Tunisie : Chebbi croit à "l’école du peuple", et se défend d’être éradicateur |
Publié le Mercredi 16 Juillet 2014 à 13:40 |
Ahmed Nejib Chebbi a déclaré hier sur al-Wataniya qu’il ne faut pas prendre la question d’inscription (sur les listes électorales) comme prétexte pour reporter les élections, car "le report détruit la constitution qu’on a construite". "La constitution doit avoir une sacralité, sinon, si on la transgresse à chaque occasion, elle se transformerait en torchon", a-t-il dit. Invité mardi soir de l’émission "Merci d’être présent", le chef du haut comité politique d’al-Joumhouri a appelé les citoyens notamment les jeunes à s’inscrire, afin que "le plus grand nombre de citoyens participent aux élections et que le choix soit représentatif du peuple tunisien." Néjib Chebbi entend les raisons de la désaffection des Tunisiens envers l’inscription, et comprend leur déception de l’élite politique. "Les débats des élites politiques ne portent pas sur les préoccupations des citoyens, mais versent dans les conflits et les tiraillements", a-t-il déploré, plaidant pour l’introduction de l’inscription automatique, à travers l’amendement du code électoral en y ajoutant un article. "Tout citoyen qui atteint l’âge de voter, 18 ans, sera ainsi inscrit automatiquement dans le bureau de vote en fonction de l'adresse figurant sur sa carte d’identité", a-t-il suggéré. "Si on reporte les élections, on ne peut plus en maîtriser la date", a-t-il prévenu, appelant à ce que les intérêts partisans obéissent à l’intérêt national et non l’inverse. "Celui qui n’est pas prêt aujourd’hui, il ne le sera même pas dans sept mois", a-t-il dit. "Il s’agit maintenant de retrousser les manches, d’aller au contact du citoyen, et de lui exposer nos programmes, afin que l’on dépasse cette transition qui nous met dans l’expectative". Chebbi a dit croire, lui-même, "au contact direct, et à l’école du peuple qui est la source de la connaissance et de la réflexion réelle autour des problèmes des gens". et d'ajouter : "Cela fait deux ans et demi que je suis chaque week-end dans une région, de Bizerte à Dhiba, il n’y a pas une région de la Tunisie que je n’ai pas visitée". "Le futur président doit avoir une forte personnalité" Le leader d’al-Joumhouri qui fait encore durer le suspense sur sa candidature à la prochaine présidentielle, considère que le président de la République, a une place importante dans la future direction politique. "Le président a, en vertu de la constitution, des prérogatives spéciales en matière de défense, de sûreté nationale, de politique étrangère. Il ne sera pas isolé à Carthage, dans la mesure où il aura à présider le conseil des ministres, lorsqu’il y assiste, et à participer au débat autour de l’enseignement, de la santé, de l’emploi, du développement régional... Il a, par ailleurs, le droit de présenter des projets de loi, ayant la priorité, à l’Assemblée des représentants du peuple." "Le président doit être un leader politique qui a une vision, des valeurs et une forte personnalité", a-t-il estimé, critiquant la tentative d’affaiblir le président, de chercher une personnalité consensuelle non politisée et isolée des partis, que l’on mettra pour décorer Carthage, (en allusion à l’initiative d’Ennahdha pour un candidat de consensus). Sur la question de sa candidature, le chef du haut comité politique d’al-Joumhouri s’est gardé de la confirmer ou de l’infirmer. "Je ne peux dire aujourd’hui que je suis candidat ou pas. J’appartiens à un parti politique et ce n’est pas dans nos traditions d’informer les membres du parti à travers un plateau de TV. Si je décide d’être candidat, je m’en référerai aux structures du parti". Nejib Chebbi s’est défendu d’être un éradicateur, ce qualificatif ne vaut pas pour moi, a-t-il dit en substance. "Depuis 1984 jusqu’au 2014, le parti islamiste n’a pas traversé une épreuve sans trouver l’avocat, le président d’al-Mawkef, et le chef du PDP, Néjib chebbi, à ses côtés pour défendre ses droits et non ses idées. Celui qui a fait une grève de la faim pendant 33 jours en 2005 pour défendre les droits de tous les Tunisiens, ne peut être qualifié d’éradicateur", a-t-il asséné. Il s’est arrêté à la déclaration faite hier par Rached Ghannouchi, selon laquelle Moncef Marzouki serait le plus proche pour être candidat, soulignant : "si je décide d’entrer (dans la course à la présidentielle), je compterais sur les Tunisiens. Je ne compterai sur aucune force politique ni Nida, ni Ennahdha". Le leader d’al-Joumhouri a annoncé qu’il s’apprête à publier ses mémoires dans deux mois, pour "faire la lumière à travers des vérités historiques combien ma vie politique était souffrance, et sacrifice". Il refuse de se considérer comme une victime. "Je ne suis pas victime, je suis résistant. J’ai choisi la résistance, et n’en ai payé le prix. Je ne demande aucune réparation, ma meilleure récompense, c’est la liberté dont on jouit aujourd’hui en tant que Tunisiens". Il a annoncé la tenue le 03 août prochain du comité central de son parti, qui planchera sur les élections présidentielles et législatives, ajoutant que les décisions prises seront dévoilées lors d’une conférence de presse. Interrogé sur le boycott de la fête française du 14 juillet décidé par les politiques tunisiens en protestation contre la position de François Hollande sur l’agression contre Gaza, il a dit ne pas s’être rendu à cette cérémonie, mais ce n’est pas en signe de boycott. "François Hollande, ami de la Tunisie, a pris une position erronée. On peut le critiquer, dialoguer et faire pression sur la France pour changer sa position mais un politique ne peut pas réagir, à l’encontre des intérêts du pays. Un politique doit agir pour soutenir le peuple de Gaza et condamner la position française, américaine et les positions occidentales en général qui n’ont pas compris la réalité de la cause palestinienne et son importance pour les peuples arabes. Mais si on va boycotter, à chaque position qui nous déplait, nous serions isolés." Gnet
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