Tunisie : Décryptage de la première intervention télévisée de Youssef Chahed

Publié le Jeudi 29 Septembre 2016 à 16:15
Youssef Chahed est devant une montagne de problèmes. Lors de sa première sortie médiatique, Youssef Chahed a enfilé l’habit d’un annonciateur de bonnes nouvelles, et d’un catalyseur du rêve tunisien.  Une attitude qui tranche avec la morosité ambiante, la difficulté de la conjoncture et l’urgence de la situation. Sa tentative acharnée de positiver, n’a pas dissimulé une volonté d’effleurer certains points, sinon de les esquiver carrément. De son intervention se dégageaient des messages clairs, et d’autres subliminaux…

Sa tâche est difficile, et sa marge de manœuvre limitée. Le jeune Premier ministre est devant une montagne de problèmes, avec pour les résoudre, des caisses vides et un moral populaire au plus bas. Pour sortir le pays de l’ornière, il faut qu’il trouve l’argent, qu’il rétablisse la confiance, comme il l’a appelé de ses vœux, et qu’il redonne des motifs aux Tunisiens de croire que des lendemains meilleurs sont possibles.

Le chef du gouvernement a énuméré hier des projets supposés changer le quotidien des citoyens. Comme l’aménagement des routes municipales pour améliorer une infrastructure défaillante, et réduire les risques d’un environnement accidentogène dont les Tunisiens souffrent au quotidien, ne serait-ce que sur le chemin d’aller et retour au travail. La création d’une police environnementale est-elle aussi une mesure que l’on ne peut qu’apprécier, dans l’attente qu’elle contribue à réduire les contraventions, de tous types, commises contre l’environnement, d’avoir un effet dissuasif et de faire prendre conscience à nos concitoyens de la nécessité de respecter la propreté du milieu et d’affranchir nos cités, quartiers, rues et ruelles de cet amas de détritus qui les jonchent en permanence. La création d'une police fiscale est, par ailleurs, la bienvenue, histoire d'atténuer l’ampleur de l’évasion fiscale, à l’origine d’une grande injustice face à l’impôt.

Son intransigeance sur ce point où il a exclu toute amnistie fiscale, "tous ceux qui doivent de l’argent à l’Etat doivent le restituer", comme sur la lutte contre la corruption, "les corrompus doivent être en prison", a-t-il lâché, auront réjoui plus d’un, pourvu que la parole soit suivie d’effets, et que ceux qui sont en train de nuire à l’économie nationale, d’en saper les fondements, et de créer un climat d’affaires malsain et opaque, auront à répondre de leurs actes. 

La politique de mieux que rien !
Trois autres annonces ont été faites, que l’on peut mettre dans la catégorie de mieux que rien.
La première est le programme d’acquisition du premier logement destiné aux jeunes couples,  leur assurant un autofinancement de 30 mille dinars, remboursable après un délai de grâce de cinq ans. A condition que le logement ne dépasse pas les 150 mille dinars. Au vu des prix pratiqués actuellement dans l’immobilier, il n’y a qu’à souhaiter bonne chance aux acquéreurs potentiels, pour trouver un toit correct à ce prix-là.

La deuxième est le contrat dignité destiné à intégrer 25 mille chômeurs dans la vie active, moyennant un salaire de 600 dinars sur deux ans, dont 400 dinars octroyés par l’Etat, et 200 dinars par l’employeur. Et le troisième est la création d’un fonds doté de 250 millions de dinars pour l’octroi de microcrédits de 5 à 25 mille dinars aux jeunes leur permettant de lancer leur microprojets.

Le chef du gouvernement a par ailleurs parlé de la révision du barème fiscal profitable aux catégories démunies, prenant l’exemple d’un employé qui touche 500 dinars, dont le salaire passera à travers cette mesure, à 540 dinars. 40 dinars vont-ils changer en quoi que ce soit son niveau de vie et son pouvoir d’achat ??? Et puis quid de l’impact de ces nouvelles mesures fiscales sur les contribuables tunisiens, aux revenus un peu plus élevés, sujets à des retenus à la source, et qui paient d’importants impôts à l’Etat, sans pour autant les retrouver dans les services publics que l’Etat est censé leur assurer. Seront-ils soumis à une imposition supplémentaire ? Le locataire de la Kasbah ne dit rien là-dessus.

 Et la paie d’octobre ? Elle sera servie mais à quel prix ?, s’est-il interrogé, comme pour dire que cette situation où les salaires sont payés par l’argent de la dette et les prêts bancaires est intenable.

Dans cet exercice de Com, le plus important depuis son investiture, Chahed a tenté de convaincre, d’impliquer les Tunisiens dans le redressement du pays et de leur redonner espoir, tout en leur cachant encore des choses, y compris sur son futur statut au sein de Nidaa Tounes ; une question autour de laquelle il n’a pas caché son embarras, et sur laquelle il est resté évasif pour ne pas froisser qui vous savez.
H.J.

 

Commentaires 

 
#2 Une seule solution!
Ecrit par Léon     30-09-2016 10:47
Une solution qui casse l'égo des traitres qui ont applaudi la merdolution et qui y avaient cru. Pourquoi des traitres? Tout simplement parce que le résultat que vous voyiez et parce que l'état de la Tunisie le 14 janvier au matin et celui d'aujourd'hui.
La solution est donc le retour au 14 au matin: C'est à dire le candidat que vous proposera Ben Ali.
C'est la seule solution. Sinon vous savez le reste.
Ahhh ce que les mauvais sentiments se payent chers!
À vos points rouges!

Léon, Min Joundi Tounis AL Awfiya;
VERSET 112 de la SOURATE des ABEILLES.
 
 
+2 #1 RE: Tunisie : Décryptage de la première intervention télévisée de Youssef Chahed
Ecrit par Montygolikely     29-09-2016 18:49
Augmenter les impots, taxes et autres coûts pour des opérations ou documents administratifs, soit.

Mais Monsieur le Premier Ministre, c'est toujours les mêmes qui paient leur impôts, les honnêtes gens et c'est toujours ceux-là qui sont pénalisés.

Mais les autres "délinquants économiques", du vendeurs à la sauvette de "chinoiseries" de la rue Charles de Gaulle au distributeur de glibettes, cigarettes de contrebande et autres parasites, qui minent l'économie, en faisant semblant de circuler dans des vieux tacots sans feux ni freins, construisant anarchiquement leurs soi disant "taudis" dans des quartiers dits populaires pour mieux vendre clandestinement leurs vinasses et autres alcools frelatés, s'habillent comme des Jean Valjean, mais parlent d'argent et brassent des liasses de billets au "metre cube", en ne payant jamais d'impôts, qu'est-ce qu'on en fait ?
 
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