Tunisie : "Corrélation entre lobbies de la corruption et instabilité politique" ! |
Publié le Lundi 11 Décembre 2017 à 16:49 |
Le discours est ferme et engagé. Tant dans les milieux politiques, civils que partisans, tout le monde s’inscrit dans la lutte contre la corruption ; ce phénomène qui nuit inexorablement à l’économie nationale, fait perdre au pays de précieux points de croissance, creuse ses déficits et entrave sa marche vers le développement. Le constat fait l’unanimité : La corruption a gagné du terrain au cours de ces dernières années, avec une ampleur sans précédent, et s’illustre à travers différentes formes : malversation financière, pots-de-vin, évasion fiscale, contrebande, etc. "La corruption ne se limite pas aux institutions de l’Etat uniquement, mais s’est propagée au sein des entreprises privées, des grandes sociétés et des médias, et il n’est pas étonnant que la Tunisie occupe les dernières places de l’indice de corruption publié annuellement par l’organisation Transparency International", a déclaré ce lundi 11 décembre, le Secrétaire Général de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), Noureddine Taboubi. Intervenant lors d’une conférence nationale organisée conjointement par l’UGTT et l’instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC) les 11 et 12 décembre à Hammamet, sous l’intitulé de "la lutte contre la corruption et la bonne gouvernance, prélude à la réforme économique et sociale", le chef de la centrale syndicale a mis en garde contre les effets extrêmement dangereux de la corruption sur la stabilité politique, sécuritaire, économique et sociale. Il a relevé "la corrélation certaine entre les lobbies de la corruption, l’instabilité politique, et les entraves au parachèvement de l’installation des instances constitutionnelles, et de la période transitoire". Comme il existe un lien évident, à ses yeux, entre "corruption et terrorisme, trafic d’armes et réseaux d’enrôlement des jeunes pour les zones de conflit". Taboubi a ajouté, citant les résultats des études nationales et internationales, qu’une corrélation existait entre la hausse de la cadence de corruption et l’absence de gouvernance, et la baisse des taux de croissance, la dégradation des indicateurs économiques, et le recul de l’investissement. Il a relevé "l’impact direct" de l’évasion fiscale, et de l’absence de transparence en matière de recouvrement des dettes de l’Etat, sur le déficit budgétaire. "La lutte contre la corruption, ainsi que la consécration de la bonne gouvernance, de la transparence et de l’honnêteté constituent une entrée à toute réforme économique ou politique, et une condition sine qua non pour mener toutes les batailles notamment celle contre le terrorisme et la bataille pour le développement", a-t-il dit. Bientôt signature d’une convention de partenariat entre l’UGTT et l’INLUCC L’UGTT a réitéré, par la voix de son SG, son soutien total à l’effort national pour la lutte contre la corruption et la consécration des attributs de la bonne gouvernance, annonçant la signature sous peu, à son siège à la place Mohamed Ali, d’une convention de partenariat avec l’INLUCC. Ce partenariat vise à diffuser la culture de lutte contre la corruption ; à lutter contre les corrompus ; à consacrer les principes de bonne gouvernance, les règles de transparence et d’honnêteté auprès de tous les citoyens notamment les salariés et les fonctionnaires à travers des campagnes de sensibilisation ; à faire connaitre les lois, et à en simplifier les procédures, à encourager les salariés et les responsables syndicaux à intercepter les soupçons de corruption notamment sur les lieux de travail public et privé, à instaurer des mesures spécifiques pour suivre les cas de corruption, d’absence de gouvernance et de transparence en vue de mettre un terme à l’impunité, a-t-il énuméré en substance. La lutte contre la corruption devra s’appliquer à toutes les administrations de l’Etat, ses appareils, ses institutions et les entreprises publiques et privées, a-t-il prôné, annonçant la mise en œuvre d’un plan de modernisation de gestion des structures de l’UGTT, afin qu’elle donne l’exemple en la matière. Le chef de l’influente organisation syndicale a encore indiqué que "la transition démocratique ne peut réussir, sans combattre la corruption, l’évasion fiscale, la contrebande et ses barons qui s’enrichissent sur le dos du peuple". "La bataille est économique par excellence, et consiste à donner de l’emploi aux jeunes diplômés, à combattre la marginalisation et la pauvreté extrême, et à éliminer les disparités régionales". Citant des exemples concrets, le SG de l’UGTT a souligné que 25 % des entreprises du secteur privé déduisent la cotisation de la CNSS au titre de l’employé, sans la verser réellement à la CNSS. Il a aussi évoqué le dernier marché des bus neufs pour le compte de certaines sociétés, lesquels ne sont pas conformes aux normes et présentent des défauts. "Où sont l’Etat, les ministères et les instances de contrôle ?", s’est-il interrogé. Il a aussi relevé l’insuffisance de l’effectif des inspecteurs de travail, qui compte 264 agents répartis entre résolution des litiges au travail et contrôle de l’application de la législation au travail, appelant à le renforcer pour qu’il puisse s’acquitter des missions qui lui sont imparties comme il se doit. Le président de l’INLUCC, Chawki Tabib, a salué l’engagement de l’UGTT dans la lutte contre la corruption. "Le fait qu’al-Itihad pèse de tout son poids sur la guerre contre la corruption et les corrompus est de nature à soutenir les efforts nationaux, à permettre de gagner des rounds contre le dispositif de la corruption, et à contrer les corrompus", a-t-il souligné en substance. L’instance nationale de lutte contre la corruption a signé plusieurs conventions de partenariat avec des ministères en matière de lutte contre la corruption, dont les dernières en date sont celles conclues, en marge de la conférence nationale de la lutte contre la corruption tenue le week-end dernier à Tunis, avec les ministères de l’Energie, des mine et des Energies renouvelables, le ministère du Tourisme et de l’Artisanat, le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance, le ministère de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire, le ministère de l’emploi et de la formation professionnelle et la municipalité de Tunis Intervenant à la clôture de ladite conférence, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, avait réitéré samedi, l’engagement de son gouvernement en faveur de la lutte contre la corruption "La guerre contre la corruption est la première ligne en matière de défense du régime démocratique, et des acquis de la révolution du 17 décembre 14 janvie"r, a-t-il souligné, ajoutant que cette guerre n’est pas uniquement celle du gouvernement, mais de "tous les Tunisiens honnêtes", partis, organisations, etc. "Nous sommes tous d’accord aujourd’hui que c’est soit la démocratie, soit la corruption ; soit l’Etat soit la corruption ; soit la Tunisie, soit la corruption et nous avons choisi la Tunisie", a-t-il déclaré, martelant son slogan de coutume. Gnet |
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Ecrit par JABALLAH 12-12-2017 19:14