Tunisie : BCE, Ghannouchi et Hammami : Au club des contestés !

Publié le Mardi 27 Septembre 2016 à 17:34
Les partis politiques les plus en vue sont traversés par des remous internes. Une guerre de courants, de caciques, de leadership…peu importe l’appellation, la réalité est que le climat intra-parti est de plus en plus marquée par des crispations, provisoirement circonscrites, mais pouvant mener à une grogne, des dissensions et des implosions, voire à l’effritement du paysage partisan.   

Les conflits intra-partis sont en train de prendre le pas sur les conflits, somme toute classiques, interpartis


Naïf celui qui croit qu’il y a des amitiés et des loyautés en politique. Tant à l’intérieur des partis,
qu’entre les partis, les uns sont à couteaux tirés avec les autres. Une telle ambiance n’est pas étrange à la vie politique, marquée partout par des luttes de clans, des rivalités et une forte conflictualité. Cette dernière période, les conflits intra-partis sont en train de prendre le pas sur les conflits, somme toute classiques, interpartis. Le phénomène est général et n’épargne aucune formation politique, même celles qui sont connues de ne pas laver leur linge sale en public, et qui ont coutume de régler leurs litiges dans le secret des institutions internes, loin de l’indiscrétion des médias.

Ennahdha, un ancien mouvement qui a connu tant d’avatars depuis sa naissance, et surtout depuis la révolution où il est passé de la clandestinité à l’activité légale, vit ce bouillonnement interne, dont l’issue est encore inconnue. Les tensions étaient dans l’air depuis son dixième congrès électif, où certaines voix se sont élevées pour contester la concentration de tous les pouvoirs entre les mains du cheikh et ont préconisé un bureau politique et exécutif élu pour que la prise de décision soit quelque peu collégiale et que le numéro un n’ait pas les mains libres de faire ce qu’il veut.

Cette position est notamment incarnée par Abdellatif Mekki qui prône l’amorce sérieuse d’une réforme interne du mouvement, notamment de sa direction afin qu’elle soit mieux représentative de la diversité en son sein. Abdelahamid Jlassi est du même avis, et plaide pour un amendement du règlement intérieur du mouvement afin de le faire passer de la culture de l’unanimité et du consensus l’ayant marqué pendant quarante ans, à une nouvelle culture reconnaissant la minorité, et garantissant ses droits et sa participation à la prise de décision. (Voir interview publiée sur les colonnes d’al-chourouk le 22 septembre).

Rached Ghannouchi est attendu sur cette réforme pour garantir l’unité de son parti, lui épargner la discorde et l’affaiblissement, et éviter que sa personne ne soit contestée et délégitimée.

Nidaa Tounes, le mouvement qui dirige le gouvernement d’union nationale, est confronté à une bataille interne persistante qui en menace la pérennité. Le mouvement fondé par BCE  enchaîne les crises depuis son avènement. Même s’il a réussi, après sa scission, à réduire l’écart avec Ennahdha à l’Assemblée en termes de nombre de députés, 67 contre 69, le parti n’en finit pas avec les affrontements, que le fils du président est accusé d’aiguiser.

Le président de la république dont l’autorité morale et le rôle dans l’ascension du mouvement, sont toujours reconnus, est tenu quelque peu pour responsable des agissements de son fils, c’est ce qu’il lui vaut reproches et critiques de ses anciens compagnons, et co-fondateurs de Nidaa.

Aussi, les nuages s’amoncellent-ils dans le ciel de l’opposition, particulièrement au sein du front populaire, ayant jusque-là donné l’image d’une entité soudée, s’agissant de former un bloc de refus contre les successifs pouvoirs en place depuis la révolution.

Hamma Hammami, figure emblématique de la mouvance communiste en Tunisie, et leader de la coalition d’extrême-gauche est contestée. Des critiques acerbes  lui ont été adressées lors de la dernière période par son camarade Mongi Rahoui, désapprouvant sa politique de rupture et de Niet permanent, dans la foulée du refus du front populaire de participer à l’initiative présidentielle de formation d’un gouvernement d’union nationale.

La nouvelle position de Rahoui lui a valu, ce mardi 27 septembre, l’honneur d’une rencontre avec le président à Carthage. Donnant l’air de se tenir à l’écart des disputes au sein de Nidaa, des conflits internes des partis, et des caprices du fiston, le chef de l’Etat cherche à préserver son image de fédérateur, en rassemblant les principales familles politiques autour du projet de sauvetage du pays, dont son partenaire de l’exécutif s’apprête à dévoiler les grandes lignes.
H.J.