Tunisie : Confusion des rôles entre Nidaa et la présidence, Azzabi choisirait Chahed ! |
Publié le Mardi 09 Octobre 2018 à 11:52 |
Béji Caïd Essebsi tourne le dos à Ennahdha, et oppose une fin de non-recevoir au souhait des membres de son instance suprême, Majless al-choura, de maintenir une relation positive avec lui, étant "le symbole de l’Etat". Désormais et en confirmation de ce qui précède, Nidaa et la présidence, le père et le fils ne font plus qu’un, politiquement, cela s'entend. Ils affichent dans une confusion manifeste des rôles, la rupture avec le mouvement de Ghannouchi, et avec le gouvernement de Youssef Chahed. La présidence n’a pas publié un communiqué sur l’entrevue ayant réuni hier, lundi 08 octobre, le président de la république et le président d’Ennahdha, comme elle a coutume de le faire, dans toutes les rencontres qui se déroulent à Carthage, où le chef de l’Etat reçoit, dans le cadre de ses activités courantes, des personnalités de différents horizons, du pays et de l’étranger. Curieusement, c’est Nidaa qui revient sur le sujet, et publie un communiqué sur la "visite" de Ghannouchi à BCE, intervenue, précise-t-il, à la demande du premier. Le mouvement parle au nom du président, et lui fait dire que "la position officielle d’Ennahdha est la fin du consensus". Nidaa Tounes conclut son communiqué, en estimant que "le gouvernement actuel est celui d’Ennahdha", et se dit, partant, "non concerné par son soutien politique". "Le consensus entre le président de la république et Nidaa Tounes d’un côté, et Ennahdha de l’autre, depuis les élections de 2014, est considéré comme étant terminé", souligne-t-il. Cette rupture intervient à l’heure où le mouvement est visé par des accusations du Front populaire d’avoir une organisation secrète, qui serait impliquée dans les assassinats politiques. Le même front populaire qui est extrêmement critique envers le gouvernement Youssef Chahed, pointant ses "orientations libérales", sa "soumission aux injonctions des institutions financières internationales", et son "échec". Nidaa Tounes et le Front populaire se trouvent être, de nouveau, comme étant des alliés objectifs, face à un même adversaire, comme c’était le cas par le passé, pendant la grave crise de 2013, où le parti alors fondé par BCE et la coalition conduite par Hamma Hammami se trouvaient au sein du front de salut. A la différence qu’aujourd’hui, en s’en prenant à Ennahdha, on cherche aussi à s’attaquer au chef du gouvernement, Youssef Chahed qui s’est révélé jusque-là indéboulonnable, malgré les tentatives acharnés de l’évincer. Le tout dans la perspective des législatives et présidentielle de 2019, où la bataille fait rage, et où des alliances vont se faire et se défaire. Une rencontre est attendue ce mardi 09 octobre entre Rached Ghannouchi et le chef du gouvernement. Ce dernier devrait clarifier sa position du mouvement, une fois il se serait prononcé sur ses doléances sur "le programme du gouvernement, le remaniement ministériel, le passage de la loi des finances et la préparation des élections de 2019". Maintenant que les ponts sont quasi-coupés avec les Caïd Essebsi, il se pourrait qu’Ennahdha renonce à son injonction à Youssef Chahed, de ne pas se présenter à la présidentielle de 2019, il peut même en parrainer la candidature. Le locataire de la Kasbah aurait également, le cas échéant derrière lui, le bloc de la coalition nationale qui est en train de s’élargir, au fur et à mesure que celui de Nidaa se vide, ainsi que d’autres soutiens de la même famille politique, parmi ceux qui ont dit refuser de s’inscrire dans une logique de clivages. Entretemps, le Directeur du cabinet présidentiel démissionne, celui que l’on dit un ami proche de Youssef Chahed. Les deux jeunes hommes ont eu le même parcours politique après la révolution, lequel est court mais les a propulsés au sommet de l’Etat. Le communiqué de Nidaa de la veille, où il se substitue au palais de Carthage, pour exprimer le parole présidentielle et qualifie le gouvernement Chahed de celui d’Ennahdha pourrait être l’une raison, qui a poussé Slim Azzabi à se séparer de Béji Caïd Essebsi, pour s'afficher clairement aux côtés du chef du gouvernement. Gnet
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