Tunisie : Ces femmes découragées par la vie politique

Publié le Lundi 26 Mai 2014 à 17:45
Vue de l'atelier sur la participation de la femme à la vie politiqueRenforcer la participation de la femme aux élections, « n’est pas une tâche facile », selon Neila Chaabane, secrétaire d’Etat de la Femme et de la Famille. Pour ce faire, elle estime qu’il faut conjuguer les efforts de plusieurs parties concernées, « harmoniser leurs actions, capitaliser ce qui a été déjà fait, tout en tirant profit des erreurs du passé ». Lors des élections de 2011, les femmes n’ont représenté que 7% des candidats en tête de liste, avec un pic de 17% à Tunis 2. Sur 217 députés à l’Assemblée Nationale Constituante, seulement 59 sont des femmes.  C’est dire la faible représentativité de la femme dans la vie publique, et notamment dans l’exercice de la politique.

Un atelier de travail a été organisé, ce lundi 26 mai 2014,  par le secrétariat d’Etat pour la Femme et la Famille, à Tunis, pour débattre de la participation de la femme lors des élections. Un rendez-vous qui a réuni nombre d’associations et de personnalités politiques. Une occasion, selon Neila Chaabane, de répartir les tâches entre le secteur public et les associations, pour amener les femmes, entre autres, à aller voter. « Il y aura une campagne de sensibilisation, mais aussi nous travaillerons sur les cartes d’identité, car beaucoup de femmes entre 18 et 35 ans n’en possèdent pas. Nous travaillerons avec le ministère de l’Intérieur pour faciliter l’octroi de ce document », a-t-elle dit.

Elle met la désaffection des femmes quant à la chose publique, sur le dos du quotidien "qui pèse lourdement", mais aussi l’image que renvoi la place politique aux citoyens, et qui affecte la femme plus que l’homme.

Le professeur de droit constitutionnel, Chawki Gaddès, a pour sa part appelé à changer les mentalités «Nous devons changer la manière avec laquelle nos enfants voient la société. Et pour ce faire, il faut choquer la société, et changer son image. Nous devons imposer une loi exigeant un quota pour la participation de la femme. Et dans trente ans, quand cela deviendra un reflexe, nous enlèverons  cette loi», a-t-il dit, évoquant l’exemple de feu Habib Bourguiba quand il a bousculé la société en instaurant le code du statut personnel.

Selon lui, il ne faut pas seulement exiger que la femme soit représentée de manière égale que celle des hommes sur les listes électorales et dans les différentes institutions, mais aussi que la composition d’un bureau de vote doit répondre à ce même critère.

Le Centre des Femmes arabes de formation et de Recherches (CAWTAR) s’est penché sur l’expérience électorale de 2011, concluant que la femme n’y avait pas joué un rôle suffisant : «

Les femmes et les jeunes aussi se sont absentés à l’inscription et au vote. Notre travail a consisté à apporter un soutien aux associations dans les régions qui s’occupent de sensibiliser les femmes. Nous avons aussi travaillé sur les médias. Et nous avons constaté la nécessité d’inciter les médias à parler et à inviter les femmes à s’exprimer », a dit une représentante du centre.

Si la femme évite l’exercice de la politique « c’est qu’elle ne se considère pas aussi coriace que l’homme, ou pas assez compétente. Et puis en 2011, plusieurs partis avaient décrié la loi sur la parité, arguant qu’ils ne trouveraient jamais de candidates. Ce qui est faux », a-t-elle dit.

Si les femmes se désintéressent de la politique, c’est, selon elle, dû aux problèmes quotidiens avec lesquels la femme doit composer, mais aussi du à l’auto-exclusion. « Nous avons interrogé les femmes sur les causes de leur non participation à la vie politique, beaucoup ont évoqué la difficulté de se déplacer d’un endroit à un autre en milieu rural, la marginalisation géographique, l’impact de l’information,  l’impact de l’image, et l’impact de la religion. « Dans les régions reculées, où les autorités ne se sont pas déplacées, des associations et des partis politiques avec certaines idéologies, ont réussi à toucher les habitants et à trancher au sujet de la représentativité des femmes et du vote des femmes », a dit la représentante du centre CAWTAR, ajoutant tous ces facteurs ont fait que beaucoup de femme ont renoncé au droit d’aller voter ou de se présenter aux élections.

Lamia Zargouni, membre de L’ISIE, a pointé du doigt la faible participation de la femme lors des dernières élections, aussi bien que la faible participation des jeunes. « Peut-être que la loi électorale de 2011 n’a pas été bien expliquée au public, ou qu’il n’y a pas eu sensibilisation des femmes du troisième âge quant aux procédures de vote, y compris la procédure d’obtention d’une carte d’identité. Les gens ont probablement gardé en tête les cartes électorales qui existaient avant, et donc il existerait une crise de confiance, qui a touché surtout la femme rurale », a-t-elle dit.

 L’ISIE, serait, selon elle, de préparer une campagne de sensibilisation qui toucherait, surtout les femmes et les jeunes.  En 2011, la Tunisie comptait 7.5 millions d’électeurs, seuls 3.7 millions de Tunisiens ont voté.

Chiraz Kefi

 

Commentaires 

 
#1 RE: Tunisie : Ces femmes découragées par la vie politique
Ecrit par Montygolikely     27-05-2014 09:03
Ne vous en faites pas et si ça peut consoler les femmes, il y a aussi beaucoup d'hommes qui en on assez des guignols qui prétendent nous gouverner...
 
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