Tunisie : Caïd Essebsi et Essid, un tandem dans un régime présidentiel !

Publié le Lundi 05 Janvier 2015 à 17:53
De gauche à droite : Habib Essid et Béji Caïd Essebsi. Nida Tounes a respecté les délais constitutionnels, et à  annoncé ce lundi 05 janvier, le nom du futur chef du gouvernement, en la personne d’Habib Essid. Ce dernier n’a été évoqué qu’hier dimanche, et n’a pas fait partie des noms qui circulaient cette dernière période dans les médias pour la succession de Mehdi Jomaâ.

A travers ce choix, et en évitant de confier la Kasbah à l’un des siens, comme l’a réclamé un camp de Nida que l’on dit diriger par Taëb Baccouche, le parti de la majorité chercherait à écarter toute propension à l’hégémonie, et à montrer son ouverture et son attachement au consensus.

L’annonce de désignation d’Habib Essid suscite, néanmoins, des réactions partagées, faisant grincer les dents de certains. Ennahdha, deuxième force au sein du parlement, lui accorde un préjugé favorable, et dit respecter, par la voix de son porte-parole Zied Laâdhari, "les qualités de l’homme et son expérience au sein de l’Etat", signalant que sa position définitive envers son gouvernement, sera arrêtée à la lumière de sa composition et son programme.

Le front populaire perçoit dans ce choix "un message négatif au peuple tunisien". Son porte-parole, Hamma Hammami, reproche à Habib Essid d’appartenir "aux anciens régimes".

Hammami aurait préféré que Nida Tounes assume les responsabilités à la tête de la kasbah : "Pourquoi le parti de la majorité ne veut pas gouverner et ne veut pas appliquer son programme ? D’où le chef du gouvernement indépendant va-t-il prendre les instructions ?" , s’est-il interrogé sur Shems.

Même tonalité négative de Mohamed Abbou. Le chef du courant démocratique considère cette désignation comme "une grande erreur". Ce n’est pas sa personne qui pose problème, admet-il sur la même radio, signalant son appartenance à l’ancien régime.

Autant de réactions et bien d’autres exprimées à chaud, en attendant que les choses se clarifient avec l’annonce de la composition du gouvernement Essid et les priorités qui figureront dans son programme.

D’aucuns s’interrogent sur la position qu’aura Habib Essid dans la hiérarchie de l’Etat. En vertu de la constitution, le chef du gouvernement est le principal et véritable chef de l’exécutif, étant issu de la majorité parlementaire. Même si la loi fondamentale a essayé d’introduire un certain équilibre entre le président de la République, et le chef du gouvernement, ce dernier est celui qui est investi de plus de pouvoirs et de prérogatives. Le régime politique inscrit dans la constitution du 26 janvier 2014, étant un régime mixte, beaucoup plus proche du régime parlementaire, que du régime présidentiel.

Mais la théorie en est une chose, et la pratique en est une autre. Les résultats des élections ont changé la donne, et ont dégagé l’homme fort de la Tunisie, qui n’est autre que le nouveau locataire de Carthage, Béji Caïd Essebsi.

La nouvelle configuration qui point à l’horizon plaide pour un régime présidentiel, où les pouvoirs sont concentrés à Carthage, et les instructions en émanent. Habib Essid fera figure plutôt d’un Premier ministre, qui applique la politique et les orientations tracées par le président et son équipe.

Le tandem de l’exécutif pourra fonctionner en symbiose, mais n’aura les coudées franches de mener sa politique et de conduire des réformes, qu’en fonction de la majorité dont il dispose au parlement, et des alliances qui y seront nouées. Lesquelles sont subordonnées à la nature et à la composition du gouvernement. Un gouvernement de coalition avec les partis proches de Nida, à l’instar d’Afek, de l’UPL et probablement d’Ennahdha conférera une majorité confortable au gouvernement Essid. L’attitude positive affichée ce lundi par le mouvement islamiste pourrait être une nouvelle sollicitation, de sa part, d’intégrer le gouvernement, d’autant plus qu’Ennahdha n’a cessé de prôner un gouvernement d’unité nationale, garant de stabilité, à ses yeux. Dans ce cas de figure, le Front populaire se retrouvera, eu égard de ses positions maintes fois réitérées, dans l’opposition.

Habib Essid a annoncé qu’il mènera des concertations avec les partis politiques et les organisations nationales, mais n’a pas détaillé si ces consultations vont porter sur la participation à son cabinet, ou sur son programme et ses priorités. De toutes les manières, il ne va pas partir de zéro, et mènera son action sur la base des ententes conclues sur l’architecture et la structure du gouvernement déjà préparées par Nida de concert avec d’autres partis politiques. 
H.J.
 


 

Commentaires 

 
-5 #1 CURIEUX CHOIX
Ecrit par KEFI BEN KEFI     05-01-2015 22:51
c est surement une cllause SECRETE des ACCORDS DE BOURGUIBA AVEC LA FRANCE
en plus 50 ans ,mis à part les intermèdes de moins d un ans de laaridh et cebci TOUS LES PREMIERS MINISTRES SONT DE BOUJAAFAR ET SES ENVIRONS :nouira et mzali de mistir jomaa et sfar de mahdia b ali de h sousse et essid de sousse /
C EST CURIEUX ....NON ? ET POURTANT .......... sans alternance au pouvoir il n y a ni démocratie ni justice ni équilibre régional ! la seule explication plausible donc c est farhat RAJHI qui l a fournie
 
Ces commentaires n'engagent que leurs auteurs, la rédaction n'en est, en aucun cas, responsable du contenu.