Tunisie : Chahed s’engage à continuer son action et se dit garant de la constitution

Publié le Vendredi 14 Septembre 2018 à 16:21
Youssef Chahed à la conférence sur le PLF 2019, vendredi 14 septembre au palais des congrès. Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a affirmé ce vendredi 14 septembre qu’il allait continuer à assumer sa responsabilité, d’autant que quelques semaines nous séparent des délais constitutionnels pour déposer la loi de finances à la mi-octobre à l’assemblée avant qu’elle ne soit  adoptée avant le 10 décembre. Le projet de loi de finances 2019 ne comportera pas de nouveaux impôts pour les entreprises et les particuliers, a-t-il promis, appelant à baisser le prix des voitures populaires. "Avec un prix dépassant les 30 mille dinars, la voiture populaire ne l’est plus", a-t-il reconnu, préconisant que les prix de ces petites cylindrées soit sous la barre de 20 mille dinars, afin qu’elles soient à la portée des familles de la classe moyenne.

Intervenant ce matin à l’ouverture de la conférence nationale sur les orientations économiques et sociales du projet de loi de finances de 2019, le chef du gouvernement a tiré la sonnette d’alarme sur l’aggravation du déficit énergétique, qui est en grande partie à l’origine du déficit commercial. Il a indiqué que "la Tunisie s’est transformée structurellement en un pays importateur d’énergie, pétrole et gaz, à cause du recul du secteur des hydrocarbures, ce qui a un impact sur le budget de l’Etat", a fortiori, face à l’ascension des cours de pétrole.

"En 2018, notre économie a subi un choc exogène. Le prix du baril a augmenté de 50 % en six mois, le budget alloué à la subvention des hydrocarbures qui était de 1500 millions de dinars dans la loi de finances 2018, se montera à cause de ce choc à 4200 millions de dinars". Il a évoqué la promotion des énergies renouvelables dont des projets démarreront l’année prochaine, ce qui va permettre de réduire le déficit énergétique, appelant à revivifier les réflexes de la rationalisation de l’énergie.

Il a aussi mis en garde contre l’aggravation du déficit commercial dont le maintien à ce niveau constitue un danger pour l’économie, faisant état de mesures pour le régler à travers notamment "la rationalisation des importations".

La Tunisie, "une démocratie réelle"
Le chef du gouvernement a affirmé que la Tunisie est aujourd’hui "une démocratie réelle où les droits et les libertés sont garantis, où existe un pluralisme politique et où des élections libres et intègres ont été organisées". "La Tunisie est parmi les rares pays ayant réussi sa transition démocratique au cours des dix dernières années", s’est-il enorgueilli. La démocratie n’est pas de salir et de calomnier les gents, mais elle sous-tend "idée contre idée, argument contre argument et programme contre programme", a-t-il fait valoir, se disant garant du respect de la constitution. Chahed a considéré la tenue des élections dans les délais constitutionnels, comme "une question sacrée, car elle touche à la substance du régime démocratique et des acquis du peuple."

Il a ajouté que la réussite démocratique avait un prix en termes  d’instabilité politique et un important coût au niveau économique et social.

"Des années après la révolution, à cause de l’instabilité politique et de la faiblesse de l’Etat, tous les indicateurs économiques on reculé : croissance, investissement, hausse du chômage, des dépenses publiques, de la masse salariale, déséquilibre des finances publiques, hausse du taux d’endettement," etc. , a-t-il déploré.

Il a indiqué que son gouvernement avait promis d’emblée que les indicateurs allaient s’acheminer vers le vert à l’horizon de 2020. "On n’a pas dit, que la Tunisie allait être un paradis en deux ans".

Il a affirmé que "le gouvernement était contraint d’élaborer des projets de loi de finances difficiles en 2017 et 2018, afin de préserver les grands équilibres budgétaires, et de réduire les déficits," estimant que cela a permis d’améliorer le moteurs de l’économie, et l’état des finances publiques dont le déficit est passé de 7,4 % à 4,9% au cours du 1er semestre 2018. Il a néanmoins reconnu être conscient que "ces mesures avaient un impact sur l’inflation sur le pouvoir d’achat".

"Le gouvernement n’a pas trouvé le soutien politique pour réformer"
Chahed a encore souligné que le gouvernement aurait pu réaliser de meilleurs chiffres, s’il avait trouvé une volonté de réforme chez les  différentes parties. "Le gouvernement n’a pas trouvé le soutien politique requis pour avancer sur toutes ces réformes, bien au contraire, il s’est trouvé face à des conflits politiques marginaux, qui en ont parasité l’action, ont constitué une force d’attraction vers l’arrière et ont bloqué le processus de réforme". "On aurait pu jeter l’éponge et s’en remettre à la fatalité, mais ce n’était pas notre philosophie et notre vision de l’action politique", a-t-il dit. 

Youssef Chahed s’est défendu de tout attachement aux fauteuils. "Mon équipe et moi-même, nous ne sommes pas accrochés aux fauteuils et aux postes", a-t-il assuré, mettant en garde contre les conséquences d’un changement du gouvernement notamment sur le processus de négociations avec les bailleurs de fonds.

"Notre pays est en train de négocier avec les institutions internationales. Tout changement politique va conduire à la rupture et au report de ces négociations alors que le pays a urgemment besoin de ces financements pour couvrir le déficit du budget", a-t-il dit, ajoutant qu’il n’était pas possible pour le gouvernement de renoncer à la responsabilité en pleine haute saison touristique, et que l’instabilité politique aurait constitué un danger pour la guerre contre le terrorisme.

PLF 2019 : Pas de nouveaux impôts pour les entreprises et les particuliers
Youssef Chahed a promis que le projet de loi de finances 2019 ne comportera pas de nouveaux impôts pour les entreprises et les particuliers, mais inclura des mesures fiscales en faveur des entreprises, qui sont de nature à lutter contre le commerce parallèle, à assurer la liquidité pour l’Etat et à améliorer le taux de recouvrement des ressources fiscales.

Parmi les mesures du PLF 2019, le chef du gouvernement a cité la baisse de l’impôt sur le revenu  pendant 4 ans pour les entreprises nouvellement créées, à compter de la date de leur entrée en activité effective, une mesure qui concernera les entreprises créées en 2020 outre celles créées en 2018 et 2019.

La  révision des taux d’imposition des entreprises en vue d’en relancer la capacité compétitive, avec une priorité au secteur à haute valeur ajoutée,  aux secteurs exportateurs,  et à forte employabilité, ce qui revient à une baisse de l’impôt sur les sociétés à 13 %, sur les bénéfices réalisés à compter du 1er janvier 2021.

Une ligne de financement pour les PME en vertu de laquelle, elles bénéficieront  d’une baisse du TMM de 2 points.

Démarrage des projets de partenariat public/privé (PPP), avec la tenue ce 18 septembre d’une conférence sur les PPP pour examiner 33 projets, moyennant un  volume d’investissement de 13 milliards de dinars, couvrant toutes les régions,

Relance du commerce électronique la prochaine période à travers un régime fiscal spécifique et préférentiel pour réduire l’utilisation du cash (paiement en liquide), ou lede-cashing.

Redoublement du budget alloué au programme du développement régional (PRD), au nom du principe de la discrimination positive en faveur des régions,

Mise en place en 2019 de la banque des régions.

Le but de ces mesures est de soutenir la croissance à travers le soutien de l‘entreprise et de l’investissement, la relance de l’activité économique,  et la création des richesses pour un plus fort taux de croissance lors des prochaines années, a-t-il souligné en substance.
Gnet

 

Commentaires 

 
+1 #1 Attention à la marche !
Ecrit par Agatacriztiz     15-09-2018 13:29
Bon courage pour votre programme Monsieur le Premier Ministre ! Mais attention toutefois aux fameux "P.P.P." (partenariats public privé)

Ce système attractif au départ conduit à moyen et à long terme à des opérations dangereuses menées par des rapaces de la finance et qui endetteront fortement et accableront d'une lourde charge financière l’avenir des collectivités pour de très nombreuses années. Ca a été la cas pour de nombreux hopitaux, sociétés de transport et complexes sportifs à l'étranger, en Angleterre et France notamment.

En effet plusieurs collectivités locales ont demandé que soient abandonnés définitivement ces fameux projets de "P.P.P." et que les pouvoirs publics assument leur responsabilité en termes d’équipements et d’investissements.

Cette politique de pleine responsabilité éviterait tout dérapages, qu’il s’agisse de partenariats au profit du privé ou d’une complémentarité qui fait la part belle aux cliniques privées, stades de football, privatisation déguisée des sociétés de transport ferroviaire, aérien ou maritimes et j'en passe.
 
Ces commentaires n'engagent que leurs auteurs, la rédaction n'en est, en aucun cas, responsable du contenu.