre. Dans un dialogue interactif avec des jeunes chômeurs, tenu dimanche 14 janvier au centre de formation sectoriel à Den-Den (Manouba), Youssef Chahed a décliné la stratégie du gouvernement pour la relance de l’emploi en 2018, évoquant les politiques actives de l’emploi dont l’auto-entreprenariat, la préparation d’une nouvelle génération de promoteurs, et la promotion du microcrédit. En vertu de ces nouveaux mécanismes, le jeune promoteur pourra bénéficier d’un autofinancement de la BTS allant jusqu’à 150 mille dinars. L’Etat lui garantit un marché cadre sur trois ans, dont le volume des transactions peut aller jusqu’à 600 mille dinars. Ainsi, des petites entreprises peuvent voir le jour dans les métiers verts, l’environnement, l’équipement, l’agriculture et on en passe. Des dispositions ont été prises pour faciliter les procédures devant ces promoteurs en herbe en vue de leur permettre de réaliser leurs projets avec la célérité requise, a-t-il assuré. Chahed a loué l’initiative privée qui demeure, malgré les difficultés, une solution importante, signalant que les microcrédits ont permis de créer des micro-entreprises qui sont devenues aujourd’hui prospères. Le gouvernement a alloué une enveloppe de 100 millions de dinars pour financer les petits projets à travers les microcrédits dans la loi de finances 2018, a-t-il dit. L’inversement de la courbe du chômage reste néanmoins difficile. Le locataire de la Kasbah le reconnait, tout en se voulant rassurant sur le dynamisme attendu du marché du travail, une fois les objectifs de son programme économique auront été atteints, et la croissance aura été au rendez-vous. Un point de croissance permet en effet la création de 16 mille postes d’emploi, a-t-il rappelé. Gnet
|
Commentaires
Ecrit par Touness elhora 16-01-2018 17:43
Ecrit par Sled 16-01-2018 05:14
Ecrit par Jertiland 15-01-2018 19:05