Tunisie : Chedly Ayari annonce son départ quelle que soit l’issue du vote de jeudi

Publié le Mercredi 14 Février 2018 à 17:06
Chedly AyariLe gouverneur de la banque centrale de Tunisie (BCT), Chedly Ayari, a exprimé une "profonde amertume" et un "dégoût", face à la manière dont sa destitution a été annoncée, jugée cavalière par plus d’un. Il a fait part ce mercredi 14 février lors d’une audition au sein de la commission des Finances, et de la Planification de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), de sa décision de partir, même si les députés lui renouvellent leur confiance lors de la plénière prévue demain, jeudi 15 février.

"Je considère que ma légitimité est dans l’assemblée, c’est elle qui doit m’écouter. Même si la décision de l’Assemblée est positive, je ne resterai pas.  Je considère que ma mission est terminée, c’est fini", a asséné ce professeur émérite des universités, plusieurs fois ministres et ambassadeurs sous Bourguiba, considérant ce qui s’est passé comme une "grande humiliation", pour lui-même, sa famille, ses enfants et petits enfants.

Le gouverneur de la BCT visé par une procédure de destitution, enclenché mercredi dernier par Youssef Chahed dans la foulée du vote du parlement européen, trouve que la méthode adoptée pour traiter cette question et sortir la Tunisie du classement de la commission européenne n’est pas la bonne, fustigeant l’acharnement sur la banque centrale, et sur la CTAF (Commission tunisienne des analyses financières).

Le parlement de Bruxelles avait validé mercredi 07 février la décision de la commission européenne incluant la Tunisie sur la liste noire "des pays tiers susceptibles d’être fortement exposés au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme".

"Quel est mon tort, j’ai travaillé cinq ans et demi, et je n’ai pris aucun jour de vacances", a-t-il dit, s’élevant qu’il soit traité de la sorte à son âge (84 ans) après un tel dévouement, et faisant part de son amertume, ainsi que celle de ses collègues de la BCT et de la CTAF;

"C’est mesquin, c’est petit, c’est vil, ça n’a pas de sens et ce n’est pas digne de la Tunisie", a débité le gouverneur de la BCT, dont le mandat se termine normalement en juillet prochain. 
 
Chedly Ayari a dit ne pas fuir ses responsabilités. "En tant que président de la CTAF, j’assume ma responsabilité, (...) mais la commission n’est pas un organe exécutif, et la loi ne lui confère pas beaucoup de prérogatives".

Il a, par ailleurs, estimé que l’Union européenne n’a pas vocation à procéder à de tels classements, cela ne relève pas de ses prérogatives. "'L’UE n’est jamais venue en Tunisie pour faire des rapports. Il y a des députés, des ministres et des ambassadeurs européens qui protestent contre cette décision auprès de Bruxelles et qui contestent l’habilitation de la Commission européenne en la matière," a-t-il indiqué, signalant qu’il existe des organes internationaux dans ce domaine, à l’instar du GAFI (Groupe d’action financière).

Le gouverneur de la BCT n’a pas excepté des "mobiles politiques" derrière cette décision, car "ceux qui l’ont prise, ne sont pas uniquement nos amis la France, l’Italie, l’Espagne...mais des pays de l’Europe centrale et de l’Europe de l’Est qu’on ne connait". "Il n’y a pas eu de lobby suffisant" auprès de l’Europe profonde, a-t-il reconnu. 

Le gouverneur et président de la CTAF, un organe de la BCT,  a auparavant fait état de 50 à 60 correspondances de la Commission adressées au gouvernement pour le prévenir contre d’éventuels classements de la Tunisie, notamment par des commissions financières internationales.

Chedly Ayari estime négatif un tel classement, mais considère que la question a été amplifiée et dramatisée. Tout en en minimisant l’impact, il a prédit que la sortie de la Tunisie sur le marché financier mondial au printemps 2018 sera difficile.

Au cas où la Tunisie ne parvient pas à mobiliser des fonds, cela serait du aux erreurs de la politique économique, estime-t-il. 

L’Assemblée tiendra demain matin une plénière pour voter la destitution de Chedly Ayari, et enchaînera avec une plénière l’après-midi pour voter la confiance à Marouane Abassi, qui lui succédera à la tête de la banque des banques, chargée notamment de traçer la politique financière et monétaire du pays.

Agrégé d’économie, et docteur en économie de l’université de Paris I Panthéon Sorbonne, Marouane El Abassi est économiste principal au sein du Groupe de la Banque mondiale depuis janvier 2008. Il coordonne le programme pays pour la Libye et a été nommé représentant de la Banque mondiale en Libye en novembre 2010.

Le candidat à la succession d’Ayari  est également conseiller économique auprès des ministres du Commerce, du Tourisme et de l’Artisanat chargé de piloter les projets de développement des exportations financés par la Banque mondiale.
Gnet

 

Commentaires 

 
-4 #1 RE: Tunisie : Chedly Ayari annonce son départ quelle que soit l’issue du vote de jeudi
Ecrit par citoyen     14-02-2018 18:59
1)Mr AYARI dit n'avoir jamais pris de congé durant son mandat il oubli de dire qu'il n'a jamais travaillé plus de 2 a 4 heures par jour!

2)Mr AYARI oubli de dire qu'il s'est auto augmenté en salaire d'une maniere tréééééééééés significative alors que son prédécesseur(MS NABLI) de loin plus compétent que lui a travaillé sans salaire durant plus d'une année.

3) Mr AYARI oubli de dire que vu le peu de temps qu'il passait au bureau le vrai gouverneur etait son second (un NAHDHAOUI pur sang).

Je ne veux meme pas parler de sa nomination ni de ceux qui l'ont nomé ni dans quels buts!

Il me semble aussi QU'IL faut rappeler que Mr AYARI a fait un passage trés mauvais a la BAD d'ou il a été éjecté et qu'il a dérigé la banque islamique qu'il a quitté sous de trés lourds présemptions de mauvaise gestion et plus!

Pour bien illustrer sa mauvaise gestion il faut juste rappeler qu'il a dit : il y a plus de touristes mais il ne voit pas des devises renter! sans faire le moindre audit des hoteliers pour savoir ou passaient les recettes en devises!
 
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