Ces administrations énergivores qui refusent de se soumettre au contrôle

Publié le Jeudi 12 Mai 2016 à 17:30
La maitrise de l’énergie dans le secteur public est le sujet de la conférence organisée ce matin par l’Agence Nationale de la Maitrise de l’énergie, à Tunis. Une journée qui a connu une forte affluence parmi les cadres des institutions de l’Etat et du secteur de l’énergie. 
 
Hamdi Harrouche, Directeur Général de l’ANME, a déclaré à cette occasion que les ressources du pays en matière d’énergie, ont baissé de 7% entre 2010 et 2015. En revanche, la demande en matière d’énergie primaire  a augmenté de 2% durant la même période, a-t-il expliqué.  

«Cette situation a créé un déficit de la balance de l’énergie primaire, qui a été multiplié par 7 entre 2010 et 2015. Face à cette situation, l’Etat a décidé d’appliquer une stratégie qui vise à réduire la consommation de 3% par an entre 2016 et 2030, ce qui fera une économie d’énergie en 2030, de 34% par rapport à ce qu’on aurait pu épuiser si on conservait le même niveau de consommation», a dit Harrouche.
 
Si l’objectif est atteint, la Tunisie sera proche du modèle des pays de l’OCDE, selon le DG de l’ANME, tandis qu’elle est actuellement dans la moyenne mondiale. La part de l’énergie par rapport au produit intérieur brut (PIB), sera en 2030 de 0.324 tonnes équivalent pétrole par 1000 dinars de PIB, soit la moitié de la densité enregistrée en 2015. « Ce qui représente une importante économie d’énergie pour le pays », a-t-il souligné. 
 
Le deuxième volet de cette stratégie consiste à porter l’emploi de l’énergie renouvelable dans la production de l’électricité, jusqu’à 30% à l’horizon 2030 tandis qu’il était de 3% en 2015. 
 
« Afin d’atteindre cet objectif, il a fallu hisser la capacité de production de l’énergie électrique à partir des énergies renouvelables à hauteur de 3.6 gigawatts avec des investissements de plus de 13 millions de dinars.  Ces investissements permettront de faire des économies de 16 millions de tonnes équivalent pétrole  entre 2016 et 2030 », a indiqué Hamdi Harrouche. 
 
 Ce volume représente le double de la consommation énergétique de 2014. 
 
Dans la même lancée, le directeur de l’ANME a déclaré que ces objectifs demeuraient tributaires de l’adoption des lois qui permettront l’activation du fonds de transition énergétique créé en 2014, et de la publication des textes d’application de la loi numéro 12 de 2015 portant sur la production de l’électricité à partir des énergies renouvelables.  
 
Par ailleurs, le président de l’Association des cadres de contrôle, d’Inspection et d’audit dans les structures étatiques tunisiennes (ACCIA), Adel Ghozzi, a déclaré que l’économie d’énergie, aussi infime soit-elle, « fait économiser de grandes sommes à la collectivité nationale si l’on considère les fonds colossaux qu’on réserve à l’énergie », a-t-il dit. 
 
« L’Etat a tenté d’encourager l’économie d’énergie notamment dans le secteur public, entre 1990 et 2013 à travers la publication de 13 circulaires appelant les administrations à l’austérité énergétique », a-t-il dit. Mais ces dispositions n’ont pas été suffisantes, puisque les résultats sont restés minimes et les dépenses énergétiques au lieu de diminuer, ont au contraire augmenté de manière importante au sein de plusieurs structures publiques. 
 
Plusieurs raisons sont à l’origine de ce retard, d’après le Président de  l’ACCIA , dont l’absence d’un système de suivi efficient capable de fournir l’information à temps réel, afin d’accélérer la prise de décision et les interventions rapides.
 
La faute revient aussi au manque de sensibilisation auprès des agents publics, et à la multiplicité et la dispersion des dispositions réglementaires du secteur, ainsi qu’à l’absence d’une mise à jour conforme à la réalité. 
 
Sabotage de compteurs
Adel Ghozzi  pointe également le refus clair de toute disposition garantissant le contrôle et la transparence dans la gestion du carburant et de l’énergie, de la part des agents de plusieurs structures publiques.  « Il dénonce des sabotages de compteurs », et « le refus de tout questionnement autour les consommations excessives ». Selon Adel ghozzi, certains agents vont jusqu’à se liguer contre les contrôleurs et refuser tout suivi en bloquant le bon fonctionnement du service public. 
 
Les responsables de l’énergie manquent de formation, selon Ghozzi, aindi que de prérogatives. 
 
Il dénonce l’absence de politique, au sein des entreprises publiques opérant dans le domaine de l’énergie, qui viserait à développer les services en fonction des attentes des clients publics. En l’absence d’un système informatisé de suivi de situation, les entreprises publiques sont obligées d’envoyer quelqu’un à la Société Nationale de distribution du Pétrole afin de récupérer les informations sur le volume de leurs transactions. 
 
"Il n’existe pas de contrôle suffisant dans la gestion de l’énergie, ni de système de sanction, dissuasif, pour tout dépassement ou manquement flagrant", a-t-il dénoncé. 

Il a à cet effet appelé à réviser le cadre légal et le dispositif de gestion de l’énergie en élaborant un code et en mettant à jour plusieurs textes caducs. 
 
Il préconise également la mise en place d’un système informatique efficace pour le contrôle et le suivi de la consommation de l’énergie qui soit sous la tutelle de l’ANME.  Il faut selon lui, renoncer au plus vite aux bons d’essence accordés aux institutions étatiques pour les remplacer par des cartes magnétiques, afin de contrôler la consommation, et organiser des opérations régulières d’audit surtout auprès des grands consommateurs d’énergie.
 
Ghozzi préconise aussi,  de divulguer la liste des structures étatiques dont le système interne de contrôle est fragile ou qui refusent d’appliquer les programmes d’économie d’énergie, et parle de pénaliser tout bureau d’étude ou architecte ayant omis le volet énergétique dans les études présentées aux structures étatiques. 

Chiraz Kefi
 
 

Commentaires 

 
+1 #1 RE: Ces administrations énergivores qui refusent de se soumettre au contrôle
Ecrit par Montygolikely     16-05-2016 17:33
Au lieu de penser "à pénaliser" bureaux d'études d'ingénieurs et architectes (c'est malheureusement la seule solution qui vient à l'esprit de beaucoup de nos concitoyens, la faute, c'est connu, retombant toujours sur les "autres") et de pointer du doigt les structures étatiques "fragiles";
Commençons, à titre de première étude, à évaluer sérieusement qui travaille effectivement et qui ne fout absolument rien (c'est généralement ceux qui jouent aux cartes ou sont constamment sur "Facebook" sur leur ordinateurs de bureau) et qui consomment le plus d'énergie, ceux qui profite de la voiture de service d'une façon honteuse et qui finalement sont les véritables énergivores.
 
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