Tunisie : Comment freiner l’érosion des réserves en devises ? |
Publié le Jeudi 25 Janvier 2018 à 16:49 |
L’économiste Ezzeddine Saïdane a mis en garde ce jeudi contre les répercussions du recul des réserves en devises, couvrant désormais moins de 90 jours d’importations, soit 89 jours seulement, comme viennent de le révéler les chiffres officiels de la BCT. Dans une déclaration à al-Chourouk, en marge d’une conférence à Tunis, l’économiste a qualifié de grave une telle baisse, pouvant poser des difficultés au pays en termes d’importation de produits alimentaires, de médicaments et d’hydrocarbures, et éventuellement de remboursement de la dette. Evoquant une "ligne rouge", Saïdane a ajouté que ce niveau des réserves est inquiétant pour un pays qui s’apprête à sortir au courant de cette année sur le marché mondial pour émettre des bons de trésor d’une valeur d’un million de dollars. L’endettement est désormais difficile, a-t-il prévenu, appelant à la nécessité d’accélérer le processus de réforme structurelle pour sauver l’économie et les finances publiques. Les avoirs nets en devises ont régressé à un seuil jamais atteint depuis 15 ans, pour se situer à 12432 millions de dinars couvrant 89 jours d’importations seulement, alors que ces mêmes réserves, consignées à la banque centrale, couvraient 106 jours d’importation, il y a une année. Cette baisse est due au creusement du déficit, qui a atteint un niveau record de 15 592,0 MD en 2017, contre 12601,2 MD, en 2016, selon l’Institut national de la statistique (INS). L’aggravation des indicateurs appelle à des actions urgentes et évidentes, on n’a pas besoin d’être agrégé d’économie pour les identifier, soit le rééquilibrage entre exportations et importations, la relance de l’investissement étranger et de la production. Le gouvernement qui fait de la promotion des exportations une priorité nationale devra joindre les actes aux paroles. Il devra spécifiquement appuyer le made in Tunisia pour qu’il puisse trouver des débouchés, et conquérir de nouveaux marchés. Parallèlement, l’effort doit se focaliser sur une rationalisation des importations, notamment des produits superflus et de luxe, qui sont, en grande partie, à l’origine de cette hémorragie de devises. Le dinar faible qui nuit grandement à l’économie tunisienne, et au pouvoir d’achat, est pour beaucoup dans cette disette des devises dans la mesure où cela entraîne le renchérissement des importations. C’est néanmoins un atout compétitif pour les exportations, qui se vendent moins cher sur les marchés extérieurs, par rapport à celles en provenance d’autres pays de la région dont la monnaie est forte. Une vision stratégique claire de redressement économique reste nécessaire sur le moyen et le long terme, via l’impulsion d’une dynamique d’investissements directs étrangers (IDE), mais aussi à travers le développement de l’industrie locale, la relance de la production et la promotion du label tunisien, de manière à ce qu’il puisse se frayer un chemin dans un climat économique rudement compétitif, exclusivement régi par les règles de libre-échange, exigeantes en termes de qualité et de performance. Cette conjoncture, critique et erratique, a ceci de particulier qu’elle réduit l’efficience et la fiabilité d’une planification sur la durée ; chose qui nécessite de mettre différentes hypothèses sur la table, pour ne pas se laisser surprendre par des facteurs endogènes et exogènes qu’on n’aura pas su évaluer à leur juste mesure. Gnet
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Commentaires
Ecrit par Agatacriztiz 30-01-2018 20:05
Ecrit par haykel 27-01-2018 15:44
Ecrit par tiji 27-01-2018 12:05
Il est derrière presque la banqueroute de l'ABC