Tunisie : Ansar Charia classée "organisation terroriste" (Ali Laâridh)

Publié le Mardi 27 Août 2013 à 14:18
Ali Laâridh.Le chef du gouvernement, Ali Laâridh, a annoncé ce mardi lors d’une conférence de presse, la décision de classer Ansar Charia comme "une organisation terroriste". Il a opposé une fin de recevoir à la démission du gouvernement, prévoyant un cabinet électoral lorsque le pays aura été préparé à la tenue des élections.

Des membres et dirigeants d’Ansar Charia ont été impliqués dans des actes de violence, d’incitation et de terrorisme en 2012 et 2013. Les investigations se sont poursuivies pour déterminer leur position au niveau de la direction de l’organisation, ainsi que la responsabilité de l’organisation dans la collecte et le stockage des armes, a-t-il dit d'emblée.

Après la collecte des preuves, et la saisie de plans et d’armes, et après des réunions sécuritaires au niveau du ministère de l’Intérieur, de la présidence du gouvernement et de la présidence de la République, il a été prouvé qu'Ansar al-Charia, une organisation illégale est impliquée dans les opérations terroristes en Tunisie  et est responsable des assassinats de nombre de symboles politiques dont Chokri Belaïd, Mohamed Brahmi, ainsi que de nos martyrs de l’armée, de la garde et de la sécurité nationales, a-t-il souligné.  
 
Cette organisation est responsable des réseaux de collecte et de stockage d’armes, de la planification d’autres assassinats et d’intrusions dans les postes de police et de l’armée, ainsi que de s’emparer du pouvoir, a-t-il ajouté.  Il s’est avéré également, après les aveux de ses membres arrêtés, que la structure de cette organisation, est à la fois militaire et civile. "L’organisation comprend une aile militaire et sécuritaire, dont certains membres ont été arrêtés et d’autres sont en cavale".  "La décision a été prise, après des réunions sécuritaires tenues les dernières semaines, de classer Ansar al-Charia comme une organisation terroriste, ce qui induit des conséquences sur les plans sécuritaire judicaire, médiatique et international. Mais le dernier mot appartient à la justice, sur la base des dossiers qui lui sont soumis" a-t-il indiqué en substance.

Cette décision a été prise sur la base des aveux, preuves et des objets saisis qui ne laissent aucun doute, a-t-il martelé,  annonçant que le ministre de l’Intérieur va tenir demain une conférence de presse pour donner plus de détails, et révéler des documents, des aveux et des enregistrements audio e vidéo afin d’éclairer l’opinion publique.  

Ali Laâridh a attiré l’attention sur ce qui découle de cette décision à compter de la date de cette annonce , "celui qui appartient, préserve ou appelle à cette organisation assumera sa responsabilité légale et judiciaire", a-t-il expliqué en substance.

Il a indiqué que la loi tunisienne donne de grandes chances (ndlr : de repentir) à celui qui "se retire spontanément de cette organisation et coopère avec la justice". Il a tenu à préciser "qu’on n’est pas en train de combattre une pensée, une doctrine, une certaine forme ou compréhension de la religion, même si on est en désaccord avec cette compréhension et ce projet. On est en train de criminaliser des actes, des crimes preuves à l’appui. Celui qui a des convictions, il peut les exercer dans le cadre démocratique en respectant les lois en vigueur, du moment où notre révolution nous a libérés du despotisme et nous a redonné nos libertés".

"On ne transigera pas avec le terrorisme, avec celui qui porte les armes devant la société et les institutions de l’Etat, a-t-il asséné, prédisant "une victoire sur le terrorisme".

Quatre propositions pour gérer la période actuelle
Le chef du gouvernement a évoqué la situation politique générale, deuxième axe de sa conférence de presse. La Tunisie est aux prises avec trois défis. Le premier est d’instaurer la sécurité et de lutter contre le terrorisme. Le deuxième est de développer l’économie et préserver les équilibres financiers, et le troisième est de couronner cette période transitoire par le parachèvement de la constitution, de la loi électorale et la tenue d’élections présidentielles législatives débouchant sur des institutions pérennes. Il a appelé à ne pas désespérer rapidement, car toute période de transition démocratique requiert des sacrifices et connait des soubresauts, invoquant les exemples des pays qui vivent des processus similaires, et qui sont confrontés aux mêmes problèmes, avec une acuité variable d’un pays à l’autre.  

Il a estimé que cette situation ne peut-être gérée avec un gouvernement d’expédition des affaires courantes, ajoutant que la démission du gouvernement actuel et la suspension des travaux de l’Assemblée nationale constituante ne sont pas dans l’intérêt du pays. "On ne considère pas que le maintien de l’ANC en état de paralysie serve le pays, dans la mesure où il entrave les projets de développement qui sont tributaires de l’adoption de projets de loi, 60 projets de loi attendent d’êtres débattus par l’assemblée". Il s’est inscrit en faux contre la mobilisation de la rue. "On ne considère pas que la rue est un moyen démocratique pour trancher les conflits. La méthode démocratique requiert que les différends soient aplanis au sein des institutions".

Le locataire de la Kasbah a fait quatre propositions en vue de la gestion la période actuelle.

Premièrement, le retour de l’ANC au travail intensif avec une feuille de route fixant des priorités claires, soit le parachèvement imminent de la constitution, l’installation de l’instance électorale et  l’élaboration du code électoral, des missions qui peuvent-être accomplies dans quelques semaines, à l’horizon du 23 octobre prochain. L’Assemblée nationale constituante doit continuer ses travaux en gardant toutes ses prérogatives, a-t-il prôné.

Deuxièmement, la présidence de la république doit poursuivre ses missions et continuer à abriter tout type de dialogue national et parvenir aux consensus, étant la présidence de tous les Tunisiens.

Idem pour le gouvernement qui doit continuer son travail jusqu’au parachèvement de cette période constitutive, en tant que gouvernement de tous les Tunisiens et non d’un parti, et c’est le troisième point. Il a indiqué que le gouvernement comprend 27 ministres et 10 secrétaires d’Etat. 60 % de ses membres sont des compétences indépendantes. Ennahdha dispose de 26 % de ministres et 10 % de secrétaires d’Etat.

Le quatrième point est le démarrage du dialogue national en vue de la formation d’un gouvernement électoral qui prendra ses fonctions lorsque l’ANC aura terminé son travail, et lorsque le pays aura été préparé à la tenue des élections vers la fin d’octobre, début novembre.

Ce gouvernement dont la principale mission est la préparation des élections doit être approuvé par le dialogue national. Celui-ci doit traiter de toutes les peurs et des garanties notamment internationales avec la participation souhaitée de dizaines de milliers d’observateurs afin que tout le monde soit rassuré que les élections se dérouleront sans falsification et dans la transparence, et la discipline, a-t-il fait valoir. 

Ali Laâridh se dit convaincu quant à notre capacité de démarrer l’organisation des élections législatives et présidentielles vers la fin de l’année, voire en janvier. "Rien n’empêche la Tunisie d’être comme la Suisse et les pays scandinaves, qui sont gérés d’une manière démocratique", a-t-il positivé.

En réponse aux questions des journalistes, il a indiqué que Seifellah Ben Hassine, alias Abou Iyadh, fait l’objet de poursuites et de mandats d’amener, se défendant de "tout calcul politique dans les affaires de sûreté nationale", en allusion au fait qu’il n’ait pas été arrêté en 2012 à la mosquée Fatah, "du fait du danger que représente l’opération à l’époque, selon l'appréciation de la police,  vu la densité du public sur les lieux".

Il a ajouté qu’"Ansar Charia a des liens avec AQMI et des personnalités terroristes".
Sur la démission du gouvernement, il a invoqué "la responsabilité nationale". "On ne peut pas permettre la paralysie du gouvernement, après la paralysie de l’ANC. Si la démission du gouvernement contribue à l’apaisement et au règlement des problèmes, je n’aurais pas hésité à le faire, a-t-il dit, appelant l’opposition à admettre les dangers actuels.

Gnet


 

Commentaires 

 
-1 #1 comique
Ecrit par Royaliste     27-08-2013 21:14
non ce ne sont pas des camps d'entrainement terroristes, ce sont des jeunes qui font du sport disait Ali Chevrotine de ses protégés .. aujourdhui le vent a tourné?
 
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