Tunisie, certains artistes ou la liberté "irresponsable" |
Publié le Jeudi 14 Juin 2012 à 17:47 |
Les derniers troubles survenus en Tunisie constituent une grave dérive de notre processus transitoire déjà titubant. Ils ont apporté beaucoup de torts à une situation fragile et ont énormément nui à notre image à l’extérieur. Il n’y a qu’à voir les titres relayés par les médias occidentaux, notamment français, à l’instar de "la Tunisie s’embrase", "émeutes urbaines en Tunisie à cause d’une exposition" etc., pour se rendre compte de l’impact négatif de cette recrudescence de violence, notamment sur la reprise du tourisme et le retour des investissements. De quoi faire douter le monde qui nous regarde de note capacité réelle à surmonter ce cap difficile, et à jeter les bases d’une démocratie pacifique et apaisée. Ce n’est pas la première fois que le processus transitoire trébuche, et connaisse une escalade de violence depuis le 14 janvier. Le peuple se trouve à chaque fois terrorisé, la machine économique en rade s’en ressent davantage, et le climat général s’envenime. Ces événements passent comme ceux qui les précèdent sans que les Tunisiens ne soient en mesure de mettre des noms sur ces actes criminels, qui hypothèquent le présent et l’avenir du pays. Les derniers troubles ne font pas l’exception, ils sont imputés pêle-mêle à des groupes dits salafistes, à des délinquants et criminels, à des forces du régime déchu…d’aucuns parlent d’une alliance objective de plusieurs forces, entre celles qui veulent imposer un nouveau mode de société par la force, et d’autres qui se froissent de voir la Tunisie se redresser peu à peu, et substituer la démocratie au despotisme, car cela les amène à perdre définitivement leurs privilèges et à répondre de leurs actes, devant la justice et le peuple. Cette escalade de violence n’a néanmoins pas surgi ex-nihilo, la première étincelle a éclaté le dernier jour de l’exposition du printemps des arts du palais al-Abdalia, qui a comporté des œuvres attentatoires aux symboles de l’Islam. Il n’en a pas fallu plus pour que le triptyque maudit se déclenche : instrumentalisation, manipulation et dégénérescence. Le spectre de la violence est le plus grave danger qui plane sur le présent et l’avenir de la Tunisie, et face auquel les autorités doivent faire montre de la plus grande fermeté, non seulement au niveau du discours, mais aussi à celui des actes. La Tunisie est aujourd’hui un pays en mutation ; laquelle peut-être conçue diversement, selon les convictions idéologiques, politiques et religieuses de chacun. Cette diversité d’opinions, d’aspirations et de rêves, légitime pour chacun d’entre nous, doit procéder d’un socle commun ; d’un vivre ensemble, que l’on doit concevoir selon nos différences, mais en étant unis et soudés autour de l’essentiel : la préservation de la paix civile, c’est là une ligne rouge que quiconque n’a le droit de s’improviser à menacer. La violence est la plus grande ennemie de la paix civile. Son éradication doit émaner d’une démarche collective. Cela suppose une application stricte de la loi par le gouvernement ; la tolérance zéro doit être décrétée pour tous, et toute impunité n’a aucun lieu d’être. Les partis politiques, et les composantes de la société civile sont appelés à apprivoiser ces pulsions violentes qui rongent certaines catégories de la société, et les éduquer au débat, à l’échange, par la force de l’argument et non par le biceps. L’élite a aussi un rôle déterminant à jouer pour freiner toute propension à la brutalité. Les artistes dont on parle beaucoup ces derniers jours font partie de la quintessence de l’élite, dont la mission pendant cette période transitoire est cruciale pour apaiser les tensions, adoucir les mœurs, véhiculer des messages d’amour, et d’acceptation de l’autre, combattre les divisions artificielles qui minent la société, cultiver le bon goût chez les citoyens, glorifier les réalisations du peuple tunisien pendant cette révolution, redonner au peuple sa confiance en son avenir et à celui de son pays. Nos artistes pleins de talents et d’ingéniosité sont capables, dans leurs différents domaines de création, de produire des chefs d’œuvres à même d’influencer dans le bon sens nos réalités actuelles. Ils doivent pour ce faire, jouir de toute leur liberté. Jamais l’art ne peut s’exercer sous le contrainte ou la tutelle. Une liberté responsable, qui tient compte de cette situation délicate que traverse le peuple tunisien, celui qui n’a pas encore cicatrisé ses blessures et guéri ses souffrances. L’exposition d’al-Abdélia est hélas allée à contre-courant de ce qu’exige la période actuelle. Les Tunisiens ignorent, dans leur majorité, ce qu’elle a comporté au juste comme œuvres. Certains médias ont entretenu à dessein cette ambiguïté. Ils persistent à dire que ladite exposition n’a pas présenté des œuvres attentatoires aux symboles de l’Islam, or, à voir les tableaux exposés (voir le monde.fr), on s’aperçoit du contraire. Cette exposition a bel et bien comporté de tableaux dont la laideur esthétique donne une image dégradante de l’Islam, sème la peur et nourrit les amalgames. Si cela s’est produit en Occident, dans les pays des caricatures blasphématoires, on l’aurait compris, mais que cela se produise en Tunisie, dont la population est dans son écrasante majorité musulmane et où la prégnance du sentiment religieux est très forte, voilà qui peut surprendre, pour utiliser un euphémisme. Mais que ne fera-t-on pas au nom de la liberté ? H.J. |
Commentaires
Ecrit par Meriem 18-06-2012 12:14
Ecrit par tutu 16-06-2012 12:33
Ecrit par Montygolikely 16-06-2012 12:16
Le Ministère de l'intérieur devrait enquêter à partir de quel(s) compte(s)
Facebook ont été propagées les images des "fausses toiles" prétendument exposées à El Abdellia et traduire leur auteurs devant la Justice pour les conséquences désastreuses de leur "propagation de fausses nouvelles".
Ecrit par as des as 16-06-2012 09:57
Ecrit par Hédi 15-06-2012 12:10
Bien, il faut bien que quelqu'un fasse le travail, puisque certains journalistes abandonnent leurs principes et convictions.
-Premièrement, cette exposition a duré 10 jours sans problème. Seul le dernier a posé problème après l'intervention d'un huissier connu pour être un ancien militant du RCD. Donc sans intervention de ce mr aidé par Adel Almi (un obscurantiste bien connu), on aurait pas connu ces évènements.
-Deuxièmement, on nous a d'abord dit que la représentation représentait des oeuvres sur l'homosexualité (voir la vidéo du dit huissier et de Almi le dimanche), puis on nous a dit qu'il y avait une culotte, puis on nous a parlé d'une représentation du prophète. Or, rien de tout ça n'était présent dans cette exposition. Puis on nous a parlé d'une inscription d'Allah en forme d'insecte qui pend un écolier. Sauf que cette oeuvre ne pendait pas l'enfant, mais les fourmis étaient reliés à son cartable, les fourmis symbolisant dans le Coran le savoir et le travail. Mais les islamistes, qui ne connaissent rien à l'Islam, sont trop ignorants pour le savoir. Après avoir démonté la manipulation, Lotfi Zitoun nous parle de femmes voilées sur un punching ball, encore raté. L'oeuvre cette fois-ci incriminée représentait des femmes (non voilées) avec chacune une religion présente en Tunisie. Ce cas est typique de la manipulation des masses. Comme disait Goebels "Un mensonge répété dix fois reste un mensonge; répété dix mille fois il devient une vérité." D'ailleurs, j'en profite pour vous dire que votre conception de la culture, est exactement la même que celle des Hitler, Mussolini et autres fascistes. Elle ne doit pas provoquer, elle doit rassurer. En gros, un instrument de propagande. Allez voir leurs citations à ce sujet, peut-être que cela vous fera réfléchir.
-Troisièmement, tout ce qui s'est passé après la dite exposition n'a strictement aucun rapport avec celle-ci. En quoi attaquer les locaux de l'UGTT est une réaction à l'atteinte au sacré? En quoi l'attaque des locaux d'el Watad, PCOT, parti républicain à travers tout le territoire est une réaction à l'atteinte à l'Islam? Qu'est ce que les artistes ont avoir là-dedans?
Vous parlez de provocations d'artistes "contre l'Islam". Mais des incessants et pratiquement quotidiens appels au meurtre dans les mosquées contre tout ce qui n'est pas islamiste vous n'en avez cure. Madame, si vous vouliez vous indigner contre l'atteinte au sacré, vous auriez dû écrire un article lorsque l’infâme président d'Ennahdha à son retour à Tunis a été accueilli par un chant réservé au prophète. Vous auriez dû vous indigner lorsque ce même président a été érigé au même rang que les compagnons du prophète. Qu'aurait-on entendu de la part de ceux qui ont des indignations sélectives si un leader de gauche avait été qualifié de la même façon?
Finalement, le jour où ne pas porter le voile sera une provocation et une atteinte au sacré et justifiera toutes les exactions possibles contre les femmes, ne soyez pas étonnés. Ce sera en premier lieu aux gens comme vous, qui ont capitulé dès le premier coup, car d'autre coups contre la liberté suivront. Et les gens comme vous en seront les premiers responsables. Encore une fois, HONTE A VOUS!