Tunisie : Des décisions audacieuses sont attendues sur le dossier libyen

Publié le Mercredi 30 Juillet 2014 à 13:50
Mongi HamdiMongi Hamdi a annoncé ce matin que la cellule de crise chargée de la Libye va se réunir aujourd’hui au ministère des Affaires étrangères, et va soumettre "des recommandations audacieuses pour la sécurité et la stabilité de la Tunisie", au comité sécuritaire présidé par le chef du gouvernement. Le ministre n’a pas exclu la fermeture des frontières tuniso-libyennes, si la situation sécuritaire chez notre voisin du Sud dégénère.

Le ministre des Affaires étrangères a encore déclaré, lors d’un point de presse, que la Tunisie, dont la situation économique est fragile, "n’est pas en mesure de supporter des centaines de milliers de réfugiés, qui s’ajouteront aux Libyens séjournant dans nos contrées estimé à plus d’un million".

Le chef de la diplomatie tunisienne a qualifié  ce mercredi matin l’escalade en Libye de dangereuse. "La situation en Libye connait une escalade sécuritaire dangereuse, et  des accrochages violents entre de nombreux  groupes qui rivalisent pour maîtriser l’aéroport de Tripoli et pour maîtriser Tripoli même, outre les violents affrontements à l’Est de la Libye notamment à Benghazi, visant à en prendre le contrôle, ainsi que du pétrole", a-t-il souligné dans une interview à Shems.  

La Tunisie s’attendait à une telle dégradation sécuritaire en Libye, et a mené d’emblée des concertations avec les pays concernés par la question libyenne en vue de trouver un moyen d’inciter au dialogue inter-libyen en Libye, a-t-il souligné, jugeant encore possible un tel dialogue. "Seule la solution politique est susceptible de sortir la Libye de la crise actuelle".

Il a ajouté que la Tunisie traite le problème libyen avec le même intérêt et au même titre que les problèmes tunisiens, mettant en garde contre les importantes répercussions sécuritaires, économiques, sociales et politiques (s’agissant d’influencer les élections) de la situation libyenne sur la Tunisie.

La situation en Libye est difficile et complexe, a-t-il reconnu, n’excluant pas le scénario de somalisation dans ce pays. "On espère que la sagesse prenne le dessus sur la logique militaire, sinon, on aura la Somalie et plus que la Somalie", a-t-il prédit.  

Le ministre a insisté sur le caractère indissociable de la situation en Tunisie et en Libye, soulignant que la stabilité de la Tunisie est tributaire de celle de la Libye et  vice versa. "Notre économie ne sortira pas de l’ornière, si la situation en Libye ne se stabilisera pas", a-t-il admis, ajoutant que les investisseurs étrangers attendent en nombre pour se rendre en Tunisie mais se gardent de venir, à cause de la situation sécuritaire en Libye.

Selon ses dires, la Tunisie ne ménage aucun effort pour aider les Libyens à arrêter l’hémorragie des affrontements militaires et commencer un dialogue inter-libyen, écartant la possibilité qu’un tel dialogue ait lieu en Tunisie. "Notre position est la tenue d’un dialogue inter-libyen en Libye. Si on rentre dans un dialogue national, ce sera une aventure dont on ne sait pas comment en sortir. Quelles sont les parties que l’on va inviter, et celles que l’on ne va pas inviter", a-t-il dit, signalant qu’il existe des parties libyennes qui n’ont pas le droit d’accéder à notre territoire.

Le ministre a fait savoir que le dialogue entre les autorités tunisiennes et la partie gouvernementale en Libye s’est rompu au cours de ces derniers jours. "La communication officielle de la Tunisie se fait avec la partie gouvernementale en place, mais malheureusement, au cours des tous derniers jours,  il n’y a plus de contact. J’ai essayé, moi-même, de contacter le ministre des Affaires étrangères libyen, à plusieurs reprises, mais je n’ai pas pu le joindre au cours des deux derniers jours," a-t-il indiqué.  

Hamdi a confirmé que la  Tunisie est le seul pays limitrophe de la Libye dont les frontières sont encore ouvertes, "mais ceci n’empêche pas de fermer les frontières, si l’intérêt national le requiert".

"S’il y a une guerre en Libye, et on laisse les frontières ouvertes,  on prévoit que des centaines de milliers voire de millions affluent vers la Tunisie. Notre économie ne le supporte pas, tout autant que notre sécurité. Ce sera une occasion pour les terroristes, ceux qui ne veulent pas la stabilité de la Tunisie et certains qui cherchent à importer le conflit en Tunisie d’entrer, c’est pourquoi, on doit faire preuve de rigueur", a-t-il affirmé.

"A l’heure qu’il est, il n’y a pas de danger, on a élevé le niveau d’alerte et on a pris des précautions mais si les choses se compliquent davantage,  on prendra plus de précautions", a-t-il dit, soulignant que nos unités sécuritaires et militaires sont en état d’alerte sur les frontières pour faire face à toutes les éventualités.

Hamdi a estimé le nombre de Tunisiens actifs dans les groupes armés libyens, à des centaines, tout en gardant à donner des estimations exactes, précisant que "les mesures nécessaires seront prises pour empêcher l’infiltration de tout ce qui est de nature à attenter à la sécurité de la Tunisie".

S’agissant des ressortissants libyens se trouvant actuellement en Libye, ils sont estimés à 50 mille après le retour d’un grand nombre d’entre eux, a-t-il dit, indiquant que son département a publié plusieurs communiqués incitant les Tunisiens à rentrer au bercail.

La Tunisie a fermé son ambassade en Libye, mais a maintenu son consulat à Tripoli pour rendre des services à la communauté tunisienne, un bureau consulaire est opérationnel à Ras Jdir pour faciliter le retour des Tunisiens. Quant aux ressortissants d’autres nationalités, ils doivent être en situation de transit, et passer par la Tunisie pour regagner leur pays, a-t-il dit en substance.
Gnet  

 

Commentaires 

 
+1 #1 où est BHL?
Ecrit par ortyl12     01-08-2014 20:56
La france doit accueillir les réfugiés lybiens qui ont perdu leur état par l'agression conjuguée de la france et de l'otan,
où est donc le philosophe de malheur, BHL? qui a guidé sarkozy à détruire la lybie ,il se cache ,il doit avoir honte de la situation des lybiens victimes des agressions occidentales ayant détruit l'état lybien!
 
Ces commentaires n'engagent que leurs auteurs, la rédaction n'en est, en aucun cas, responsable du contenu.