Tunisie : Critiqué, Essid a besoin de soutiens pour se maintenir à la Kasbah

Publié le Mardi 25 Août 2015 à 14:07
Habib Essid face à la crise du mouvement des gouverneurs. Apparemment, Habib Essid s’est mis à dos les partis de la coalition dans la foulée de son dernier mouvement des gouverneurs, annoncé le week-end dernier. Les formations politiques au pouvoir expriment, à des degrés variables, des grincements de dents sur ces dernières nominations, pas trop à leur goût. Il y a qu’Ennahdha qui n’a pas encore fait part de sa position officielle à ce sujet, mais à en croire les déclarations médiatiques de son président et son vice-président, son opinion ne sera pas trop dure envers les choix du chef du gouvernement.

Nidaa Tounes ne décolère pas. Le communiqué de son bureau politique paru hier recèle entre les lignes un mécontentement envers le dernier mouvement des gouverneurs, dénué "de méthodologie et de transparence". Le parti de la majorité réclame des rapports "institutionnels" entre la présidence du gouvernement et les partis de la coalition, et revendique au passage une représentativité de la femme, brillant par son absence dans ce corps profondément machiste.

Le parti convoque une réunion le 1er septembre, de la commission de suivi et d’évaluation de l’action du gouvernement, histoire de prévenir Habib Essid -celui qui lui doit sa présence à la Kasbah- que son action sera mise sur la balance et son sort dépendra du résultat de l’évaluation, qui sera connu le moment venu.

Moins virulent, Afek essaie de mettre un bémol en rappelant que les nominations relèvent des prérogatives constitutionnelles du chef du gouvernement, histoire de marquer ses distances avec les immixtions partisanes dans les missions du locataire de la Kasbah. Pour se faire l’écho de la polémique suscitée par le mouvement des gouverneurs, le parti de Yassine Brahim dit émettre des réserves sur certaines nominations, promettant qu’il jugera les intéressés à l’œuvre.

L’Union patriotique libre met en avant, avec emphase, "sa responsabilité historique et son rôle national", s’affichant comme un facteur de stabilité politique. Faisant part de la contrariété de sa base et de ses militants suite à ce mouvement, le parti s’engage à poursuivre de soutenir le gouvernement afin de faire réussir l’étape et relever les défis.

Le mouvement islamiste, lui, ne s’est pas encore exprimé officiellement, hormis des déclarations faites par Rached Ghannouchi et Abdelfattah Mourou, respectivement son président et son vice-président, à travers lesquelles, Ennahdha se défend d’avoir été consulté dans ce mouvement, nie avoir des gouverneurs qui lui sont rattachés et annonce qu’il fera part de sa position ultérieurement en déterminant les points positifs et les points négatifs de ce mouvement, signalant, par la voix de son numéro un, que l’essentiel est que ces nominations soient au service de la société.

De là à penser que le mouvement va se démarquer, pour une fois, de la position de son allié Nidaa, en pesant le pour et le contre de ces dernières nominations, il n’y a qu’un pas que l’on n’hésitera pas à franchir. D’autant plus qu’une amitié semble se nouer entre la deuxième force parlementaire et le chef du gouvernement, en témoigne la dernière visite qu’il lui a rendue à son siège, un fait rare dans les pratiques politiques d'usage.

Quoiqu’il en soit, cette crise des nominations ne sera pas facile à gérer par Habib Essid, notamment du côté de Nida Tounes qui ne semble pas à sa première déception de la prestation du chef de l’équipe gouvernementale. Celui-ci devra s’atteler à rectifier le tir, sous peine d'hypothéquer son maintien à la Kasbah, quitte à chercher des appuis en dehors du parti de la majorité. Il sera aussi amené à se prononcer à la première occasion sur les critères ayant prévalu en matière de choix des premiers chefs des autorités régionales. Certains ne répondraient pas, a priori, aux critères de compétence et d’intégrité réclamés en chœur par les partis de la coalition. Il s’en expliquera, et on verra s’il réussit à convaincre ses interlocuteurs, spécialement du parti du président, dont il n’est pas si indépendant qu’il ne le pensait,  et qui, plus est,  a l’air de l’attendre au tournant.
H.J.


 

Commentaires 

 
+1 #2 Eviter l’influence. Suivre les critères.
Ecrit par Tounsi     25-08-2015 19:50
On suit les critères, et on oblige les conditions et les résultats pour le bien du pays.
La base est ni Nida ni Nahdha ni X ni Y. La base c’est la maitrise et le savoir faire.
Ca sera difficile de choisir et de sélecter, si on mélange les choses et on ne tire pas du réel.
 
 
+3 #1 Pitié pour Essid
Ecrit par Mohamed 2     25-08-2015 17:58
Pauvre Essid, il paie les pots cassés pour les autres et supporte stoïquement les critiques. Pourtant, il n'est presque pour rien dans les désignations. Les gouverneurs du Nidaa sont choisis par les Sebsi père et fils par exemple Gafsi par le père, Ayara par le fils pour faire plaisir à l'un des grands mécènes du parti Khammassi. Khabthani est un ami intime de Gharsalli depuis son passage à Kasserine etc.. Alors pitié pour Essid qui supporte pour cacher son poste fantoche.
 
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