Tunisie : BCE a raison de prôner la non-ingérence, mais…

Publié le Lundi 05 Octobre 2015 à 18:14
Béji Caïd Essebsi a défendu le principe de non-ingérence au Caire. Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a plaidé au Caire la non-ingérence dans les affaires intérieures des pays. C’est un principe de légalité internationale, qui doit prévaloir entre pays frères et amis pour éviter problèmes et frictions, a-t-il prôné. Cette parole présidentielle s’apparente, par les temps qui courent, à un rêve irréalisable, voire à un idéal hors d’atteinte ; le principe de non-ingérence et le droit international censé le régir n’ont jamais été aussi foulés aux pieds. Si l’inverse était de mise, nous serions dans un monde moins belliqueux, et plus pacifié...

L’intrusion étrangère est à l’origine des tensions et des conflits qui secouent actuellement la région. De la Libye au Yémen, en passant par la Syrie et on en passe, toutes les guerres et les luttes intestines qui embrasent ces pays censés être indépendants et souverains ont été attisés par des parties étrangères, dans cette compétition qui n’a jamais été aussi rude pour étendre les zones d’influence des uns et des autres, et imposer un nouveau rapport de forces, où le leadership sera maintenu entre les mains des puissances traditionnelles. 

Aussi vieux que le temps, le principe d’ingérence a revêtu ces dernières décennies de nouvelles formes. Si le droit d’ingérence humanitaire a dominé la fin du 20ème siècle, c’est celui de l’ingérence au nom de la lutte contre le terrorisme qui devient la règle en ce début du 21ème siècle. L’occident s’en est servi comme alibi pour détruite des pays, ça a commencé avec l’Afghanistan par la guerre contre le terrorisme déclarée par Bush fils dans la foulée des attaques du 11 septembre, pour se poursuivre en Irak, où le même Bush junior, a monté de toutes pièces le scénario d’armes de destruction massive (ADM), qu’aurait détenu le défunt Saddam Hussein pour tuer à tour de bras, et détruire l’infrastructure, les richesses, et toute la civilisation que constituait l’ancienne Mésopotamie.

Le printemps arabe qui a mal tourné partout, excepté en Tunisie, était paradoxalement un facteur aggravant pour des peuples qui caressaient l’espoir de démocratie et de liberté, mais dont la situation a empiré après cette vague de changements politiques. 

Si la Libye est dans la situation où elle se trouve aujourd’hui, c’est qu’elle a été le théâtre d’une intervention de l’OTAN menée par la France de Sarkozy, pour soi-disant libérer le peuple du despotisme, et le débarrasser du défunt colonel. Une opération qui n’a fait que militariser la révolution libyenne, attiser les  affrontements fratricides, et plonger notre voisin du sud dans un chaos inextricable.

Idem pour la Syrie, ou tout a été fait en catimini au départ pour encourager les groupes armés, et en favoriser l’expansion jusqu’à la création de ce monstre appelé Daech, qui étend son hégémonie sur de larges parties de la Syrie et de l’Irak. Au nom de l’ingérence pour la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, une coalition arabo-occidentale, menée par les Etats-Unis, s’est constituée depuis août 2014, les résultats quant à combattre cette entité barbare sont, pour le moins que l’on puisse dire, maigres.  

Au fil des ans, l’ingérence brandie par le monde dit libre, pour la bonne cause et pour l’affranchissement des peuples du joug de la tyrannie, n’a pu mener que guerres, destructions, morts et blessés par milliers.

Le locataire de Carthage a tout a fait raison de défendre le principe de non-ingérence, vu l’ambleur de la destruction que son contraire entraîne, mais son discours restera, hélas, inaudible tant cette manière de faire est devenue monnaie courante, dans ce nouvel ordre mondial.

Quid de la Tunisie ? Certes le principe de non-ingérence reste une constante de notre politique étrangère, en l’affirmant au Caire, le président semblait vouloir écarter toutes les éventuelles accusations et montrer qu’il s’y attache. Mais, si la Tunisie ne s’ingère pas dans les affaires d’autrui, est-on certain que les autres pays ne s’immiscent pas dans les siennes.

Rien n’est moins sûr, certains discours tenus par nos partenaires notamment occidentaux prennent des airs d’ingérence, drapés de promesses d’aide et de soutien. On a comme l’impression que nos partenaires cherchent à fouiner le nez partout, au nom des liens d’amitié anciens et enracinés et de la volonté de les consolider davantage.
H.J.

 

Commentaires 

 
+1 #1 la vérité reniée
Ecrit par Royaliste     05-10-2015 19:40
la Tunisie est le 1er pays au monde par le nombre de mercenaires combattant en Syrie... ce n'est pas de l'ingérence?

qui a planifié l'envoi de ces jeunes? pourquoi ils ne sont pas inquiété?

Pourquoi vous 'oublier' d'en parler?

et puis, qui est le candidat a la présidentielle qui a reçu du financement de l'étranger?
 
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