Tunisie : Ben Jaafar appelle à un candidat consensuel pour la présidentielle

Publié le Mercredi 29 Octobre 2014 à 20:38
Mustapha Ben Jaafar, SG d'Ettakatol, a exprimé aujourd'hui la grande surprise de son parti à l'annonce des résultats des élections législatives: "On s'attendait à une chute dans les résultats, mais pas à ce point. Cela a été un choc", a-t-il déclaré ce soir, lors d'une conférence de presse tenue à Montplaisir.  Il a imputé ces résultats à l'usure du pouvoir mais aussi à l'éparpillement de la famille socio-démocrate.

"Ces résultats ont été les mêmes pour toute la famille socio-démocrate, cette même famille qui a lutté contre la dictature...et cela a été un message de la part du peuple tunisien", a -t-il dit. 
 
Le chef d'Ettakatol, parti jadis fort et un des piliers de l'ex-Troika, s'est dit ne pas pouvoir s'imaginer le parlement sans la militante Maya Jeribi,  Mohamed Hamdi, Samir Bettaieb, Najla Bouriel, Salma Baccar ou encore Fadhel Moussa. "On n'arrive pas à croire comment ces personnes ont été sanctionnées après le travail qu'elles ont fait...elles ont été écrasées", a-t-il regretté.

Mustapha Ben Jaafar a dit par ailleurs, accepter les résultats des urnes "et regarder vers l'avenir", tout en réitérant sa confiance en l'Instance Supérieure Indépendante des Elections et en la Justice tunisienne. 

Mais Mustapha Ben Jaafar n'a pas raté l'occasion de critiquer, sans le nommer Nidaa Tounes, en déplorant " le retour du débat autour de l'identité auquel nous croyions avoir mis un terme", selon ses dires. Il a fait allusion à la politique du parti de Beji Caid Essebdi, qui a joué la carte de l'appartenance pour faire pression sur l'électorat,  le pressant à choisir son camp parmi la famille progressiste, sans quoi il serait considéré comme étant du camp adverse, à savoir d'Ennahdha.

Ben Jaafar a ajouté que l'absence des forces socio-démocrates durant les 5 prochaines années sera "un point noir". Il s'inquiète par ailleurs, de "l'abondance de l'argent politique", et du rôle qu'il a joué lors de ces élections. 
 
Il s'est dit aussi inquiet du recul du "souffle révolutionnaire", tout en rappelant les slogans de la révolutions et ses objectifs socio-économique. "Certains même attaquent ceux qui portent encore ces slogans", a-t-il mis en garde.

Le président de l'ANC a appelé à la "vigilance" et au respect des institutions, évoquant "la frivolité" de certains quand ils parlent des institutions de l'Etat, à l'instar de Beji Caid Essebsi qui a appelé à dissoudre l'Assemblée ou qui a appelé Moncef Marzouki à quitter son poste. 
 
"Si en 2013 nous avions dissout l'ANC ,  la constitution et ces élections seraient aux oubliettes...Nous comprenons que ces revendications ont été extrêmes, et excusez-le terme, des revendications puériles", a-t-il dit.
 
Par ailleurs, Ben Jaafar a appelé aujourd'hui à la formation d'un gouvernement d'union nationale, pour faire face aux exigences économiques et sociales. 

Il a dit avoir saisi le message envoyé par le peuple à travers ces chiffres, mais aussi à travers les réactions des citoyens : "Le peuple tunisien nous en veut, car, nous, forces socio-démocrates nous n'avons pas  pu nous unir et proposer une force alternative", a-t-il dit. 
 
Au lendemain des résultats des législatives, Mustapha Ben Jaafar, estime qu'il est devenu nécessaire de réunir toutes ces forces proches pour choisir un candidat consensuel aux présidentielles. Il a de ce fait appelé Ahmed Ben Salah et Ahmed Mestiri à ne pas garder le silence en cette période cruciale, et a lancé un appel à Moncef Marzouki, Ahmed Nejib Chebbi, Mohamed Hamdi, Mohamed Abbou, Ali Romdhane, Ibrahim Hayder, Hamma Hammami, Zouhair Maghzaoui, Raouf Ayadi et Maya Jerbi, à faire partie de cette réunion qui selon lui, devrait avoir lieu dans les 3 prochains jours. 
 
Mustapha Ben Jaafar s'est dit prêt à renoncer à sa propre candidature si une autre personnalité serait choisie. 
Chiraz Kefi