Tunisie : Consommation et pratiques alimentaires, évolution des moeurs

Publié le Vendredi 19 Juillet 2013 à 14:00
De nouvelles habitudes de consommation gagnent la société tunisienne. Dans le cadre du programme d’appui aux jeunes chercheurs en anthropologie, initié par l’institut de Recherche sur le Maghreb Contemporain, Radhia Mechken Ouenniche a élaboré un article issu de sa thèse en sociologie intitulée : « Publicité, consommation et société en Tunisie ». L’article porte sur le mode de vie et transformation des pratiques alimentaires en Tunisie. Une étude qui vise à  décortiquer les nouvelles pratiques alimentaires des familles tunisiennes dont l’évolution demeure dépendante, en partie, de l’impact de la publicité.

L’étude a été conduite auprès d’une dizaine de femmes résidant en milieu urbain, mais dont la moitié est d’origine rurale. Selon les résultats de la recherche, l’émergence des hypermarchés a provoqué un changement important dans l’attitude du consommateur, qui apprend à mimer le comportement d’achat occidentalisé : les courses quotidiennes tendent à disparaitre pour laisser place « aux expédition hebdomadaires », surtout dans les quartiers résidentiels. Les hypermarchés et supermarchés sont de plus en plus répandus et les épiceries traditionnelles ont aussi subi des changements.

Les grandes surfaces ont permis la diffusion et la démocratisation des biens autrefois réservées à la classe aisée. Aicha, 48 ans, femme au foyer issue d’une famille défavorisée confie aller parfois dans les supermarchés « pour y acheter surtout les produits qui sont beaucoup moins chers que ceux de l’épicier du quartier, tels que les boissons, les produits d’entretien…en tant que femme je veux aussi y découvrir ce qu’il y a de nouveau, même si je ne vais pas en acheter », dit-elle.

Certaines familles vouent de l’attirance pour l’ambiance des hypermarchés. Radhia Mechken Ouenniche met ceci sur le compte « de l’impression joyeuse et réconfortante d’abondance, de revanche sur la pénurie qui se dégage de l’amoncellement des marchandises, le sentiment de pouvoir contrôler les prix avant de choisir, et de la liberté de toucher et de choisir librement ».

Fatiha, âgée de 42 ans, mère de trois enfants, est de milieu modeste. Elle continue malgré tout à faire les gros achats dans le marché hebdomadaire "faire les courses dans les grandes surfaces intéresse surtout la classe aisée, car ça nous incite malgré nous à dépenser. L’idéal pour moi c’est de ne pas fréquenter ces lieux pour ne pas avoir mal au cœur", dit-elle.

Par ailleurs, il semble que rien ne puisse remplacer le tissu dense des petites épiceries : horaires souples (plusieurs commerces sont ouverts très tard la nuit et tous les jours, y compris le dimanche et les jours fériés), relations humaines et surtout proximité et "possibilité de vendre à crédit à long terme". En fait, ces deux derniers facteurs sont les plus sûrs atouts qui caractérisent ces petits commerces, et dont ils se parent pour se défendre contre les grandes surfaces.

Les femmes issues de milieu aisé ou relativement aisé, disent préférer les supermarchés, "pour économiser le temps, et éviter de se déplacer dans plusieurs  magasins", dira Basma, 39 ans, cadre et mère d’un enfant. Un avis partagé par la plupart des femmes de sa situation.

Par ailleurs, il ressort de l’enquête que certaines femmes, surtout celles au foyer et donc qui ont plus de temps libre, considèrent que la fréquentation des hypermarchés est une activité récréative. Une sorte de promenade au cours de laquelle elles oublient leurs soucis quotidiens, distraites par la variété des produits et des couleurs. Les interviewées parlent aussi de lieux sociaux de rencontre, de réunion et d’interaction avec les autres. "Les supermarchés deviennent ainsi, un espace de convivialité pour les Tunisiennes, les fréquenter est une manière d’afficher un certain statut social, en l’occurrence une forme de réussite économique », relèvera l’article.

Selon les témoignages, le modèle familial traditionnel, n’est pas du tout rare en milieu défavorisé, malgré les mutations intervenues au niveau du couple. Les maris sont ceux qui font les courses à l’extérieur, tandis que les femmes ont la charge du foyer, tâches ménagères et cuisine. En revanche, de plus en plus, les enfants sont considérés comme acteurs à part entière, quelque soit le niveau social de la famille. « L’enfant peut ainsi souvent choisir, anticiper, ou modifier de façon très significative, les choix de consommation de sa famille. Nombreuses sont les personnes interviewées ayant déclaré que leurs enfants participaient plus ou moins à l’achat des produits alimentaires », selon l’étude.

Olfa, 43 ans, niveau supérieur, fonctionnaire, 2 enfants confie que son fils la pousse à essayer tout le temps de nouveaux produits « par exemple les nouvelles pates « coquilles », je n’ai pas l’habitude de les acheter, c’est mon fils qui me pousse à le faire pour les essayer. Il y a aussi le couscous fait maison qu’il ne mange pas, il préfère le couscous fin, qu’on vend au magasin. Le yaourt également, tous les 3 ou 4 semaines, les enfants veulent goûter une nouvelle marque… », dit-elle.

Pour un enfant, une des conditions pour être accepté au sein d’un groupe est la nécessité de consommer les mêmes produits que les membres de ce groupe. Ces derniers ont une influence certaine sur les habitudes de consommation de l’enfant. Ainsi, par l’effet de socialisation inversée, l’enfant transmet ses préférences alimentaires à ses parents.

Autre élément d’influence, la publicité. Cette dernière n’atteint pas l’enfant directement. Son impact peut-être variable d’un enfant à un autre, selon l’âge, le nombre d’enfants dans la même famille, l’importance du produit, le milieu familial et le degré de tolérance des parents. Zahira, mère de 5 enfants, ne peut pas les satisfaire tous en même temps. Chaque fois qu’elle fait ses courses, elle satisfait leurs caprices à tour de rôle, un à un, à l’insu de tous les autres. Avec une telle stratégie elle arrive à maitriser le budget familial.
C.K.


 

Commentaires 

 
#2 bonsoir mon cher
Ecrit par Mrs, ELHAM MILLA     03-09-2013 17:08
bonsoir mon cher, comment s'est passée ta journée?
Je m'appelle ELHAM MILLA, 53 ans, retraité, officier de la douane, du Sud-Soudan,
mais je suis au Royaume-Uni pour le moment,
et je cherche une personne de confiance, qui va m'aider,
faire certaines choses sous contrat,
je veux savoir, si vous voulez discuter de ce sujet,?
 
 
+1 #1 RE: Tunisie : Consommation et pratiques alimentaires, évolution des moeurs
Ecrit par Montygolikely     21-07-2013 19:15
Consumérisme, gaspillage, et en plus, activité récréative, c'est bien simple, à en croire l'auteur de ce piteux article basé sur une "pseudo étude" sur dix citadines (dont la moitié est d'origine rurale, allez comprendre), les tunisiennes font leur courses, pour satisfaire, dans l'ambiance, s'il vous plait (à croire qu'elles vont s'éclater dans lesq supermarchés) et "à tour de rôle",les caprices de leur mioches et non pour s'alimenter de façon plus ou moins correcte.
C'est sans doute pour cette raison que des milliers de tunisiennes se débrouillent comme elles peuvent dans les "circuits parallèles", achètent souvent légumes et fruits à l'unité, évitent de passer trop souvent devant le boucher ou le poissonnier et emmènent, quand elles ont pu mettre quelques dinars de coté, en taxi clandestin,
leurs mômes prendre un peu l'air au bord de la mer, la crème glacée étant devenue inabordable pour les contenter "à tour de rôle"
 
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