Tunisie : Après le verdict du FMI, quelles priorités pour le gouvernement ?

Publié le Vendredi 04 Août 2017 à 13:55
Youssef Chahed et Christine Lagarde (Photo d'archives)A en croire le FMI, la Tunisie serait dans une zone grise. La situation est en train de s’améliorer lentement, mais le pays n’est pas encore tiré d’affaires ; des défis persistent requérant une confirmation des prémices de relance et des réformes structurelles. 

A l’issue d’une mission du 26 juillet au 3 août, le FMI confirme les prémices de reprise en Tunisie, et évoque "une amélioration lente des perspectives de l’économie tunisienne", mais fait part de la persistance des défis, à l’instar de la hausse de l’inflation, du creusement des déficits budgétaires, de la dépréciation du dinar, de l’accroissement de la dette publique (65% du PIB), et de la dette extérieure (73 % du PIB), de la lenteur de la création d’emplois, et des entraves structurelles aux exportations.

L’institution de Washington exhorte les autorités à éviter toute autre détérioration du déficit budgétaire, à maîtriser la masse salariale pour la faire passer de 14,1 % du PIB actuellement, à 12 % du PIB en 2020, et leur recommande notamment des réformes structurelles touchant l’amélioration du niveau de vie de l’ensemble de la population, la modernisation de la fonction publique, et la mise en place d’une instance anti-corruption efficace. Le FMI relève au passage le "vaste soutien public" à la politique anti-corruption du gouvernement. 

Le Fonds réitère quasiment les mêmes injonctions que celles exprimées dans ses précédentes missions, conditions sine qua non à la poursuite de son programme de soutien financier et technique à la Tunisie, au titre du mécanisme élargi de crédit MEDC.  

Rigueur budgétaire 

Le gouvernement sait ce qui lui reste à faire, c’est de s’atteler à mettre en exécution cette feuille de route économico-financière, et d’aller de l’avant en matière de réformes, avec une obligation de résultats, selon un échéancier déterminé. Il  aura ainsi à persévérer sur la voie de la lutte contre la corruption, une action appréciée par le fonds, et qui, plus est, un préalable pour le retour des investisseurs, pour lesquels l’assainissement du climat des affaires est un must afin qu’ils daignent s’installer dans nos contrées.

Il aura aussi à maintenir sa politique de rigueur budgétaire pour à la fois réduire l’effectif des fonctionnaires, et  donc agir sur la masse salariale pour la baisser de 2 points en trois ans, et permettre un début redressement des finances publiques, de manière à circonscrire les dérapages budgétaires. Il devra, de surcroît, tenter de tirer vers le bas l’endettement qui atteint un seuil redoutable, et lourd de conséquences pour les actuelles et futures générations. 

Toutes ces actions, ainsi que la confirmation des prémices de relance dans les secteurs du phosphate, du tourisme et de l’agriculture, sous-tendent que cette période est éminemment économique, chose qui nécessite une stabilité politique, et une continuité de l’action gouvernementale pour ne pas casser l’élan de cette légère embellie et rétablir la confiance auprès des bailleurs de fonds, des investisseurs et autres partenaires sur la capacité du pays à remonter la pente et sur son attractivité en tant que destination propice à l'entreprenariat et au capital national et étranger. 

Le pays se passerait volontiers des déclarations qui sont de nature à nourrir les  polémiques politiciennes et électoralistes à même d’envenimer le climat, de mettre à mal l’action du gouvernement, et d’élargir encore plus le gap entre les Tunisiens et la classe politique, ce qui est de nature à aggraver leur désaffection envers la politique, et donc à augmenter leur désertion des urnes, au scrutin local. La priorité est-elle aussi de focaliser tous les efforts sur les municipales de fin d’année, une échéance cruciale pour le pays. 

Quant à la présidentielle et aux législatives, leur date est encore lointaine, et il est inutile d’en faire dès à présent une obsession. Les Tunisiens sauront choisir le moment venu, sans tutelle, celui qui est le plus à même et le plus digne de veiller à leurs destinées.  
 
Gnet
 
 

Commentaires 

 
#1 Rien ne doit empecher
Ecrit par Tunisien     05-08-2017 10:47
Rien ne doit empêcher d’accélérer les actions qui mène notre pays vers le vert et la stabilité.
- Étouffer l'ignorance.
- Étouffer les malfaiteurs.
- Pas de raison pour un malfaiteur qui agit volontairement.
- La punition de un corrige mille personnes.
L'amour de la Tunisie doit être intégré automatiquement dans notre sang.
LA TUNISIE C'EST MA MÈRE ET PLUS.
 
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