Tunisie : Ces messies qui prétendent avoir de meilleures solutions que les autres ! |
Publié le Mercredi 22 Février 2017 à 18:00 |
Au pays de la démocratie naissante, la stabilité politique est encore un espoir lointain. Le bel apport de la pluralité est en train d’être dilapidé par cette propension à l’effritement que d’aucuns y contribuent, à dessein, ou non. A l’heure où le pays a besoin d’unité, de sérénité et d’apaisement, c’est la désunion et la cacophonie qui semblent être de mise dans un espace où les prétendus messies sont au coude à coude, avec dans leur viseur deux fauteuils : celui de Carthage, et l’autre de la Kasbah en passant par le tremplin des élections locales. Une constellation de partis, et une coalition sont en phase de faire leur entrée sur l’échiquier politique tunisien déjà engorgé, à l’approche des municipales prévues à la fin de 2017, en attendant la publication du calendrier officiel par l’instance électorale. La coalition est celle menée par le dissident de Nidaa Tounes et chef de Machrou Tounes, Mohsen Marzouk, dont l’avènement officiel sera annoncé le 19 mars prochain, à la veille du 61ème anniversaire de la fête de l’indépendance. Baptisé le front de salut, la nouvelle coalition est un remake ou une résurrection d’une alliance créée en 2013 en pleine crise politique, et ayant conduit le fameux sit-in du Bardo. Un mouvement contestataire, politique et populaire, dont l’objectif atteint était de chasser Ennahdha du pouvoir. Le front de Salut de 2017 qui regroupe à côté du parti de Mohsen Marzouk et de l’UPL de Slim Riahi, des formations politiques de second rang, s’inscrit dans une ligne de rupture avec le mouvement Ennahdha, et cherche à réussir là où Nidaa Tounes a failli, à travers son alliance avec le parti de Rached Ghannouchi. Mohsen Marzouk, son leader qui se proclame de l’héritage moderniste, bourguibiste et réformateur, considère Ennahdha comme un adversaire stratégique, dont le projet et le sien sont aux antipodes, et cherche à rivaliser avec lui dans des terrains qu’il prétend occuper, dont celui libyen. Sa rencontre ce mercredi avec le Maréchal Haftar, l’homme fort de la Libye, où il a grillé la politesse au président de la république, au lendemain de la signature de l’initiative tripartite sur la Libye, est un nouveau défi lancé par Marzouk, à ceux qui le disent en perte de vitesse et en bas dans les sondages. L’autre formation qui est en phase de fondation est le mouvement démocrate, mené par un ténor de la vie politique nationale, Néjib Chebbi. Son but affiché est de rehausser le niveau des débats actuels, et de combler le vide sur la scène politique. Le nouveau parti qui prône "la modération et le réalisme politique", s’inscrit dans "le courant d’idées des précurseurs du mouvement réformiste, moderniste et d’émancipation". Mehdi Jomaâ, l’ancien locataire de la Kasbah, engagé dans le cadre d’un CDD à l’issue d’un processus consensuel, et investi en 2014 d’une mission ponctuelle, celle de diriger un gouvernement de technocrates pour mener la Tunisie à des élections présidentielles et législatives, ce qu’il a réussi, est-il aussi de retour. Le revenant se propose de lutter contre la médiocrité, de consacrer les valeurs du travail et de non-exclusion et de rassembler les compétences dont regorge le pays, sans évoquer une quelconque idéologie. Lui aussi, il cherche à raviver l’héritage des anciens, et des générations de l’indépendance, en préconisant un partage des souffrances et un effort commun pour construire ensemble. Ce n’est pas tout, Taher Ben Hassine fait irruption dans cet espace archi-comble, avec son parti Avenir de la Tunisie. Son but proclamé est de renouveler le discours, la teneur et les figures politiques, de rompre avec les méthodes de travail classiques des autres partis ayant provoqué, à ses yeux, la désaffection des jeunes et de promouvoir la démocratie participative. Autant d’initiatives qui émanent de personnalités, de différentes appartenances politiques et idéologiques, et qui n’ont pas, certes, le même sens d’engagement. La question est de savoir : le pays a-t-il aujourd’hui besoin de nouveaux partis pour résoudre les problèmes qui s’accumulent. Dans cette conjoncture périlleuse, où la Tunisie est face au couperet de la faillite économique, et des dangers sécuritaires à même de menacer sa paix civile, cette profusion d’initiatives, indépendamment de la bonne intention de leurs instigateurs, donne l’image d’un pays désuni. D’autant plus que ces formations en devenir se positionnent face à une opposition effritée, et une coalition au pouvoir, elle-même fragile, et gagnée par les divisions. Tant que le pays n’est pas politiquement stable, et n’envoie pas au monde un message clair et uni, tant il sera incapable de remonter la pente. H.J.
|
Commentaires
Ecrit par Tunisien 23-02-2017 08:52
Si vraiment on aime notre pays comme on aime nos familles , on cherche pas le poste mais on cherche la solution.
(Yerhmek ya Farhat Hached.)