Tunisie : Dans le pays du consensus, les désaccords sont légion !

Publié le Jeudi 12 Juin 2014 à 18:25
Le dialogue national est dans l'impasse. Le dialogue national est dans l’impasse sur la question de l’ordre chronologique des élections, et tombe dans une insignifiance qui lui est coutumière, sur un faux-problème qui intéresse peu ou pas l’opinion publique. Autant le déroulement et la réussite des prochaines élections, dans les délais prévus par la constitution, sont décisifs, autant la discorde autour de la séparation ou la concomitance des élections, et l’ordre prioritaire des scrutins, paraît marginale.  

Les prochaines élections constitueront, indubitablement, un tournant dans cet épisode postrévolutionnaire de trois ans et demi, dans la mesure où elles permettront le parachèvement de la période transitoire, et l’inauguration d’une période pérenne, avec des institutions durables, un président et un parlement élus pour un quinquennat et un gouvernement (issu de la majorité parlementaire ou consensuel) tout aussi durable à même d’entamer des réformes radicales et structurelles, dont la Tunisie a grandement besoin.

A moins de six mois de leur échéance supposée, avant la fin de 2014, la date et le mode de la tenue du scrutin auraient dû être arrêtés, étant une période à peine suffisante pour que l’instance électorale, en entame la préparation sérieuse et en connaissance de cause, a fortiori que son président ne cesse de marteler, que les exigences et les standards internationaux à respecter dans ces deuxièmes élections après la révolution, seront plus sévères que celles posées dans les premières, c’est-à-dire qu’aucun détail n’échappera à la vigilance des observateurs. Il s’agit-là d’une bonne chose, car il y va du caractère insoupçonnable, et de la crédibilité du scrutin. Mais, pour atteindre le niveau de perfection requis, il faut donner le moyen et le temps qu’il faut à l’ISIE, ce n’est pas, hélas, le cas.

Et pour cause, ce différend jusque-là insurmontable sur l’ordre prioritaire des élections. Tout d’abord, les partis étaient divisés entre ceux qui prônaient la simultanéité des législatives et de la présidentielle, et ceux qui en réclamaient la dissociation. Puis moyennant de longues concertations, ils ont fini par admettre le principe de séparation, sans néanmoins que la pierre d’achoppement ne disparaisse. Les uns veulent commencer par les législatives, et les autres par la présidentielle, et chacun campait sur sa position tout au long de séances de dialogues vaines. Hier, où l’on s’attendait que cet imbroglio purement électoraliste soit réglé, il n’en était rien, et on nous annonce à la place un report pour vendredi, avec une possibilité que la partie soit tranchée en faveur de la simultanéité, selon les déclarations des représentants d’Ennahdha et de Nida Tounes.

D’autres partis, à l’instar d’Afek Tounes, ont annoncé qu’ils boycotteront la séance de demain vendredi, prédisant que le dialogue ne va pas parvenir à un accord cette semaine. Le Front populaire annonce quant à lui que ses secrétaires Généraux vont se réunir ce jeudi soir pour déterminer leur position de poursuivre ou de boycotter la séance de demain, signalant que "certains partis n’œuvrent pas au consensus". La coalition dirigée par Hamma Hammami oppose une fin de non-recevoir à la jonction des deux scrutins.

Si les partis ne parviennent pas à un terrain d’entente demain, Ennahdha préconise d’en référer à l’Assemblée nationale constituante, chose que les autres partis rejettent. Que la séance de dialogue de demain débouche ou non sur une position consensuelle, tout porte à croire que le différend ne sera pas aplani.

Parallèlement, la montre tourne, le facteur temps joue en défaveur de l’ISIE et de l’organisation des élections dans les délais impartis, et les difficultés, économiques notamment, du pays s’accumulent. D’ailleurs, les partis politiques ont réussi à faire oublier le dialogue économique, par cette polémique électoraliste. Là aussi, les désaccords sont profonds, et rendez-vous est donné dans deux jours, le samedi 14 juin, afin de fixer une nouvelle date du congrès national économique, lors d’une réunion qui se tiendra en présence des organisations nationales, après que la date du 28 mai est tombée à l’eau. Mais, rien n’est encore gagné, dans le pays du consensus, les désaccords sont légion.
H.J.




 

Commentaires 

 
#1 naif
Ecrit par Royaliste     12-06-2014 23:10
Pourquoi chaque partie a une préférence?
par calcul politique ou par superstition?
 
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