Bensédrine tient Khemaïs Jhinaoui pour responsable de l’entrave des travaux de l’IVD |
Publié le Mardi 19 Juin 2018 à 14:36 |
La présidente de l’instance Vérité et Dignité (IVD), Sihem Bensédrine, a tenu ce mardi 19 juin, "le ministre des Affaires étrangères, Khemaïs Jhinaoui, en personne pour responsable" de l’avoir empêché de voyager après qu’elle s’est vu retirer son passeport diplomatique à l’aéroport. Bensédrine a annoncé, lors d’un point de presse, que l’instance allait lancer les procédures judiciaires contre tous ceux qui auront entravé ses travaux, signalant avoir été obligée de prévenir l’Institut de la paix de l’Union européenne, où elle devait se rendre pour donner une conférence sur l’expérience tunisienne de justice transitionnelle, d’avoir été empêchée de voyager. "L’institut de la paix de l’UE place l’expérience tunisienne en tête des expériences de justice transitionnelle réussies", a-t-elle indiqué, signalant que l’annulation illégale de son voyage "aura un coût sur l’image de la Tunisie et l’autorité de l’Etat, dont Khemaïs Jhinaoui assume en personne la responsabilité". Elle a affirmé avoir dépêché une correspondance au ministère des Affaires étrangères il y a cinq jours pour le tenir au courant de son voyage, déplorant que le ministère n’ait pas pris la peine de la prévenir au préalable que son passeport diplomatique allait lui être retiré. Sihem Bensédrine a déclaré que l’instance poursuivait ses travaux conformément à un accord conclu avec la présidence du gouvernement, en vertu duquel l’Etat s’engage pour le parachèvement du processus de justice transitionnelle, conformément à l’article 148 de la constitution. Cet accord écrit fait mention de "l’engagement de la présidence du gouvernement, à parachever le processus de Justice transitionnelle du fait de son rôle central en matière de processus de transition démocratique", a-t-elle souligné. Certains ministères et administrations ont compris le texte "à l’envers", et des personnes agissent "sous l’influence de certains lobbies" hostiles à la justice transitionnelle, a-t-elle indiqué en substance. Parmi les ministères qui ne sont pas coopératifs avec l’instance, Bensédrine a cité le ministère des Domaines de l’Etat, et le ministère des Affaires étrangères qui a déjà retiré les passeports diplomatiques des membres de l’instance il y a une année, malgré la contestation de celle-ci, excepté celui de la présidente. Elle a par ailleurs évoqué le harcèlement dont font l’objet des fonctionnaires en détachement à l’instance, de la part de certaines administrations, pour les obliger à rejoindre leur poste initial, alors que l’IVD a encore besoin d’eux. Bensédrine a rendu hommage à la justice qui se montre coopérative avec l’instance, cela montre que "la justice est indépendante", s’est-elle félicitée, annonçant le transfert d’autres dossiers vers les juridictions spécialisées. "L’IVD est en train de poursuivre ses travaux et personne n’est en mesure d’arrêter son travail", a-t-elle asséné, promettant de rendre la décision de l’instance à chaque victime pour la réparation des violations qu'elle avait subies. Gnet |