Tunisie, Béji Caïd Essebsi se voit en l’homme providentiel |
Publié le Vendredi 22 Juin 2012 à 12:30 |
Avec condescendance et suffisance, Béji Caïd Essebsi qui se proclame allègrement de l’école bourguibienne s’est prévalu hier, lors d’une interview accordée à al-Watanitya, d’une légitimité historique, qui fait de lui l’homme d’Etat qui en connait les arcanes, et en maîtrise les règles. "Bourguiba est une école, et politiquement, j’en suis le diplômé", se plait-il à affirmer. L’ancien Premier ministre ne tarit pas d’éloges sur le défunt "combattant suprême", à qui revient, dit-il, "la construction d’un Etat souverain, indépendant, et libre". Il rend hommage aux réalisations colossales du parti unique, le PSD d’il y a cinquante ans. A l’image de Bourguiba qui honnissait ses détracteurs, les traitant de tous les noms : "minus", "microbes", Si Béji ne semble pas, non plus, affectionner ses contempteurs. A Ahmed Ben Salah qui estime que son mouvement "Appel de la Tunisie est une trahison", il rétorque hargneux, "c’est lui qui a trahi tout le pays", en allusion à l’expérience des coopératives. Sur la scission de 1978 au sein du Parti socialiste destourien, (PSD), qui était l’œuvre d’Ahmed Mestiri, lui-même et d’autres qui ont alors créé le MDS, Caïd Essebsi dit avoir compris à l’époque que le parti qui n’est pas démocratique n’est pas crédible. "Bourguiba n’est pas démocrate", reconnait-il, mais "c’est un patriote qui a servi son pays, personne ne s'est sacrifié autant que lui, il a passé 14 ans dans les prisons du monde et 13 ans dans les prisons de Ben Ali" (NDLR : Bourguiba était assigné à résidence depuis le 7 novembre 1987 jusqu’à sa mort en avril 2000). Pour l’ancien premier ministre, "l’UGTT est une partie intégrante du paysage politique tunisien. Ses membres ont participé au mouvement de libération national, et Farhat Hached en était le chef au moment de son assassinat." "Salah Ben Youssef avait un problème personnel avec Bourguiba" Béji Caïd Essebi ne met pas Habib Bourguiba et Salah Ben Youssef sur un pied d’égalité. "Salah Ben Youssef est un grand leader du Destour, Bourguiba est le combattant suprême", admet-il, en ajoutant : "Salah Ben Youssef n’est pas un nationaliste arabe, c’est un destourien". La rivalité entre les deux hommes a surgi, à ses yeux, au moment de la signature du traité de l’autonomie interne, que "Bourguiba a considéré comme un pas en avant, et Ben Youssef comme un pas en arrière". Pour Béji Caïd Essebsi, "Salah Ben Youssef avait un problème personnel avec Bourguiba. Le problème qui les opposait était censé se terminer avec l’indépendance de la Tunisie, mais Ben Youssef s’obstinait à dire : ma tête ou celle de Bourguiba, même si le sang coulait". Des propos qu’il dit confirmer par des témoins. Il qualifie de mensonges, les accusations de torture des youssefistes qui lui sont adressées. Il dit avoir été ministre du Tourisme, au moment de la tentative de putsch de 1962 en Tunisie, à laquelle ont participé "des Bizertins qui n’étaient pas d’accord sur la manière dont s’est déroulée la bataille de Bizerte, des militaires et un seul Youssefiste". Il se remémore avec fierté les événements de Hammam Chatt, à l’époque où il était chef de la diplomatie tunisienne. "Le conseil de sécurité a voté une résolution où il a condamné pour la première fois Israël, sans que les Etats-Unis n'opposent leur droit de veto, car à l’époque la Tunisie avait son poids et son aura dans le monde", s’enorgueillit-il. "Tout ce travail, on l’a fait pour la Tunisie", martèle-t-il. "J’aurais aimé que vous invitiez l’actuel ministre des Affaires étrangères, pour qu’il se rende compte que cette diplomatie on l’a menée pour la Tunisie, mais pour des raisons qu’il serait long d’expliquer, cela a été impossible", ironise-t-il. Béji Caïd Essebsi refuse de dire avoir travaillé avec Ben Ali, et tance ses adversaires : "ce sont ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir qui ont signé le pacte national avec Ben Ali". Evoquant sa gestion de la période transitoire, Caïd Essebsi dit ne pas avoir été convaincu de l’élection d’une assemblée constituante, mais il y a adhéré, car il s’agissait d’une exigence populaire. "Dès mon arrivée, j’ai établi une feuille de route", chose qu’il reproche à l’actuelle équipe dirigeante de ne pas avoir fait. "Si le gouvernement actuel a des problèmes, c’est que sa gestion ne sied pas à la période transitoire, il est en train d’agir comme s’il était censé rester éternellement," estime-il. "L'exclusion des Rcédeistes est un affront envers les Destouriens" Beji Caïd Essebsi oppose une fin de non-recevoir à l’exclusion des Rcédeistes. A ses yeux, l’exclusion concerne trois pays dans le monde : "Israël a exclu les Palestiniens, l’Afrique du Sud dont le régime d’Apartheid a exclu les noirs, et l’Allemagne nazie qui a exclu les Juifs". "Je ne veux pas que mon pays soit le quatrième, ce sera un affront envers les Destouriens qui ont libéré le pays, c’est contre le principe de citoyenneté". Et il s’emporte en interpellant ceux qui sont aux commandes : "Si vous avez rjoulia (terme trivial pour qualifier la virilité masculine et le courage), poursuivez-les en justice, mais ne leur infligez pas une punition collective". Et de fulminer : "Ce n’est pas seulement les rcédeistes qui ont des dossiers, mais même ceux qui gouvernent aujourd’hui ont les leurs, et je sais de quoi je parle" Après cet accès de colère, il se montre conciliant, en estimant que "les autorités commencent à accomplir leur devoir, et le pays est en train d’avancer". A ceux qui s’interrogent sur le secret de sa visite au Qatar, il rétorque sur un ton de dérision, "ils s’interrogent sur les raisons de mon rayonnement à l’étranger. Je suis depuis 30 ans au service de l’Etat, j’ai des amis dans le monde et ils m’invitent". Sur son initiative "Appel de Tunisie", il dit qu’"elle est l'œuvre de patriotes qui veulent servir leur pays, et qui pensent pouvoir contribuer à l’amélioration de la situation. Aucun parti ne peut résoudre seul les problèmes", souligne-t-il, appelant à l’unité et au resserrement des rangs. Au sujet de sa déclaration sur la fin de la légitimité le 23 octobre 2012, il précise que la légitimité électorale arrive à son terme à cette échéance, "on ne va pas revenir à la présidence à vie ?", s’exclame-t-il, en évoquant l’existence de la légitimité de l’action et de la légitimité consensuelle. Béji Caïd Essebsi martèle que son initiative "n’est pas dirigée contre Ennahdha, et qu’elle est ouverte à tous ceux qui croient en l’Etat, au drapeau, à l’article premier de la constitution, au code du statut personnel"... Il pointe la rancœur de certains membres des partis de la troïka critiques à son égard, et relativise la légitimité du gouvernement actuel. "Seule la moitié du corps électoral s’est inscrit sur les listes, 4 millions électeurs sur un total de 8,2 millions", dit-il. Même s’il présente son mouvement "Appel de la Tunisie", comme une initiative de soutien et non d’opposition, l’ancien premier ministre semble s’impatienter de voir la prochaine échéance électorale pointer. Ses pronostics se limitent pour le moment à des hypothèses : "1,5 millons électeurs on voté pour Ennahdha, on peut faire mieux, ou moins bien". H.J. |
Commentaires
Ecrit par Benzarty 25-06-2012 09:37
Ecrit par voltaire 24-06-2012 13:43
tony blair premier ministre à 43 ans
sebsi veut etre president à 86 ans !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! !!
Pauvre Tunisie ou la veille garde corrompue de RCD veut revenir au pouvoir à tout prix
Ecrit par zarzour 24-06-2012 10:52
Ecrit par Sami Boussoffara 24-06-2012 08:03
Ecrit par SDF 23-06-2012 18:49