Tunisie : Des experts prônent des sanctions contre la violence sur Internet !

Publié le Jeudi 21 Février 2013 à 16:42
L’Association Tunisienne de Droit de l’Informatique et de l’Internet a organisé ce matin à Tunis une conférence au sujet de la violence sur internet. Un sujet chaud, depuis que le web est devenu une vaste cour de récréation, de réflexion ou d’échange, selon la conception de chacun.  Il y a un an, l’agence Sigma Conseil, recensait près de 3 millions de comptes d’utilisateurs Facebook en Tunisie ! Plus que le Maroc, qui lui a trois fois la population de la Tunisie.  C’est sans compter les comptes Twitter,  youtube, Google+ et autres réseaux de communication sur internet. Autant dire que le Tunisien est épris, sinon dépendant de l’échange virtuel, qui avouons-le,  lui a servi à faire tomber un régime totalitaire de plusieurs décennies, un certain 14 janvier 2011.

«Cet espace virtuel est grandiose et vital, et il marquera l’histoire de l’humanité. Aujourd’hui, nous parlons du problème du chômage, imaginez qu’Internet possède aussi des solutions à ce sujet. Il existe un site internet qui emploi 40 millions de personnes à travers le monde. Le commerce, le tourisme, les sciences font que nous devrions pénétrer cet espace et en tirer  profit…Internet a certes ses inconvénients, mes ces inconvénients ne devraient pas nous faire revenir à la censure et à l’autocensure, mais il faut qu’il y ait une autodiscipline et une responsabilisation qui revient aux parents, car l’erreur  sur internet est subjective », indique Imed Ben Ahmed, juriste et membre de l’association.

Le président de l’association a attiré l’attention sur une réalité que certains négligent ; La présence d’enfants mineurs sur les réseaux sociaux, notamment Facebook. «Des enfants âgés de 8 ou 9 ans qui ont des comptes sur Facebook, sont-ils conscients de ce qu’ils font, qui sont leurs amis, est-ce que leurs parents les supervisent » s’est-il interrogé. Une question cruciale si l’on désire bâtir une société saine, et veiller à l’équilibre de la jeunesse.

« Après le 14 janvier, plusieurs dépassements ont lieu, des appels à la violence, des violences verbales et des incitations à la haine...C’est devenu comme un terrain de guerre… Tout dépassement devrait être sanctionné comme partout dans le monde. Cette rencontre devrait être l’occasion pour poser une législation dans ce sens », a indiqué Barnat Chamseddine Ethani, juriste et membre de l’association.

Un autre juriste, Hichem Snoussi a ajouté "Si vous regardez bien, vous allez trouver que toute violence est porteuse d’idéologie, et donc c’est une violence organisée… La question de la censure ne mène nulle part, souvenons-nous qu’internet a été une alternative au peuple tunisien, lorsque les médias classiques étaient au service de la propagande du régime. La question de la régulation est toutefois posée, une question qui a été refusée par le gouvernement Caïd Essebsi et le gouvernement de la Troïka. Car le rôle d’un média qu’il soit classique ou électronique, est de contrôler et de questionner le pouvoir en place et non pas le contraire. Dans ce cas là,  il demeure un vide juridique. On pourrait penser à l’alternative des commissions indépendantes comme la CSA en France…En Tunisie, une commission similaire pourrait être composée de journalistes proposés par le syndicat,  de juristes et d’experts en la matière par exemple», explique-t-il, ajoutant que le principe de base consiste à trouver une formule et des lois, qui protègent la liberté d’expression, « car au final celui qui appelle à la violence et à la haine, est contre la liberté d’expression et contre toute forme de démocratie », dit-il.

La  directrice de l’Ecole supérieure d’économie numérique d’ajouter : « Il faut faire attention à ce qu’on aime sur Facebook, un simple clic sur « j’aime », pourrait signifier que l’on cautionne un appel à la violence, ou un acte diffamatoire », dit-elle.

Lors des deux journées 21 et 22 février 2013, l’Association planche sur la question de l’utilisation saine d’internet, surtout chez les plus jeunes, qui sont les plus vulnérables.  Cette campagne sera menée dans les écoles et les lycées et sera sous le slogan "Connecti amma Respecti".

L’association a prévu un nombre de supports pédagogiques, dont un guide pour les parents avec 10 conseils pour mettre en garde leurs enfants face aux dangers d’Internet et un passeport internet pour les enfants qui leur serviront de guide pour une navigation en toute sécurité.

Chiraz Kefi

 

Commentaires 

 
#1 Problème délicat
Ecrit par Ben Whirlpool     23-02-2013 08:39
En France aussi, des voix se font entendre pour réprimer les incitations à la haine etc. sur Internet.
Le problème est que ce réseau a été conçu dans un but exactement inverse: il n'en existe pas vraiment de gouvernance centralisé, la plupart de ses protocoles ne spécifient pas de mécanisme de modération, etc. Au-delà de la question éthique, il n'est pas vraiment possible de réguler l'accès au Net sans mesures réellement antidémocratiques.

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