Tunisie : BCE et les jeunes nahdhaouis, en chœur pour le dialogue

Publié le Mardi 13 Octobre 2015 à 17:47
Rencontre entre Béji Caïd Essebsi et les jeunes d'Ennahdha. Béji Caïd Essebsi a reçu ce mardi 13 octobre un groupe de jeunes du mouvement Ennahdha. Cette rencontre était une occasion au cours de laquelle les jeunes du mouvement ont exprimé leur soutien au processus politique, emprunté par la Tunisie après les élections, indique un communiqué de la présidence.

"Les jeunes d’Ennahdha ont exposé au chef de l’Etat leur vision sur les préoccupations et les souffrances des jeunes, du fait du chômage, et de la marginalisation, ce qui fait dévier certains et les entraîne dans la violence et l’extrémisme".

Ces dirigeants en herbe ont proposé au locataire de Carthage, de présider un dialogue national des jeunes rassemblant l’ensemble des sensibilités politiques, et traitant des problèmes des jeunes et leurs conceptions de la réalité du pays et son avenir.

Cette rencontre envoie un double-message tant du président que de ses hôtes.

Caïd Essebsi cherche à confirmer à travers cet échange sa politique d’ouverture et de consensus. Comme il l’a rappelé vendredi dernier lors de son allocution, à l’occasion de l’attribution du Nobel de la paix à la Tunisie, "il n’y a d’autre voie pour le pays que celle du dialogue et du consensus".

BCE se présente comme un président fédérateur de l’ensemble des Tunisiens, quelle qu’en soient les différences et l’appartenance politique ou idéologique.

Oubliées les rivalités du passé avec le mouvement islamiste, l’heure est maintenant à la cohésion et à la mise en commun des énergies et des efforts pour sortir le pays de l’ornière, dans l’esprit de la rencontre de Paris, ayant marqué le dégel entre les deux mouvements.

Cette politique présidentielle ne semble pas faire l’unanimité au sein de Nidaa Tounes, un mouvement dont il est le fondateur. L’idée d’une nouvelle majorité sans Ennahdha a été posée dernièrement par Mondher Belhaj Ali, même si personne, y compris dans son camp, ne lui a apporté un soutien franc. Toujours est-il que le rapprochement entre Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi en particulier, et entre les deux principales forces parlementaires, membres de la même coalition gouvernementale, et ce débat de concilier l’identité des uns est des autres, en se référant au legs d’Abdelaziz Thaâlbi, provoquent des grincements de dents, voire un rejet total au sein de Nidaa. 

Les jeunes nahdhaouis, eux, qui n’ont pas, selon toute vraisemblance donné leur voix à BCE lors des présidentielles, mais plutôt à son rival, Moncef Marzouki, sont venus lui exprimer leur appui, ainsi qu' à la voie consensuelle adoptée. Ils ne font ainsi que suivre la ligne tracée par leurs ainés du mouvement.

Leur initiative d’organiser un dialogue sous son égide s’inscrit dans le droit fil de la politique présidentielle, à laquelle le chef d’Ennahdha ne cesse d’exprimer sa bénédiction. Reste à voir les réactions des jeunes de Nidaa, vont-ils apprécier la démarche de ceux avec lesquels ils se sont longtemps étripés, par réseaux sociaux interposés ? Et vont-ils accepter de se faire voler la vedette auprès de celui qu’ils considèrent comme leur idole et chef charismatique ? 
Gnet