Tunisie : Le gouvernement semble lever le pied sur le dossier des entreprises publiques !

Publié le Mardi 03 Avril 2018 à 16:40
Le gouvernement est-il en train de faire machine arrière sur les entreprises publiques, ou du moins de surseoir, ne serait-ce que d’une manière temporaire, à ce dossier qui suscite le courroux de la centrale syndicale, auquel elle dit opposer des milliers de lignes rouges, et qui serait derrière l’empressement syndical de réclamer un remaniement ministériel, qu’elle veut d’ampleur, pouvant même toucher un changement à la tête du gouvernement.

Le ministre chargé des réformes économiques à la Kasbah, Taoufik Rajhi, a tenté de montrer ce mardi 03 avril que le gouvernement n'était pas pressé en matière de privatisation des entreprises publiques. "Il n’y a sur la table du gouvernement, aucun programme pour privatiser une entreprise publique". "La cession de toute entreprise publique doit faire l’objet d’un conseil des ministres, puis envoyé au Centre arabe des recherches et de l’étude des politiques (CAREP), or, aucun dossier n’a été envoyé au centre, il n’y a que les dossiers anciens", a-t-il dit. 

Le ministre a fait la distinction entre les entreprises du service public, "où il n’y a pas de place pour le privé" ; "c’est une ligne rouge opposée par le gouvernement". Quant aux entreprises productives, "toutes les solutions sont posées", a-t-il souligné, préconisant un examen au cas par cas.

Croyez-vous peut-être que les acquéreurs se bousculent au portillon, a lancé le ministre, déplorant la situation difficile de ces entreprises. Toute éventuelle cession doit être précédée par une restructuration, a-t-il laissé entendre, histoire de tempérer les ardeurs syndicales, face à une UGTT qui déclare la guerre au gouvernement sur ce dossier, et qui est en train de chauffer ses troupes, en vue de la grande mobilisation anti-privatisation.

Ce discours tranche avec l’urgence affichée le 23 mars dernier par Youssef Chahed au parlement, selon lequel la cession des entreprises opérant dans le secteur concurrentiel est chose acquise. "L’Etat ne peut plus supporter le déficit des entreprises du secteur compétitif dont les pertes ont été estimées en 2016 à 6500 millions de dinars", avait-il affirmé, en s'efforçant de mettre en exergue l'aspect positif de la cession à même "de dégager des moyens supplémentaires pour financer l’économie".

Attentiste, le gouvernement décide de lever un peu le pied sur ce dossier, pour désamorcer les tensions avec la partie syndicale, a fortiori que son sort n’est pas encore scellé, étant suspendu aux conclusions du comité des experts chargé d’établir les priorités de la prochaine étape, et d’actualiser le document de Carthage.

Le comité qui a tenu une longue réunion, hier lundi 02 avril, a avancé sur certains dossiers liés au commerce parallèle et à la manière de l’intégrer dans l’économie formelle, à la lutte contre l’évasion fiscale et l’assainissement des finances publiques. Il poursuivra ses travaux demain mercredi, dans la perspective de rendre sa copie en fin de semaine, soit une feuille de route sur les priorités à mettre en œuvre d’ici 2019, pour sortir le pays de la crise.

Le rapport du comité d’experts devra être validé par les partis et organisations signataires du document de Carthage. C’est à eux qu’appartient, en définitive, la décision de maintenir, ou de changer le gouvernement dit d’union nationale, et de la date d’un éventuel remaniement, qui ne pourrait intervenir, le cas échéant et en toute logique, qu’après les municipales, prévues le mois prochain. A moins que le gouvernement actuel puisse convaincre qu'il est celui qui sied le mieux à la situation, et qu'il n'arrive à péremption qu'en 2019, année des grandes échéances électorales.

Gnet

 

Commentaires 

 
-1 #1 Pour ce qu'elles valent
Ecrit par Agatacriztiz     03-04-2018 17:05
Le Gouvernement est réaliste, en effet, il n'y a pas lieu de les privatiser, parce que personne n'en veut, elles sont invendables...
Alors vaut mieux laisser les investisseurs creer des concurrents privés modernes et performants pour peu à peu prendre le dessus sur des entités publiques aussi obsolètes qu'inopérantes qui finiront par fermer un jour ou l'autre pour cause de faillite...
Comme ça, même si on change mille fois de gouvernement, cette ligne de conduite réaliste concernant les entreprises publiques demeurera inchangée.
 
Ces commentaires n'engagent que leurs auteurs, la rédaction n'en est, en aucun cas, responsable du contenu.