Tunisie : BCE saura-t-il empêcher la division de Nidaa Tounes ?

Publié le Mardi 10 Novembre 2015 à 18:00
Béji Caïd Essebsi est amené à sotir Nidaa Tounes de la crise. Une délégation de députés démissionnaires de Nidaa Tounes sera reçue demain, mercredi, par le président de la république, Béji Caïd Essebsi, à Carthage, comme l’a déclaré leur porte-parole, Mustapha Ben Ahmed, à la TAP. Cette rencontre vise à trouver des solutions aux problèmes que traverse le mouvement, a-t-il ajouté.  

Après avoir gelé leur adhésion au groupe parlementaire, dans la foulée  des actes de violence ayant marqué la réunion du bureau exécutif du mouvement, le dimanche 1er novembre à Hammamet, un groupe de 31 députés, connus pour appartenir au camp de Mohsen Marzouk, ont déposé hier leur démission du bloc parlementaire de Nidaa Tounes, auprès du  bureau d’ordre de l’ARP. Cette démission ne prendra effet que dans cinq jours, c'est-à-dire le vendredi 13 novembre, conformément au règlement intérieur de l'Assemblée. 

Si elle devient effective, la démission conduira les frondeurs de Nidaa à quitter le parti, et à former un autre bloc parlementaire indépendant, étant donné qu’un seul parti n’a pas le droit d’avoir deux blocs au sein du parlement. Nida Tounes constitué actuellement de 86 députés, perdrait, dans ce cas de figure, la majorité à l’Assemblée, à la faveur du mouvement Ennahdha (69 députés).

La division du parti de la majorité engendrera des changements systématiques au sein du parlement, notamment au niveau de la présidence de certaines commissions, qui passera de Nidaa à Ennahdha. Cela risque aussi de mettre à mal les travaux de l’Assemblée, de perturber et de ralentir le vote des projets de loi, a fortiori qu’un bloc parlementaire scindé en deux n’aura pas la même homogénéité en termes de vote des textes, aussi bien au sein des commissions, que lors des plénières.

A priori, la division de Nidaa ne va pas avoir d’impact sur le gouvernement de coalition conduit par Habib Essid, ni sur la présidence de la république. Les démissionnaires ont affirmé leur soutien au gouvernement, et au projet sur lequel le parti a été fondé. Ils maintiennent la voie du dialogue ouverte, et se disent prêts à revenir sur leur démission, si une solution radicale est trouvée à la crise, et si leurs demandes sont entendues, et prises en considération. 

Les frondeurs appellent à la tenue d’un congrès électif, et non constitutif, comme le veut le camp adverse, celui de Hafedh Caïd Essebsi. Ils se disent attachés au bureau exécutif, et non au comité constitutif, dont ils ne reconnaissent pas les décisions, ni la réunion du jeudi 12 novembre, et réitèrent leur refus de la violence et de la mainmise sur les structures du parti.

Les dissidents auront à soumettre toutes leurs doléances demain au président de la république, dans une tentative de parvenir à une sortie de crise, et de maintenir uni le parti, et son bloc parlementaire.  

Le fondateur du mouvement aura donc demain la difficile tâche de concilier des positions inconciliables et de faire revenir les frères ennemis à de meilleurs sentiments les uns, envers les autres. Il aura à jouer la médiation entre le clan mené par son fils, et l’autre dont le chef de file est le Secrétaire Général du parti, Mohsen Marzouk. Selon une proposition relayée dans la presse, qui lui est prêtée, BCE préconise que ni Caïd Essebsi junior, ni Marzouk ne se présentent à des positions de premier plan au sein du parti lors des prochaines élections, c'est-à-dire que le président d’honneur du mouvement serait favorable à ce que le prochain congrès soit électif, comme le réclament les dissidents.

S’il en était le cas, il aurait fait l’essentiel du chemin de la réconciliation. Etant entendu, qu’il ne sera pas compliqué, le cas échéant,  de faire la synthèse entre le comité constitutif et le bureau exécutif, et de faire oublier le tumulte ayant marqué la réunion d'Hammamet. BCE est attendu demain sur le sauvetage de l’union du parti, car la division signifie l’effritement, l’affaiblissement, voire la disparition. Le mouvement se serait ainsi brisé en un temps record, de la même manière qu’il est né, grandi et accédé aux responsabilités.

Gnet